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L’accord sur le nucléaire d’EDF est ingérable – analystes

(Montel) Le projet du gouvernement français et d'EDF de vendre la production nucléaire à EUR 70/MWh en moyenne à partir de 2026 est irréalisable en raison de la récente chute des prix à terme de l'électricité, ont déclaré des analystes à Montel.

« Malheureusement, [l'accord] ne fonctionne pas, c'est comme si j'essayais de vous vendre quelque chose à EUR 100, alors que vous pourriez l'acheter à EUR 70 ailleurs, vous n'allez pas me l’acheter », a affirmé Emeric de Vigan, vice-président pour l'électricité chez Kpler, jugeant que « tout doit être réécrit ».

Vendre à EUR 70/MWh est désormais une « chimère » selon Clément Bouilloux, directeur France de la société d’analyse de Montel, EnAppSys.

« L’accord a été conçu que pour protéger les consommateurs contre les prix élevés, mais pas le producteur contre les prix bas », a-t-il ajouté.

Gaffe d'EDF ?
Selon M. Bouilloux, l'impression donnée est qu'EDF n’avait pas envisagé que les prix du marché puissent baisser.

Lors de l’annonce de l’accord avec le gouvernement en novembre, les prix de l'électricité pour 2026 étaient d'environ EUR 100/MWh. Depuis, le Cal 26 est descendu jusqu'à EUR 57,50/MWh et s’est échangé pour la dernière fois à EUR 66,48/MWh, tandis que le Cal 27 s'est négocié dernièrement à EUR 64/MWh.

Actuellement, EDF vend 100 TWh, soit un peu plus d'un tiers de sa production nucléaire annuelle, à ses concurrents à un prix fixe de EUR 42/MWh dans le cadre de l’Arenh. La nouvelle régulation doit remplacer le mécanisme, qui expire en 2026.

EDF a affirmé viser vendre sa production nucléaire à un prix moyen de EUR 70/MWh par le biais de contrats d’allocation de production nucléaire (CAPN) de long terme avec des industriels, d'enchères pour des contrats pour livraison en 2028 et 2029 et d'une taxe sur les revenus du marché.

Toutefois, pour être compétitive, l'entreprise devrait proposer les CAPN avec une décote d'environ 20% par rapport aux prix du marché, de sorte que même si les prix de gros étaient de 70 EUR/MWh, il serait difficile de signer des CAPN à ce prix, a déclaré Alexis Gléron, directeur chez Augmented Energy, une société de services énergétiques.

Une révision en cours ?
« Une révision de l’accord ne m’étonnerait pas », affirme quant à lui Phuc Vinh Nguyen, chercheur au sein de l’Institut Jacques Delors.

« Je ne sais pas si ce sera sur l'hypothèse de prix par exemple ou un changement de braquet (comme un contrat pour différence), mais en tout cas, il me semble de plus en plus compromis que l’accord reste intact en tant que tel ».

Ceci est la première partie d’un article en deux volets consacré à l’accord sur le nucléaire.

Reportage additionnel par Sophie Tétrel.