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D-Day pour le Brexit

Londres et Bruxelles vont désormais devoir s’atteler, entre autres, à la recherche d’un accord de libre-échange. Londres et Bruxelles vont désormais devoir s’atteler, entre autres, à la recherche d’un accord de libre-échange. [Stephen Chung/LNP/REX/Shutterstock]

Un moment historique. Ce vendredi 31 janvier à minuit, heure française (23h à Londres), le Royaume-Uni quittera officiellement l’Union européenne, plus de trois ans et demi après le référendum sur le Brexit, et après un interminable feuilleton, digne des meilleurs «soap operas».

Durant ces mois de tergiversations, les péripéties ont été nombreuses : deux changements de Premier ministre, un Parlement britannique divisé, rejetant trois fois l’accord de retrait négocié par Theresa May – en poste avant Boris Johnson –, trois reports, et enfin des élections anticipées en décembre, qui auront permis de démêler le sac de nœuds en donnant une large majorité au Parti conservateur de Boris Johnson. Ce dernier aura donc réussi sa mission, mettre en œuvre le Brexit, mais il ne doit pas crier victoire trop vite : beaucoup reste encore à faire.

De nouvelles tractations

Dès ce samedi 1er février, le Royaume-Uni et l’UE entreront dans une période de transition post-Brexit, prévue pour durer jusqu’au 31 décembre 2020, durant laquelle quasiment rien ne changera. Les Britanniques resteront membres de l’union douanière et du marché unique européens, et continueront à respecter les règles de l’UE. Seul changement notable, Londres quittera les institutions européennes, notamment le Parlement européen, où siègent actuellement 73 eurodéputés britanniques.

Cette période transitoire doit permettre au Royaume-Uni et à Bruxelles de négocier le cadre de leur future relation, en particulier aux niveaux sécuritaire et commercial. «Il va falloir détricoter les 750 accords qui unissent Londres au bloc européen», explique Elvire Fabry, chercheuse à l’Institut Jacques Delors. Le gros morceau de cette deuxième phase des discussions sera la recherche d’un accord de libre-échange entre les deux parties. Ce qui promet déjà des frictions. En effet, même si l’UE est favorable, comme les Britanniques, à un accord «sans droits de douane et sans quotas», elle ne veut pas d’un concurrent «déloyal» à sa porte.

Le timing des négociations risque aussi de provoquer des tensions. Boris Johnson rejette l’idée d’une prolongation de la période de transition au-delà du 31 décembre, tandis que Bruxelles juge ce calendrier trop serré, rappelant qu’il avait fallu sept années pour conclure l’accord commercial avec le Canada, le CETA.

Un avenir plein d’incertitudes

Même si le quotidien des Britanniques ne changera pas dès ce samedi, ce 31 janvier 2020 reste à marquer d’une pierre blan­che. Il s’agit du point de départ d’un saut dans l’inconnu pour le Royaume-Uni et pour l’UE, car c’est la première fois dans l’histoire de l’Union que l’un de ses membres claque la porte. Si les tenants du Brexit ont promis à la population que le divorce permettrait de «reprendre le contrôle», notamment des frontières, impossible de savoir quels effets à long terme aura ce divorce, et à quoi ressemblera le pays dans le futur.

Comme le souligne Elvire Fabry, «même si Boris Johnson appelle à des divergences réglementaires avec l’UE, on ne sait pas sur quels plans il souhaite s’en éloigner». On peut en outre imaginer que le Royaume-Uni éclate sous l’effet du Brexit, l’Ecosse poussant pour un nouveau référendum d’indépendance. Et quid de l’UE dans tout ça ? Avec le départ du Royaume-Uni, membre majeur, la question de sa survie pourrait se poser.

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