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Les Vingt-Sept veulent accélérer le retour des migrants irréguliers vers leur pays

Les ministres de l'Intérieur réunis ce jeudi à Stockholm ont discuté des moyens de relever le taux de « retours » effectivement mis en oeuvre - il n'était que de 21 % en 2021. Ils privilégient le levier des restrictions de visas pour les pays les moins coopératifs.

Maria Malmer Stenergard, du parti libéral des modérés, est chargée de coordonner les débats au sein des Vingt-Sept sur les sujets de migration en tant que ministre suédoise chargée de ce dossier.
Maria Malmer Stenergard, du parti libéral des modérés, est chargée de coordonner les débats au sein des Vingt-Sept sur les sujets de migration en tant que ministre suédoise chargée de ce dossier. (Ninni Andersson/XINHUA-REA/XINHUA-REA)

Par Karl De Meyer

Publié le 26 janv. 2023 à 18:52Mis à jour le 26 janv. 2023 à 19:32

Huit ans après la grande crise qui a provoqué de très vives tensions entre les Vingt-Sept, le dossier migratoire revient en ce début de présidence suédoise de l'UE en haut de l'agenda, comme l'a démontré une réunion importante des ministres de l'Intérieur, ce jeudi à Stockholm.

« Il y a à cela plusieurs raisons, souligne Jérôme Vignon, expert de l'Institut Jacques Delors. D'abord la guerre en Ukraine dure et on peut s'attendre à de nouvelles arrivées de réfugiés ukrainiens dans l'UE. Ensuite il y a un débat sur la migration légale pour faire face dans de nombreux pays à la pénurie de main-d'oeuvre. Le clash franco-italien autour de l''Ocean Viking', en novembre dernier, a révélé un besoin d'avancées. Et les flux d'arrivées irrégulières sont en forte hausse, notamment via la route des Balkans occidentaux ». L'agence Frontex a dénombré en 2022 autour de 330.000 arrivées irrégulières dans l'UE, qui ont submergé les capacités d'accueil de plusieurs pays, notamment la Belgique et l'Autriche.

Augmenter le taux de retour

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Les ministres de l'Intérieur de l'Union réfléchissent aux moyens d'augmenter le taux de retour des migrants en situation irrégulière vers leur pays d'origine quand l'asile leur est refusé. Sur les quelque 340.000 décisions de retour prononcées en 2021 dans l'UE, seules 21 % ont été effectivement mises en oeuvre, selon les données d'Eurostat. Pour les Etats membres, ce ratio est beaucoup trop bas.

Les Vingt-Sept souhaitent donc augmenter la pression sur les pays tiers les moins coopératifs. Ce jeudi, le focus portait sur l'article 25-A du code des visas (révisé en 2020). Il permet, quand la Commission estime qu'un pays tiers ne collabore pas suffisamment, d'allonger la durée de traitement des visas et de fixer des droits de visa plus élevés.

La Gambie est le seul pays à avoir été sanctionné jusqu'ici par ce biais pour son manque de bonne volonté. Le Bangladesh, menacé de mesures similaires en 2021, se montre désormais plus ouvert. La France et l'Italie ont exprimé leur soutien à cette procédure, l'Allemagne manifestant des réserves et préférant la conclusion d'accords migratoires.

La présidence suédoise est très impliquée dans ce dossier, dans la mesure où le gouvernement de droite d'Ulf Kristersson, entré en fonction en octobre dernier, est soutenu au parlement par un parti d'extrême droite anti-immigration, les Démocrates de Suède (DS). Maria Malmer Stenergard, la ministre chargée du dossier à Stockholm, a récemment tenu une conférence avec le leader des DS, Henrik Vinge, pour annoncer une campagne d'information dans les pays de départ destinée à décourager le départ des migrants.

Les Vingt-Sept n'ont jusqu'ici pas pu s'entendre sur le vaste pacte migration et asile proposé par la Commission en 2020. La présidence française de l'UE l'a fait avancer au premier semestre 2022 , en faisant valider deux règlements importants, l'un sur la base de données Eurodac, l'autre sur le filtrage. Le temps presse maintenant pour faire aboutir tout le paquet d'ici à la fin de la législature actuelle, en avril 2024. Le sommet des chefs d'Etat et de gouvernement qui se réunira les 8 et 9 février est censé donner une impulsion majeure.

Pression sur le financement de murs

Autre sujet polémique, au sein des Vingt-Sept : les murs visant à contenir les vagues migratoires. Le chancelier autrichien réclame un financement européen pour un mur à la frontière entre la Bulgarie et la Turquie, idée à laquelle s'est régulièrement opposée la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, au nom des valeurs de l'Union.

Le chef du groupe des conservateurs au Parlement européen, Manfred Weber, a augmenté la pression cette semaine en déclarant au site Politico que « personne n'aime construire des murs, mais quand c'est nécessaire, il faut le faire ». La Commissaire européenne aux Affaires intérieures, Ylva Johansson, a répliqué jeudi qu'elle n'avait pas les fonds pour subventionner de telles infrastructures. L'afflux de migrants via la Bulgarie a coûté à Sofia l'entrée dans la zone Schengen , en décembre dernier (et à la Roumanie par la même occasion), en raison du veto de l'Autriche et des Pays-Bas.

Karl De Meyer (Bureau de Bruxelles)

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