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Tribune

Opinion | Développement durable : faisons 2030 dès 2022

Un collectif de personnalités appelle les candidats à la présidentielle à se montrer au rendez-vous de l'Agenda 2030 de l'ONU, référence mondiale du développement durable.

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Par Thomas Friang (Fondateur et CEO de l'Institut Open Diplomacy)

Publié le 21 sept. 2021 à 16:47Mis à jour le 21 sept. 2021 à 17:10

La campagne présidentielle se tiendra pendant que la France assurera la présidence du Conseil de l’Union européenne, à l’heure où l’Europe cherche à devenir le fer de lance mondial du développement durable avec son nouveau programme législatif "Fit for 55" annoncé à la suite de son Pacte vert et du plan de relance Next Generation EU.

Cette présidentielle débutera alors que se tiendra - cette année - les trois COP des Conventions de Rio sur le développement durable : climat, biodiversité, désertification… Ce contexte nous ramène donc constamment au même centre de gravité : les candidats à la présidence de la République seront-ils prêts pour répondre à la question "quel avenir voulons-nous vraiment pour les générations futures ?"

Rendez-vous mondial

Au début de la pandémie, le débat a fait rage sur les moyens de faire émerger un nouveau paradigme économique et social, plus juste et plus responsable. Alors que nous fêtions le 5e anniversaire des Objectifs de développement durable des Nations unies, nombreux sont ceux qui - paradoxalement - sont totalement passés à côté de cette grammaire universelle qui répond intelligemment à la grande question du "monde d’après".

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L’Agenda 2030, programme de développement durable adopté par l’Organisation des nations unies (ONU), constitue en effet une référence mondiale. Celle-ci intègre les préoccupations écologiques et les enjeux de justice sociale dans la reformulation de nos modèles économiques. Elle permet de conjuguer l’action des gouvernements comme des ONG, des collectivités publiques, des entreprises ou des individus, pour se projeter dans un avenir désirable car soutenable.

Une surmobilisation

Il était donc vain - ou vaniteux - de se perdre en nouvelles controverses alors que nous devons entrer de plain-pied dans la décennie de l'action. Les objectifs sont posés. Il faut maintenant rassembler toutes nos forces - financières, intellectuelles, créatives - et notre courage politique pour réussir cette transition.

Car la crise dans laquelle nous nous enfonçons est une crise systémique globale. Elle exige désormais une surmobilisation de notre part à toutes les échelles et sur tous les fronts, y compris social et géopolitique. De nouvelles formes de conflits inter-étatiques apparaissent déjà : conflits liés à l’accès aux ressources naturelles, migrations forcées, Etats-faillis… quand les tensions sociales - et notamment intergénérationnelles - sont déjà présentes. 

Reconnaissons d’emblée que cette crise mérite certes l’attention et l’implication de tous, mais ne peut se régler seulement par des citoyens super-héros qui porteraient - par leurs choix personnels - tout le poids de la transition sur leurs épaules. Ce serait trompeur de laisser s’installer cette idée inefficace. Elle a besoin de dirigeants politiques pleinement informés, déterminés, de capitaines d’industrie audacieux, d’inventeurs sobres et créatifs à la fois.

Profonde transformation

Ce qu’on appelle "la transition" est en fait une profonde transformation. C’est une véritable révolution politique, philosophique et économique qui s’apparente plus à la Renaissance qu’au grand soir : un processus long, nécessitant un véritable leadership, qui modifie tant notre rapport au monde que notre posture ontologique en tant qu’espèce, ainsi que nos modes de vie. Cette transformation profonde requiert plus que tout un récit pour advenir. Plus exigeant et moins anxiogène à la fois.

De ce point de vue, le rendez-vous présidentiel de 2022 sera indispensable : la France, pays qui a initié, porté et préservé le seul Accord universel en matière de lutte contre les dérèglements climatiques, pourrait également être l’aiguillon de l’Europe, première puissance internationale mobilisée pour atteindre la neutralité carbone et faire émerger une économie régénérative. Nous devons donc faire 2030 dès 2022 : nous ne pourrons pas attendre le prochain rendez-vous présidentiel pour espérer des résultats à temps. 

Cette tribune est signée par : Thomas Friang (directeur général de l’Institut open diplomacy et créateur des Rencontres du développement durable) ; Matthieu Auzanneau (directeur du Shift Project) ; Frédéric Fotiadu (directeur de l’Insa Lyon) ; Stephan Bourcieu (président du directoire de BSB) ; Laurent Champaney (directeur général d’Arts et Métiers) ; Emmanuel Métais (directeur général d’Edhec Business School) ; Bruno Ducasse (directeur général de Montpellier Business School) ; Christophe Germain (directeur général d’Audencia) ; Romain Soubeyran (directeur général de Centrale Supélec) ; Frank Bournois (directeur général et Doyen de ESCP) ; Bettina Laville (présidente du Comité 21) ; Sébastien Treyer (directeur général de l’Iddri) ; Marion Darrieutort (coprésidente d’Entreprise et Progrès) ; Fabrice Bonnifet (président du C3D) ; Elisabeth Claverie de Saint Martin (PDG du Cirad) ; Alexandre Jost (fondateur de la Fabrique Spinoza) ; Galitt Kenan (directrice du Jane Goodall Institute France) ; Eric Duverger (initiateur de la Convention des entreprises pour le climat) ; Emeline Stievenart (directrice de l’Impact Tank) ; Richard Collin (président de la Fondation des transitions) ; Gabriela Martin (vice-présidente de La Fonda) ; Eric Singler (directeur général de la BVA Nudge Unit) ; Patricia Savin (présidente d’Orée) ; Olivier Mousson (président de la Société d’encouragement pour l’industrie nationale) ; Alizée Lozac'hmeur (cofondatrice de Make Sense) ; Marc Fleurbaey (codirecteur du Ceres) ; Gilles Berhault (délégué général de Stop exclusion énergétique) ; Yacine Aït Kaci (fondateur de ELYX) ; Michel Derdevet (président de Confrontations Europe) ; Sébastien Maillard (directeur de l’Institut Jacques Delors) et Denis Simonneau (président d’EuropaNova).

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