La Slovénie a pris, jeudi 1er juillet, la présidence tournante du Conseil de l’Union européenne (UE) pour une durée de six mois, sur fond de tensions entre les institutions communautaires et le premier ministre, Janez Jansa, sur des sujets relevant du respect de l’Etat de droit. Le récent sommet des chefs d’Etat et de gouvernement européens à Bruxelles, les 24 et 25 juin, a été symptomatique de cette passation. Alors que les Vingt-Sept ont longuement débattu de la loi hongroise sur « la protection de la famille », qui assimile l’homosexualité à de la pédophilie, seuls les premiers ministres polonais et slovène ont défendu Budapest. M. Jansa, proche de Viktor Orban, était le plus virulent.
La Commission n’a lancé aucune procédure d’infraction contre la Slovénie pour des sujets relatifs aux libertés. Elle pourrait cependant le faire sous peu dans le dossier du nouveau parquet européen. Le gouvernement slovène n’a, en effet, pas nommé les deux procureurs nationaux qu’il doit y envoyer, entravant dès lors l’action de ce dernier. Le parquet n’est dès lors pas en mesure d’enquêter – sur l’usage des 2,5 milliards d’euros qui seront versés à Ljublijana dans le cadre du plan de relance, notamment.
Vivement critiqué par la chef du parquet européen, Laura Kövesi, M. Jansa a jugé les propos de cette dernière « trop politiques ». Affirmant lui-même que les intéressés seraient liés à l’ancien régime communiste, il promet toutefois une solution pour l’automne et invoque des raisons de procédure qui empêcheraient la nomination des magistrats. Selon l’association slovène des procureurs, ceux-là ont en fait été écartés en raison de leur implication dans des enquêtes pour abus de pouvoir et pour corruption qui concernent M. Jansa.
Quant à la décision du gouvernement, prise au début de l’année, de couper les vivres à l’agence de presse nationale STA parce qu’elle irait à l’encontre de sa ligne politique, l’exécutif communautaire n’a aucun moyen de la contester. La présidente de la Commission, Ursula von der Leyen a appelé jeudi 1er juillet M. Jansa à « trouver une solution rapide ». Le premier ministre a dit « espérer » régler ce problème « bientôt », regrettant « des complications totalement inutiles ».
Appel pour la liberté de la presse
De manière plus générale, la Slovénie a multiplié, ces derniers temps, les décisions ayant pour conséquence de réduire la liberté de la presse. Six organisations internationales, dont Reporters sans frontières, ont signé récemment un appel à rétablir cette dernière, tout en disant redouter que le gouvernement slovène ne profite de ces six mois de présidence pour l’entraver.
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