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L'Europe prête à renforcer la lutte contre l'immigration illégale

Les Vingt-Sept appellent au renforcement « immédiat » des mesures de lutte contre l'immigration irrégulière face à une pression migratoire renouvelée. Faute de consensus, ils ne se sont toutefois pas accordés sur de nouvelles mesures concrètes ensemble.

La Bulgarie a érigé des clôtures sur une partie de sa frontière avec la Turquie.
La Bulgarie a érigé des clôtures sur une partie de sa frontière avec la Turquie. (Nikolai Doychinov/AFP)

Par Vincent Collen

Publié le 10 févr. 2023 à 05:33Mis à jour le 12 févr. 2023 à 13:45

Marqué par la visite surprise de Volodymyr Zelensky , jeudi, le sommet des chefs d'Etat et de gouvernement européens s'est terminé tard dans la nuit, bien qu'il ait recelé peu de surprises. Les discussions les plus épineuses à Bruxelles ont concerné la politique commune de lutte contre l'immigration illégale. Les Vingt-Sept ne sont pas parvenus à prendre de nouvelles mesures concrètes ensemble, car les divisions entre les Etats membres restent profondes sur ces questions.

Ils ont néanmoins publié des conclusions à l'issue du conseil qui appellent au renforcement « immédiat » des moyens d'action existants, face à une pression migratoire à son plus haut niveau depuis 2016. Quelque 330.000 entrées irrégulières sur le territoire de l'UE ont été enregistrées en 2022. « Il n'y a pas de changement de ligne radical, mais les Vingt-Sept insistent sur la rapidité de mise en oeuvre des outils existants et sur leur application plus contraignante », décrypte Jérôme Vignon, de l'Institut Jacques Delors.

L'Europe veut d'abord « intensifier la coopération » avec les pays d'où partent les migrants, afin « de prévenir les départs illégaux et les pertes de vie », peut-on lire dans le texte adopté par le conseil. Les membres de l'Union veulent ensuite augmenter « les retours effectifs » des migrants illégaux dans leur pays d'origine : en 2021, seules 21 % des décisions de retour prononcées par les pays européens ont été effectivement suivies d'effet.

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Pour cela, ils préconisent d'utiliser comme « levier » tous les instruments à leur disposition dans leurs négociations avec les pays en question : diplomatie, aide au développement, accords commerciaux et d'immigration légale, visas.

Le texte appelle en particulier les Etats membres à « faire plein usage » d'une réglementation qui leur permet de restreindre l'octroi de visas aux ressortissants des pays « qui ne coopèrent pas sur les retours ». Il faut « responsabiliser » ces pays, a estimé Emmanuel Macron lors d'une conférence de presse à l'issue du conseil.

La question des murs et clôtures

Les Vingt-Sept appellent aussi la Commission à financer des mesures « qui contribuent directement au contrôle des frontières externes de l'UE » : infrastructures, moyens de surveillance, y compris à l'aide de drones, caméras… Le texte évite toutefois de mentionner explicitement les murs ou clôtures, un sujet sur lequel les Européens ne sont pas d'accord.

« Des pays comme la France, l'Allemagne, la Belgique ou le Luxembourg n'y sont pas favorables », explique Jérôme Vignon. « Je pense qu'on a évité justement des mécanismes de stigmatisation avec lesquels, par exemple, la France comme l'Allemagne ne sont pas à l'aise et donc le respect de nos valeurs tout en étant efficace », a jugé Emmanuel Macron.

D'autres Etats membres, dont la plupart des pays d'Europe orientale mais aussi l'Autriche ou le Danemark, demandent que les fonds européens puissent financer le déploiement de ces barrières physiques. On en compte déjà sur plus 2.000 km aux frontières de l'UE.

Projets pilotes en Bulgarie et Roumanie

Le chancelier autrichien, Karl Nehammer, s'est dit satisfait à l'issue du conseil. « Nous avons l'engagement que tous les pays situés aux frontières extérieures seront pris en considération par la Commission lorsqu'il s'agira de protéger ces frontières extérieures », a-t-il estimé.

Il s'est félicité d'une « clarté sans précédent » dans le texte, malgré l'absence de mention explicite des clôtures. Vienne demande de longue date que les fonds européens puissent financer les barrières physiques entre la Bulgarie et la Turquie. « Nous avons l'engagement clair de la Commission pour soutenir des projets pilotes tant en Bulgarie qu'en Roumanie », a assuré le chef du gouvernement autrichien. En décembre dernier, l'Autriche a bloqué l'entrée de ces deux pays dans l'espace Schengen , redoutant une hausse des flux migratoires passant par la « route des Balkans ».

Le compromis trouvé par les Vingt-Sept convient aussi à l'Italie, où la nouvelle Première ministre d'extrême droite a fait de la lutte contre l'immigration irrégulière un cheval de bataille. « Je suis très contente des résultats obtenus », a assuré Giorgia Meloni lors d'une conférence de presse, évoquant « une grande victoire pour l'Italie ». Les mesures concrètes sont pourtant presque absentes du texte, mais la leader italienne se félicite de plusieurs avancées importantes qui sont mises « noir sur blanc » selon elle : la reconnaissance de la spécificité des frontières maritimes et la réglementation de l'action des ONG en mer .

Vincent Collen (A Bruxelles)

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