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La France bloque 7 GW de capacités EnR prêtes pour l’hiver

(Montel) La France bloque la connexion de 7 GW de capacités renouvelables pour des raisons politiques bien que le pays risque de manquer d’électricité cet hiver, selon des analystes et lobbies industriels.

Les capacités éoliennes et solaires, équivalentes à huit réacteurs nucléaires de 900 MW, sont bloquées alors que la France s'apprête à rouvrir une centrale au charbon pour combler un éventuel déficit d'approvisionnement.

Les capacités en attente de raccordement d’énergie solaire et éolienne terrestre, s’élèvent à 3 GW et 4 GW, respectivement, selon les derniers chiffres du ministère de la Transition énergétique et de France Energie Eolienne (FEE).

Les développeurs de ces projets ont déjà signé des contrats de raccordement avec le gestionnaire de réseau et les projets son purgés de tout recours juridiques, selon eux.

Néanmoins, il faudrait « un branle-bas de combat » de la part du gouvernement et une « véritable volonté politique » pour que les travaux de raccordement au réseau de transport de l’électricité soient réalisés avant l’hiver, explique un porte-parole de FEE.

« Le blocage est politique, ce sont les préfets qui ne veulent pas [donner d’autorisations] pour des raisons d’acceptabilité sociale », souligne Phuc-Vinh Nguyen, chercheur sur les politiques de l'énergie européenne et française à l’institut Jacques Delors.

Pour M. Nguyen, le président Emmanuel Macron, la Première ministre, Élisabeth Borne, et la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, « doivent donner l’ordre aux préfets de lever ces blocages en urgence ».

« Nous ne sommes pas dans une situation où on peut faire la fine bouche, dit-il. Il faut utiliser toutes les capacités possibles. »

Aux yeux de la FEE, le blocage dans le déploiement des énergies renouvelables est essentiellement « politique » et « électoraliste », M. Macron cherchant à séduire un électorat de droite, pro-nucléaire et anti-éolien, explique le porte-parole.

Potentielles pénuries

Ces blocages interviennent dans un contexte où de nouvelles capacités de production sont nécessaires pour face à de potentiels risques de pénuries d’électricité cet hiver en raison de la guerre en Ukraine et des faibles capacités nucléaires et hydroélectriques. 

M. Nguyen dénonce « l’inertie » du premier quinquennat d’Emmanuel Macron sur ces sujets. « Et on en revient aux centrales à charbon alors qu’on a 20 GW en attente, dont 7 GW qui ont déjà une convention de raccordement avec RTE », déplore-t-il.

Lundi, le ministère de la Transition énergétique a annoncé qu’il souhaitait rouvrir cet hiver la centrale à charbon Émile Huchet 6 (595 MW) pour éviter d’éventuels délestages. 

En mai, le Syndicat des énergies renouvelables (SER) a dénoncé « des quasi-doctrines locales qui se développent de la part de certains préfets » pour freiner le développement de l’éolien terrestre et le solaire. 

Contacté, le ministère de la Transition énergétique n’a pas répondu aux questions de Montel.