Les 6 et 7 mars, à Bucarest, à l’occasion du congrès du Parti populaire européen (PPE), la présidente de la Commission de l’Union européenne (UE), Ursula von der Leyen, sera officiellement sacrée candidate des droites européennes à sa propre succession. Alors que le poste sera renouvelé après les élections européennes, prévues du 6 au 9 juin, elle n’a pas attendu cette intronisation pour entrer en campagne.
Pour être reconduite, Ursula von der Leyen doit d’abord être nommée, à la majorité qualifiée, par les dirigeants des vingt-sept Etats membres de l’UE, qui doivent choisir une personnalité issue des rangs du parti politique arrivé premier au lendemain du scrutin, fort probablement le PPE. La candidate devra ensuite être investie par au moins 361 des 720 nouveaux élus du Parlement européen.
Le chemin est escarpé, mais Ursula von der Leyen l’a prouvé, elle sait être pragmatique. « Elle est élastique », résume joliment Sébastien Maillard, de l’Institut Jacques Delors. Ces derniers mois, en effet, l’ex-ministre d’Angela Merkel n’a pas hésité à opérer des virages sur l’aile lorsque cela pouvait servir la poursuite de sa carrière.
Détricotage du Pacte vert
De plus en plus impopulaire en Europe, le Pacte vert, dont elle a fait une priorité de son premier mandat, pourrait ne pas y survivre. Face au PPE, qui le honnit, et à de nombreux chefs d’Etat et de gouvernement, au premier rang desquels le président Emmanuel Macron, qui demandent « une pause », Ursula von der Leyen se montre désormais très compréhensive. Elle a même, doucement, commencé à le détricoter et envisage, pour désamorcer la colère des agriculteurs européens, d’alléger les contraintes environnementales de la politique agricole commune.
Plus que jamais, Ursula von der Leyen navigue à vue, au gré des enquêtes d’opinion. Même sur l’élargissement de l’UE à l’Ukraine, qu’elle a défendu avec conviction dès l’invasion de la Russie, mais auquel les citoyens européens sont largement hostiles, on la voit maintenant tergiverser.
Avant tout, Ursula von der Leyen travaille à sa reconduction. Mais, ce faisant, elle « met la Commission en mode campagne », constate Sébastien Maillard, elle l’embarque dans son combat. Car, à la tête de l’institution, où elle peut décider de porter tel agenda, d’abandonner certains projets législatifs, d’en lancer d’autres, elle intervient aussi dans la campagne pour les élections européennes. Ursula von der Leyen « devrait veiller davantage à la neutralité lorsqu’elle est à la fois présidente et candidate », a confié le haut représentant Josep Borrell au quotidien espagnol El Pais, le 26 février.
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