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Migrants : l'Europe veut mieux contrôler la route des Balkans

Près de 130.000 tentatives irrégulières de traversée des frontières ont été enregistrées dans ces pays depuis le début de l'année, trois fois plus qu'en 2021. La Commission européenne veut envoyer plus de personnel sur le terrain pour aider les pays des Balkans occidentaux à gérer leurs frontières, et demande à la Serbie de restreindre l'octroi de visas.

Migrants à Horgos, à la frontière entre la Hongrie et la Serbie.
Migrants à Horgos, à la frontière entre la Hongrie et la Serbie. (BetaPhoto/Sipa)

Par Vincent Collen

Publié le 5 déc. 2022 à 16:26Mis à jour le 5 déc. 2022 à 18:23

La traversée de la Méditerranée par les migrants a fait la une, ces dernières semaines, avec la crise de l'« Ocean Viking ». Mais ce n'est pas la seule voie d'accès à l'Union européenne pour l'immigration irrégulière, ni même la principale. La route des Balkans occidentaux a fait l'objet de près de 130.000 tentatives de passage non autorisées des frontières depuis le début de l'année, a souligné lundi la Commission de Bruxelles. C'est trois fois plus qu'en 2021.

Serbie, Bosnie, Macédoine du Nord, Albanie, Monténégro, Kosovo… Alors qu'ils ne font pas partie de l'Union européenne, ces six pays se retrouvent en première ligne pour gérer des migrants syriens, afghans, bangladais ou érythréens, qui passent généralement par la Turquie et ont pour destination finale un pays de l'UE.

« Endiguer les flux »

Les Vingt-Sept ont donc tout intérêt à renforcer leur coopération avec ces Etats auxquels a été reconnue une « perspective européenne » et dont quatre ont démarré leurs négociations d'adhésion à l'UE. « C'est un grave sujet de préoccupation pour l'Autriche et l'Allemagne en particulier, qui sont souvent les pays de destination finale pour les migrants passant par la route des Balkans », explique Jérôme Vignon, de l'Institut Jacques-Delors.

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La question sera abordée ce mardi à Tirana, la capitale albanaise qui accueille un sommet UE-Balkans où est attendu notamment Emmanuel Macron. « Le sommet doit être l'occasion de faire le point sur les projets de coopération dans ce domaine et les mesures entreprises par les pays des Balkans pour endiguer les flux auxquels ils font face », indique-t-on à l'Elysée.

Moins de visas

La Commission a proposé lundi une nouvelle batterie de mesures pour lutter contre ces flux croissants au sein desquels sévissent passeurs, contrebande, violence contre les personnes ainsi que « des risques de trafics d'armes et de crime organisé », selon elle. « Il est impératif d'agir. Nous avons déjà mis en place une coopération étroite avec les pays des Balkans occidentaux mais nous devons faire plus », a déclaré Ylva Johansson, la commissaire aux Affaires intérieures, lors d'une conférence de presse.

L'Autriche et l'Allemagne […] sont souvent les pays de destination finale pour les migrants passant par la route des Balkans.

Jérôme Vignon Institut Jacques-Delors

L'UE demande notamment aux pays balkaniques d'aligner leur politique de visas sur celle des Vingt-Sept. La Serbie est visée en particulier. Ce pays accorde facilement des visas payants à des Indiens, Pakistanais ou Bangladais qui prennent un vol pour Belgrade puis passent illégalement dans l'Union européenne. « La Serbie pratique une forme atténuée de manipulation migratoire », estime Jérôme Vignon. Belgrade a déjà accepté de restreindre l'octroi de visas pour les Tunisiens ou les Burundais, mais Bruxelles demande une généralisation à tous les pays tiers.

« Plus de personnel sur le terrain »

La Commission veut aussi renforcer le contrôle des frontières « tout au long de la route », que ce soit aux frontières de l'UE avec les pays tiers (Bulgarie-Turquie…), de l'UE avec les pays des Balkans (Croatie-Bosnie, Serbie-Hongrie…) ou des pays des Balkans entre eux. Certains points de passage sont régulièrement sous le feu des projecteurs en raison de violences policières. « Le comportement de la police croate à la frontière avec la Bosnie est parfois inacceptable », reprend Jérôme Vignon.

« Nous devons envoyer plus de personnel sur le terrain », a dit la commissaire Johansson, soulignant que 500 personnes sous la supervision de l'agence européenne Frontex étaient déjà déployées dans les six pays des Balkans occidentaux. L'UE veut aussi augmenter les capacités d'accueil des demandeurs d'asile dans ces pays et les aider à lutter contre les réseaux de passeurs.

Vincent Collen

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