La Suède prend la présidence tournante de l’Union européenne

Le très jeune gouvernement d’Ulf Kristersson présidera pour les six prochains mois les réunions des Vingt-Sept et succède à la République tchèque.

La priorité de la Suède durant sa présidence est notamment de maintenir l’unité des Vingt-Sept sur l’Ukraine face à l’agression russe. Kenzo TRIBOUILLARD / AFP
La priorité de la Suède durant sa présidence est notamment de maintenir l’unité des Vingt-Sept sur l’Ukraine face à l’agression russe. Kenzo TRIBOUILLARD / AFP

    Après Prague, vient le tour de Stockholm. La Suède a pris ce dimanche et pour six mois la présidence tournante de l’Union européenne, succédant à la République tchèque.

    Formé mi-octobre, le nouveau gouvernement suédois devra d’abord surmonter les interrogations sur l’impact de son alliance sans précédent avec les nationalistes des Démocrates de Suède (SD), grands vainqueurs des législatives de septembre. Après huit ans de gauche au pouvoir, le Premier ministre conservateur Ulf Kristersson dirige une coalition composée de son parti des Modérés et ses alliés traditionnels, les Chrétiens-démocrates et des Libéraux.

    « Il y a beaucoup de jolis mots quand on lit l’article du Premier ministre sur les priorités de la présidence suédoise de l’UE. Mais l’inquiétude est grande quand, en pratique, ce sont les SD qui tiennent le bâton », affirme Heléne Fritzon, eurodéputée des Sociaux-démocrates, désormais premier parti de l’opposition de gauche.

    Au-delà de la « compétitivité économique », les priorités de la Suède durant sa présidence sont de maintenir l’unité des Vingt-Sept sur l’Ukraine face à l’agression russe, le climat, et la défense des « valeurs fondamentales », en réponse notamment aux mesures controversées prises par la Hongrie et la Pologne.

    Un rapport « distant avec l’Europe »

    La Suède, qui ne fait pas partie de la zone euro, « garde un rapport assez distant avec l’Europe », souligne Sébastien Maillard, directeur de l’Institut Jacques Delors, qui prédit une présidence tournante qui « accomplira son devoir » mais « ne fera pas de zèle » et « n’aura pas un rôle d’impulsion ».

    Si certains profitent de l’occasion pour mettre leur pays en pleine lumière sur le continent, le pays nordique a opté pour une forme de retenue. Contrairement aux deux dernières présidences, française et tchèque, marquées par des sommets de chefs d’État à Versailles et à Prague, aucune grand-messe n’est prévue dans le pays. Quant aux réunions ministérielles, elles auront lieu dans un modeste centre de conférence voisin du principal aéroport de Stockholm.

    La présidence suédoise coïncide en effet avec l’entrée en vigueur aux États-Unis de l’Inflation Reduction Act (IRA). Ce plan de 420 milliards de dollars, largement consacré au climat, revêt aussi un caractère protectionniste dénoncé avec vigueur par le président français Emmanuel Macron lors d’un récent déplacement à Washington.

    Avec des aides exceptionnelles réservées aux firmes implantées outre-Atlantique, il entraînera « des distorsions de concurrence aux dépens des entreprises de l’UE » selon les termes de Thierry Breton, commissaire européen au Marché intérieur.

    « Stockholm va devoir gérer les tensions entre les Vingt-Sept sur le degré de riposte et d’agressivité » de l’UE face au plan américain, commente Sébastien Maillard, soulignant que le Conseil des ministres franco-allemand, prévu le 22 janvier à Paris, pourrait envoyer un signal fort sur ce dossier.