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Energie et environnement

L’embargo du pétrole russe décidé par l’Union Européenne va faire mal à Moscou

L’embargo sur le pétrole pourrait gripper la machine de guerre russe. Depuis le début du conflit ukrainien, l’Europe a versé près de 30 milliards de dollars Moscou au titre des achats de pétrole.

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L'arrivée de l'oléoduc Droujba, qui relie la Russie à la Hongrie, le 5 mai 2022 dans la raffinerie de la compagnie pétrolière hongroise MOL à Szazhalombatta, près de Budapest

Droujba est le plus grand oléoduc du monde

AFP/Archives - ATTILA KISBENEDEK
L'arrivée de l'oléoduc Droujba, qui relie la Russie à la Hongrie, le 5 mai 2022 dans la raffinerie de la compagnie pétrolière hongroise MOL à Szazhalombatta, près de Budapest
L’embargo du pétrole russe décidé par l’Union Européenne va faire mal à Moscou
Nicolas Stiel
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La Commission européenne vient de porter un coup sévère à la Russie. Suite à l’accord conclu hier par les dirigeants des 27 pays de l’Union, les importations de pétrole russe vont être réduites de 90% d’ici la fin de l’année. Ce qui représente les deux tiers des achats européens. Jusqu’à présent le dossier de l’embargo sur le pétrole russe bloquait car la Hongrie, la Slovaquie et la République tchèque exigeaient des aménagements. "Pour ces trois pays enclavés, qui reçoivent presque 100% de leur pétrole de l'oléoduc Droujba (amitié en russe), c'est difficile de trouver d'autres sources d'approvisionnement", note Thomas Carlin-Pellerin, directeur du Centre énergie à l'Institut Jacques Delors.

La Hongrie, dont le dirigeant, Viktor Orban, est proche de la Russie, avait demandé à Bruxelles un délai de quatre années supplémentaires et 800 millions d’euros d’aides européennes pour pouvoir adapter ses infrastructures. Finalement, Bruxelles a trouvé un compromis. Droujba peut être contourné. La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a indiqué que la capacité de l’oléoduc Adria qui alimente la Hongrie via la Croatie pouvait être augmenté moyennant un délai de "45 à 60 jours environ". Le délai d’adaptation de 18 mois pour les produits raffinés qu’avait demandé la République tchèque a été accepté. Quant à celui de deux ans demandé par la Slovaquie, il fait encore l’objet de discussions.

L’Inde ne compensera pas l’Europe

L’embargo sur le pétrole "va couper une énorme source de financement de la machine de guerre russe", a tweeté le président du Conseil européen Charles Michel. Selon le Centre for Research on Energy and Clean Air, les sommes versées par l’Union européenne à la Russie depuis le début du conflit ukrainien au titre des achats de pétrole s’élèvent à 28 milliards d’euros. La Russie est le deuxième exportateur mondial de pétrole. Après la baisse des livraisons vers l’Europe, la Russie vend davantage de brut à l’Inde. Mais la demande de New Delhi ne permettra pas de compenser la perte de son premier client. Selon l’Agence internationale de l’énergie, la production russe pourrait baisser de 2 millions de barils/jour le mois prochain.

Le brent vers les sommets

En Europe, le choc d'approvisionnement devrait être évité. La plupart des pays disposent de stocks stratégiques. Et d'autres fournisseurs, comme les Etats-Unis et l'Arabie Saoudite, sont prêts à se substituer à la Russie. Le marché du pétrole est davantage flexible que celui du gaz. L’or noir est majoritairement alimenté par des tankers qui peuvent à tout moment changer de direction et se diriger vers les clients qui offrent les meilleurs prix. Un pays pourrait cependant souffrir: l’Allemagne. "Berlin a laissé la compagnie russe Rosneft, dirigée par Igor Setchine, un proche de Vladimir Poutine, reprendre la raffinerie de Schwedt", note Marc-Antoine Eyl-Mazzega, directeur du centre énergie de l'Institut français des relations internationales.

Sur ce site, la perspective d'un embargo suscite une grande inquiétude. "Nous avons besoin du pétrole russe", scandaient il y a quelques semaines les employés de Schwedt au ministre de l'Economie et vice-chancelier Robert Habeck. L’embargo sur le pétrole russe pourrait aussi déstabiliser les marchés. D’autant que l’OPEP, soucieuse de ne pas contrarier Moscou, refuse de coopérer. La production du cartel est inférieure de plus de 2 millions de barils/jour à son objectif. Risque-t-on une pénurie de pétrole? Pas à court terme selon l'AIE. Ce matin, les cours du brent ont bondi à 124 dollars le baril. Selon les analystes de Bank of America, ils pourraient s’envoler au-dessus de 150 dollars.

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