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Novak Djokovic s’exprime sur le Kosovo : un message « pas approprié » selon la ministre des sports, le tournoi de Roland-Garros joue l’apaisement

« Le Kosovo est le cœur de la Serbie ! Arrêtez la violence », a écrit le joueur serbe sur la caméra du court Philippe-Chatrier, alors que le nord du Kosovo est le théâtre d’affrontements entre manifestants serbes et forces de l’OTAN.

Le Monde

Publié le 31 mai 2023 à 09h15 (republication de l’article du 30 mai 2023 à 17h44)

Temps de Lecture 3 min.

Le Serbe Novak Djokovic sert l’Américain Aleksandar Kovacevic lors de leur match de simple masculin, le deuxième jour de l’Open de tennis de Roland-Garros, sur le court Philippe-Chatrier à Paris, le 29 mai 2023.

« Косово је < 3 Србије ! Стоп насиљу. » A l’aide d’un marqueur blanc, le joueur de tennis serbe Novak Djokovic a écrit sur l’objectif d’une des caméras du court Philippe-Chatrier cinq mots en lettres cyrilliques et dessiné ce qui ressemble à un cœur, après avoir gagné le premier tour de Roland-Garros (6-3, 6-2, 7-6), lundi 29 mai. Deux phrases que l’on pourrait traduire par « Le Kosovo est le cœur de la Serbie ! Arrêtez la violence. » Cette sortie du numéro 3 mondial intervient alors que le nord du Kosovo est le théâtre d’affrontements entre manifestants serbes réclamant le départ de maires albanais, forces de l’ordre et membres de la force internationale emmenée par l’OTAN.

Et ce n’est pas la première prise de position politique du Serbe : « Nous sommes prêts à défendre ce qui nous appartient », lançait-il déjà en 2008, lorsque le Kosovo avait déclaré son indépendance. La Serbie vit « un des moments les plus difficiles de son histoire », avait-il estimé. « La phrase de Djokovic n’est pas une surprise, décrypte Lukas Macek, chercheur à l’Institut Jacques-Delors, interrogé par l’Agence France-Presse. Novak est quelqu’un qui a des liens par rapport à certains milieux nationalistes serbes, et ses positions vont souvent dans le sens des nationalistes. »

« C’est un sujet très sensible. En tant que Serbe, je suis très touché par les événements au Kosovo et par la manière dont notre peuple a été expulsé des municipalités », s’est justifié le tennisman lors de la conférence de presse d’après-match en serbe, retranscrite par la Radio-télévision de Serbie. « Je suis le fils d’un homme né au Kosovo et une personnalité publique, je sens une responsabilité supplémentaire et le besoin de donner mon soutien à toute la Serbie. »

La star serbe a ajouté : « [En cas de sanction], je n’aurais aucun regret et je le referais parce que ma position là-dessus est très claire. Je suis contre la guerre, contre la violence, contre toute sorte de conflit et je l’ai toujours exprimé publiquement ».

« Des messages passés aux joueurs concernés »

La ministre des sports, Amélie Oudéa-Castéra, a estimé mercredi que le message de Novak Djokovic n’était « pas approprié ». Interrogée sur France 2, la ministre, ex-directrice de la Fédération française de tennis (FFT), a déclaré qu’« il ne faut pas que cela recommence », taxant ce message de « militant » et de « très politique ».

La Fédération de tennis du Kosovo a jugé l’acte du joueur « profondément regrettable », appelant les sportifs à « travailler pour la paix et de s’abstenir d’abuser de leur position dans le sport à des fins politiques », a déclaré l’instance dans un communiqué.

Du côté français, la directrice du tournoi de Roland-Garros, Amélie Mauresmo, a réagi avec prudence sur Twitch. « Là, on attend de voir ne serait-ce qu’une traduction exacte (…), car on a plusieurs versions qui nous remontent (…). On va voir. Et lui parler pour savoir ce qu’il a vraiment voulu dire. Pas de précipitation (…). On va juste poser les choses », a-t-elle tempéré.

Mardi soir, dans un communiqué sibyllin, la FFT a joué l’apaisement. « Les débats qui traversent l’actualité internationale s’invitent parfois en marge du tournoi, c’est compréhensible », écrivent les organisateurs. Ils précisent que les règles du tournoi sont communes aux quatre tournois du Grand Chelem, que « le juge-arbitre, avec les superviseurs Grand Chelem, s’assure qu’elles soient respectées », et, enfin, que « des messages sont passés aux équipes des joueurs concernés à cet égard. »

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S’exprimant sur le sujet de la guerre en Ukraine, Amélie Mauresmo a souligné qu’il a été demandé aux joueurs notamment russes et biélorusses, mais aussi à « tous les autres joueurs » de rester neutres et de ne pas s’exprimer sur ce conflit.

A l’ouverture du tournoi, dimanche, l’Ukrainienne Marta Kostyuk avait refusé de serrer la main de son adversaire biélorusse Aryna Sabalenka. La joueuse juge les instances trop accommodantes avec les joueurs russes et biélorusses depuis le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie en février 2022. Si elle a été huée par le public, la fédération de tennis n’a pas réagi à son geste.

Dans la charte éthique de la Fédération française de tennis de 2023, le seul article mentionnant les opinions politiques se trouve sous l’« interdiction de toute forme de violence ou de tricherie ». « Les discriminations fondées sur le sexe, les apparences ou capacités physiques, la condition sociale, l’orientation ou les préférences sexuelles, les opinions religieuses ou politiques » sont contraires au règlement, d’après l’article 2.5.2. Mais il n’est pas clairement question d’interdiction d’exprimer ses opinions politiques.

Aussi, il est demandé aux « champions de tennis [d’]avoir conscience de l’impact de leur image, de leurs gestes ou paroles auprès des individus et en particulier des plus jeunes », énonce l’article 2.2.4 de la charte.

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