La relance de l’Europe et du monde ?

Gérer le virus dans l'Union Européenne. ©Getty - © Anton Petrus / Coll. Moment
Gérer le virus dans l'Union Européenne. ©Getty - © Anton Petrus / Coll. Moment
Gérer le virus dans l'Union Européenne. ©Getty - © Anton Petrus / Coll. Moment
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La crise sanitaire est internationale. Mais sera-t-elle l’occasion d’une relance des relations et des institutions internationales ? C’est une question centrale du moment que nous vivons. Et l’Europe en est déjà un test majeur.

Avec
  • Nicole Gnesotto Vice-présidente de l’Institut Jacques Delors, professeur émérite au Conservatoire national des arts et métiers
  • Samantha Besson Professeure de droit au Collège de France et spécialiste du droit international public

Il y a un plan de relance économique, mais y a-t-il aussi une relance politique ? Comment se traduit-il dans les institutions ? Il se peut qu’il y ait vraiment une relance profonde, au-delà de l’économie même. Il se peut que les institutions se définissent maintenant par la solidarité, par leur « diligence » à agir. Mais si c’est le cas, pourquoi ne le dit-on pas ? N’est-ce pas un changement historique ? Va-t-il assez loin ? Samantha Besson, qui vient de prononcer la Leçon inaugurale de sa chaire sur le droit international au Collège de France, et Nicole Gnesotto qui est titulaire de la Chaire européenne du CNAM, sont aux avant-postes de ce débat crucial pour le monde entier et pour l’avenir.   

Avec Samantha Besson, professeure de droit international public et européen, titulaire de la chaire "Droit international des institutions" au Collège de France, et Nicole Gnesotto, historienne, experte des questions européennes et internationales. Professeure au Conservatoire national des arts et métiers, et membre du conseil d'administration du think tank "Notre Europe".

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(A propos de la pandémie) Effectivement, le citoyen, tout un chacun, attend quelque chose que l'Europe ne peut pas donner. Et malheureusement, nous l'avons vu et vécu assez difficilement. [...] Et la raison est très simple, c'est que la compétence dans le domaine de la santé est très pauvre, [...] comme d'ailleurs la compétence dans le domaine social, en général. Ce que la crise révèle, c'est un manque de compétences sociales et surtout une crise du politique européen. Samantha Besson

Pour tout ce qui concerne la responsabilité sur la vie et la mort des citoyens, seuls les gouvernements élus par les citoyens sont responsables. Les Etats n'ont jamais voulu que les institutions européennes aient, par délégation, un rôle sur cette question. [...] En matière de santé, la précédente commission avait comme budget sur les sept années de mandature, à peu près 450 millions d'euros, soit 2 euros par personne par an ! (moins que la Recherche). Nicole Gnesotto

Après le Covid, si tant est qu'il y ait un après Covid, les États membres ne vont pas créer une Europe de la santé au sens où il y a une Europe monétaire. Je n'y crois pas une seconde. En tout cas, on ne va pas déléguer à la Commission la responsabilité de la vie et de la mort des citoyens, mais on va demander à la commission, en revanche, en tout cas je l'espère, d'anticiper sur les futures crises sanitaires, de créer peut-être ce que j'appelle moi une espèce de banque sanitaire européenne, c'est à dire d'avoir des stocks de vaccins, d'hôpitaux de campagne, de matériels médicaux, d'hélicoptères sanitaires... Nicole Gnesotto

On n'a pas eu de grande guerre (ndlr : depuis la création de l'UE). On n'a pas de grandes crises qui nous soudent et donc on cherche ce moment constitutionnel, qui soude, ce moment solidaire. Et finalement, si l'Europe et les Européens ne considèrent pas la crise actuelle comme un moment qui soude, comme constitutionnel, il est difficile pour moi d'en imaginer un autre. Samantha Besson

La Commission et la Banque centrale ont été compétentes et puissantes sur le plan économique, avec le plan de relance des 750 milliards d'euros pour aider les entreprises et les Etats en difficulté, ce qui est un effort absolument considérable, avec un endettement commun. [...] C'est un pas majeur, mais ça n'est absolument pas une solidarité politique. Ce n'est absolument pas le passage à une Europe de la santé. Pas du tout. Et donc, je crois que les Etats membres vont garder leurs compétences. L'Union européenne va rester compétente pour ce qu'elle est, [...] mais quant à démarrer une intégration politique par le biais de la santé, les Etats ne le souhaitent pas. Nicole Gnesotto

Il faudrait que l'Europe soit une Europe politique, une Europe sociale. Il faut que les institutions européennes arrêtent de s'intéresser uniquement aux consommateurs, qu'elles commencent à s'intéresser aussi aux citoyens. Donc, l'Europe sociale, c'est vraiment un impératif presque catégorique pour l'Union européenne. Nicole Gnesotto

Les villes sont une de ces nouvelles institutions par lesquelles nous nous représentons, nous nous exprimons sur le plan international, parce que nos Etats ne nous représentent pas suffisamment, parce qu'ils ne sont pas suffisamment démocratiques ou simplement parce que nous n'avons pas les moyens de contrôler leur politique extérieure. [...] La ville, c'est quelque chose de plus proche des gens et donc ça doit nous interroger : "Pourquoi ces nouvelles institutions aujourd'hui, qui concurrencent les Etats, qui parfois essayent d'imposer ou de contrer l'agenda international des Etats, sur le climat, sur la santé, sur la discrimination entre hommes et femmes et plein d'autres thèmes brûlants du droit international ?" Samantha Besson

Pour en savoir plus 

La page et le CV de Samantha Besson sur le site du Collège de France. 

Texte de Samantha Besson : "Que fait l'Europe ?" (site de la Fondation du Collège de France, 22 avril 2020).

La page et les publications de Nicole Gnesotto sur le site de l'Institut Jacques Delors. 

Une vidéo d'entretien avec Nicole Gnesotto "L'Europe face à la crise" (site de l'UNSA Education).

Choix musicaux 

Choix de Nicole Gnesotto : "Thème de Yumeji" composé par Shigeru Umebayashi - Album : "Yumeji" (2013). Extrait de la B.O. du film "In the mood for love" réalisé par Wong Kar-Wai, sorti en 2000.

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Choix de Samantha Besson : "Hymne à la joie" (dit "Hymne européen"), composé par L.V. Beethoven, chanté a capella et en différentes langues par Matthieu Cabanes, ténor, et Alexandra Gouton, soprano, tous deux du choeur de Radio France.

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