Les Verts européens veulent enrayer leur déclin annoncé aux élections de juin
Les écologistes ont choisi l'Allemande Terry Reintke et le Néerlandais Bas Eickhout comme têtes de liste pour les élections européennes de juin. La campagne s'annonce difficile pour le parti réuni en congrès à Lyon ce week-end.
Par Vincent Collen
« Nous allons faire mentir les sondages ! » C'est avec cette promesse que Bas Eickhout a lancé la campagne des élections européennes pour les Verts. Le Néerlandais de 47 ans a été désigné tête de liste samedi, aux côtés de l'Allemande Terry Reintke, 36 ans. « Visages » de la campagne, aux côtés des têtes de listes nationales comme la Française Marie Toussaint, tous deux sont déjà députés au Parlement de Strasbourg. Ils ont largement devancé, dans le vote des adhérents, deux autres candidates venues d'Italie et de Lettonie.
L'enthousiasme des militants du Parti vert européen, réunis en congrès à Lyon ce week-end, contraste avec les sondages qui leur prédisent un net déclin par rapport au scrutin précédent, en 2019. La dernière projection de Europe Elects leur attribue 51 sièges, une vingtaine de moins qu'aujourd'hui dans l'hémicycle.
Derrière les droites radicales
Les Verts seraient alors en sixième position, relégués derrière les deux groupes de la droite radicale : CRE (Fratelli d'Italia, PiS polonais…) et ID (Rassemblement national, AfD allemande…). Les prévisions de Politico sont encore plus sombres pour eux : les Verts n'auraient que 45 sièges, et seuls 13 pays sur 27 enverraient des eurodéputés écolos à Strasbourg, cinq de moins qu'aujourd'hui. L'Italie, la Grèce, le Portugal ou la Pologne n'auraient plus aucun élu écologiste.
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C'est surtout leur déclin dans les deux plus grands pays qui explique le recul dans les sondages. En Allemagne, « les Verts sont membres d'une coalition gouvernementale dysfonctionnelle et pâtissent de l'usure du pouvoir », explique Thierry Chopin, de l'Institut Jacques-Delors. En France, le nombre d'eurodéputés écologistes pourrait être divisé par deux. La campagne menée par Marie Toussaint souffre, notamment, de la concurrence de la liste de gauche de Raphaël Glucksmann .
Attaques contre le Pacte vert
Il y a cinq ans, les Verts européens avaient enregistré un score historique, portés par la mobilisation des jeunes, l'essor de Greta Thunberg et les « marches pour le climat ». Les inquiétudes sur l'environnement « n'ont pas disparu mais elles ont été reléguées au second plan derrière l'inflation ou la crise énergétique », poursuit Thierry Chopin. « Ce sera une campagne difficile », prévient Bas Eickhout. « En 2019, on avait le vent dans le dos, aujourd'hui on l'a vraiment de face », reconnaît Marie Toussaint .
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L'eurodéputée française espère « une remobilisation » de l'électorat face aux « attaques » contre le Pacte vert européen, en combinant « écologie et justice sociale ». Le programme des Verts, adopté au congrès de Lyon, insiste sur ce point en proposant « un Pacte vert et social européen ». « Il y a plus d'inquiétude économique qu'en 2019 », dit Bas Eickhout.
Une PAC « totalement nouvelle »
Les manifestations d'agriculteurs renforcent l'exigence d'élargir la base électorale des écologistes, aujourd'hui puissante surtout dans les grandes métropoles. L'agriculture était au centre des débats au congrès de Lyon. « Nous voulons une Politique agricole commune totalement nouvelle », déclare Terry Reintke. « Nous devons être à l'écoute de tous les territoires », ajoute Marie Toussaint.
Les Verts veulent aussi se poser comme le parti « qui s'oppose à l'essor de l'extrême droite », explique Bas Eickhout. La montée des droites radicales « est une menace, nous ne pouvons pas le nier », ajoute Terry Reintke. L'eurodéputée allemande a plusieurs fois évoqué les manifestations qui rassemblent des centaines de milliers de personnes contre l'AfD outre-Rhin . « Nous pouvons regagner notre élan », veut-elle croire.
Vincent Collen (Envoyé spécial à Lyon)