LETTRE DE BRUXELLES
Si l’on assiste en néophyte aux séances plénières du Parlement européen, on peut croire que les eurodéputés jouent un rôle important en matière de politique étrangère. Au sein de l’hémicycle strasbourgeois, ils débattent et votent, chaque mois, des textes sur des sujets aussi variés que les droits de l’homme en Chine, la liberté de la presse au Maroc ou encore la corruption au Liban.
Mais cette hyperactivité législative n’a qu’une portée limitée, qui peut souvent se résumer à l’écho qu’elle a (ou pas) dans le débat public. De fait, les « résolutions » que les élus adoptent à la chaîne n’ont aucune valeur contraignante. Elles leur permettent surtout d’exister sur un terrain où le Parlement européen n’a que peu de prérogatives.
Très attachés à leur souveraineté, les Etats membres de l’Union européenne (UE) ont fortement circonscrit, dans les traités, le rôle des institutions communautaires, et plus encore de Strasbourg, sur la scène extérieure. L’institution peut être informée, voire consultée, elle peut auditionner des responsables ou formuler des recommandations mais elle est rarement associée aux décisions qui ont à voir avec les affaires étrangères ou la défense. Elle n’a même pas de rôle protocolaire dans la représentation externe de l’UE.
Ce n’est pas de chance car « il existe [au Parlement européen] une proportion significativement plus importante que dans les parlements nationaux d’élus intéressés par les affaires internationales », pointe Isabelle Marchais, dans un rapport sur le « Parlement européen soucieux de renforcer son rôle sur la scène internationale », publié par l’Institut Jacques Delors en février. Avant de poursuivre : « face au fossé entre leur désir d’agir et les strictes limitations institutionnelles », les eurodéputés fans de politique étrangère peuvent développer un « sentiment de frustration ».
Roberta Metsola très présente sur la scène extérieure
Qu’importe, ils s’activent, comme en témoignent leurs nombreux voyages partout dans le monde, les quarante-cinq délégations entre l’UE et des pays tiers qui structurent leurs relations en dehors du Vieux Continent, ou encore ces groupes d’amitié informels qui se forment et se déforment au fil des législatures. D’ailleurs, la commission parlementaire des affaires étrangères, qui se réunit à Bruxelles, est l’une des plus prisées des eurodéputés – lieu de prestige, donc, plus que d’efficacité – et les anciens chefs d’Etat ou de gouvernement et ministres en tous genres y sont surreprésentés.
Il vous reste 61.37% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.