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« Plus la situation est exceptionnelle, plus le recours à la souveraineté s’accroît »

La crise sanitaire due au coronavirus met en lumière le peu de pouvoirs dont disposent les institutions européennes, analyse le juriste et expert des questions migratoires, Yves Pascouau, dans une tribune au « Monde ».

Publié le 01 avril 2020 à 12h52, modifié le 01 avril 2020 à 13h25 Temps de Lecture 4 min.

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Tribune. La crise que traversent les Etats europĂ©ens nous impose un exercice de luciditĂ©. Au regard de nos fragilitĂ©s, tout d’abord, face Ă  un virus qui se propage Ă  grande vitesse et dont la lĂ©talitĂ© met nos administrations et nos services de santĂ© en Ă©tat d’alerte pour Ă©viter un scĂ©nario terrible. Au regard de notre modèle de sociĂ©tĂ©, ensuite, face Ă  une mondialisation croissante vis-Ă -vis de laquelle tous les outils de gouvernance n’ont pas Ă©tĂ© mis en place. Au regard de l’Union europĂ©enne (UE), enfin, qui n’est pas Ă©quipĂ©e pour rĂ©pondre de manière efficace aux dĂ©fis posĂ©s notamment par le virus.

N’en dĂ©plaise aux contempteurs de la construction europĂ©enne, qui critiquent la « prison de Bruxelles Â», la crise due au coronavirus met en lumière le peu de pouvoirs dont disposent les institutions europĂ©ennes. Elle dĂ©montre que la souverainetĂ© rĂ©side encore très largement dans les Etats.

Coordination

En matière de santĂ©, la chose est claire. La compĂ©tence est nationale. Comme il est Ă©crit dans le traitĂ© de Lisbonne, l’action de l’UE « complète Â» les politiques nationales, elle n’a pas pour objet de remplacer l’action des Etats. Si cette compĂ©tence minimale est bien comprise dans le domaine de la santĂ© publique, ce n’est pas le cas pour ce qui est de l’espace Schengen. Il est largement assumĂ© que dans le domaine des contrĂ´les aux frontières, le rĂ´le de l’UE est central, voire prĂ©dominant. La crise sanitaire due au coronavirus vient nous rappeler le contraire.

En matière de frontières, ce sont encore les Etats qui détiennent la souveraineté. Simplement parce que l’UE n’est pas un Etat et qu’elle ne dispose pas de frontières. Ainsi, l’espace Schengen s’est construit sur le modèle d’une coopération entre Etats. D’abord dans un cadre intergouvernemental, où ces derniers conservaient l’entièreté de leur souveraineté, puis dans un cadre européen où leur souveraineté a été encadrée mais pas épuisée.

Cela vaut, tout d’abord, pour les frontières extĂ©rieures de l’espace Schengen qui sont, en droit, l’addition des frontières nationales. On ne parle pas de la frontière extĂ©rieure mais des frontières extĂ©rieures de l’espace Schengen. Ces dernières sont les frontières nationales et les Etats conservent leur souverainetĂ©.

Cette souverainetĂ© est illustrĂ©e par la dĂ©cision de « fermer l’espace Schengen Â» aux voyageurs venant de l’extĂ©rieur. Cette dĂ©cision n’est pas prise par les institutions europĂ©ennes mais de manière coordonnĂ©e par les chefs d’Etats et de gouvernements rĂ©unis en Conseil europĂ©en. Le rĂ´le de l’UE, et plus prĂ©cisĂ©ment de la Commission, a Ă©tĂ© de coordonner l’action des Etats pour Ă©viter que les contrĂ´les Ă  l’entrĂ©e soient effectuĂ©s de manière diffĂ©rente et que cela prĂ©sente un risque au regard de la propagation du virus.

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