L'Ukraine, terre de sang. Enrico Letta et Timothy Snyder sont les invités des Matins

. ©AFP - Anatolii Stepanov
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Enrico Letta (de 7h40 à 8h), puis Timothy Snyder(8h20-8h50) sont les invités de Guilaume Erner ce matin.

Nos invités :

  • Enrico Letta, ancien premier ministre italien, dirigeant du Parti démocrate et président de l’Institut Jacques Delors.
  • Timothy Snyder, historien, professeur à l'université de Yale (Etats-Unis), auteur de "Terres de sang. L’Europe entre Hitler et Staline" (2012 puis 2022 Gallimard)

L’adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne

"Je pense qu’il s’agit d’un choix incontournable. Ce n’est pas possible aujourd’hui après ce qui s’est passé et devant la ferme volonté des Ukrainiens de rejoindre l’Europe de dire non". Le problème est de comprendre comment le faire selon Enrico Letta. "Cette intégration peut se transformer en message de paix. Si on crée un parcourt à moyen long terme d’adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne, cela peut être un choix positif par rapport à l’adhésion à l’OTAN que les Russes craignent le plus".

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En 1989, deux mois après la chute du mur de Berlin, François Mitterrand avait lancé l’idée de créer une confédération européenne pour mettre ensemble les pays de l’UE et les pays de l’Est. L’idée a été refusée car il proposait d’inclure la Russie dans cette confédération. Ce choix n’était pas bon, mais l’idée était bonne estime Enrico Letta. "Je pense qu’il faut reprendre la piste de Mitterand en éliminant la présence de la Russie et en créant une confédération européenne avec des compétences politiques et une zone de libre échange entre l’Europe des 27 et les 9 pays potentiellement concernés dont l’Ukraine".

Le fascisme et la Russie

Timothy Snyder considère la guerre entre l’Ukraine et la Russie d’un point de vue historique. "Je vois une Russie qui est passée au fascisme. Je vois une Ukraine qui a émergé de l’Empire et qui est devenue quelque chose comme un État-nation. Je vois un clash naturel entre ces deux trajectoires. La Russie est comme un néo-empire qui dit qu’il ne peut exister qu’en détruisant l’Ukraine. L’Ukraine est un État-nation qui résiste".

Selon l’historien, tous les critères fascistes sont cochés : le culture d’un leader unique, un parti unique, le culte d’un âge d’or passé, un culte de la mort, une propagande d’État, l’idée que la politique c’est nommer l’ennemi, une carte de destruction dont le but est d’éliminer une nation voisine. "Il est étrange que le fascisme ne soit pas au centre des discussions sur la Russie contemporaine".

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