Publicité

La réforme du marché de l'électricité continue de diviser les pays européens

Actuellement, le gaz contribue à fixer le prix global sur le marché commun de l'électricité (photo d'illustration).
Actuellement, le gaz contribue à fixer le prix global sur le marché commun de l'électricité (photo d'illustration). netsay / stock.adobe.com

La France appelle à un découplage des prix de l'électricité et du gaz. Mais l'initiative remporte peu de succès auprès des autres pays membres.

Le débat s'enlise, les divisions ne s'atténuent pas entre Européens. « Aucun consensus n'a émergé sur ce qui doit être fait au niveau de l'UE », lors de réunion des ministres de l'Énergie convoquée mardi à Luxembourg, selon la commissaire européenne Kadri Simson. L'ordre du jour prévoyait pourtant d'étudier de possibles nouvelles mesures communes face à la flambée des prix de l'énergie.

Sur les dispositifs de court ­terme, rien de nouveau donc. La grande majorité des ministres ont salué la « boîte à outils » proposée par la Commission européenne qui inclut des bons (ou chèques) aux plus vulnérables ou la réduction des taxes. Dix-neuf pays ont déjà mis en place ou annoncé des mesures dans cette ligne. Insatisfaite, l'Espagne continue de clamer l'urgence et exige des solutions extraordinaires rapides. Elle demande un plafonnement des prix du gaz et de sortir d'une fixation des prix par le marché, en cas de situation exceptionnelle. Pas certain que ce soit une « meilleure alternative », répond la commissaire à l'Énergie.

À moyen et long termes, seul le besoin d'indépendance et de sécurité énergétique génère la concorde. Sur les chemins à emprunter, partisans et opposants d'une révision des règles du marché de l'énergie s'opposent frontalement. Les idées sur la table sont connues : l'achat conjoint de gaz naturel, la constitution d'une réserve stratégique de gaz (prévue dans certains pays seulement) et la révision du marché de l'énergie afin de découpler le prix de l'électricité de celui du gaz.

Aujourd'hui, sur le marché de gros, le prix s'aligne sur la centrale appelée à produire en dernier, pour satisfaire, chaque jour, la demande d'électricité. On appelle en dernier le moyen de production le plus cher, qui est actuellement le gaz. Sur ce point, la France a raison de poser la question, juge le commissaire européen au Marché intérieur, Thierry Breton. De leur côté, la Pologne et la République tchèque blâment le système de quotas de carbone (ETS) et ont ­obtenu que son fonctionnement soit étudié, en vue d'éventuelles mesures d'ajustement.

Bloc de neuf nations

« Nous ne devons pas nous précipiter dans des solutions rapides », interpelle Kadri Simson, qui ne ­cache pas son scepticisme. Elle pointe des « risques pour la prévisibilité du marché, la compétitivité et notre transition énergétique » ainsi que la « sécurité de l'approvisionnement ». La commissaire estonienne compte sur le soutien d'un groupe de neuf pays (Allemagne, Luxembourg, les pays baltes et nordiques), qui ont marqué, dans une déclaration commune au ton particulièrement dur, leur opposition à toute réforme du marché de l'électricité. La Suède n'est pas ­signataire mais s'aligne avec les positions, explique un diplomate.

Quant à la place du nucléaire dans la taxonomie (la définition des activités « vertes »), défendue par la France, le ciel s'éclaircit sensiblement. Il n'y a jamais eu autant de pays favorables, disait Emmanuel Macron la semaine passée, après le sommet des Vingt-Sept. Le débat relève de « l'agitation politique », ce qui fait perdre du temps, regrette Thomas Pellerin, directeur du centre énergie de l'Institut Jacques Delors. Il pointe l'absence de proposition concrète de Paris pour réformer le marché de l'énergie ainsi que l'absence de discussions sur les directives pour les réformes des bâtiments et l'éco-design (construction écologique), « extrêmement importantes », que la Commission doit présenter d'ici à la fin de l'année.

Pas d'évolution dans les ­prochains jours ni semaines, ­reconnaît un diplomate. Il faudra patienter au moins jusqu'à ­décembre avant la présentation par l'exécutif européen de son « paquet » sur la décarbonisation des marchés du gaz et une ­décision sur la taxonomie

À VOIR AUSSI - Soutien financier, énergie verte, baisse des taxes: les mesures de l'UE pour faire face aux prix de l'énergie


Faute de gaz russe, la Moldavie achète polonais

Pour la première fois, la Moldavie se tourne vers un autre fournisseur de gaz que la Russie. Elle a signé un contrat d'achat avec la Pologne. Chisinau reproche à Moscou des livraisons réduites et des prix trop élevés. Le geste est très politique de la part de la première ministre, Natalia Gavrilita, proeuropéenne.

Ce petit pays de 2,6 millions d'habitants, coincé entre l'Ukraine et la Roumanie, recevait jusqu'ici son gaz russe via la Transnistrie, cette étroite langue de terre tenue par des séparatistes prorusses. Un porte-parole de la Commission européenne a déclaré prendre cette affaire au sérieux, être prêt à fournir une aide financière à la Moldavie et à étudier les alternatives pour fournir du gaz.

La Pologne, elle-même importatrice de gaz, en revendant à la Moldavie, saisit une occasion de souligner les risques de la dépendance au gaz russe.

La réforme du marché de l'électricité continue de diviser les pays européens

S'ABONNER
Partager

Partager via :

Plus d'options

S'abonner
138 commentaires
  • mamiekéké

    le

    Ha oui c'est l'Europe.

  • jack cuze

    le

    Magnifiques escroqueries en vue....

  • JOEL VELASQUE

    le

    Il va devenir plus rapide de faire la liste de ce qui peut encore servir de façade lézardée à la maison Europe...

À lire aussi