Présidence française de l'Union européenne : un bilan jugé positif malgré la guerre en Ukraine

Publié le 29 juin 2022 à 21h51

Source : 24H PUJADAS, L'info en questions

La présidence française de l'Union européenne se termine le 30 juin.
Les objectifs affichés par la France en amont avaient été qualifiés d'ambitieux.
Six mois plus tard, les observateurs parlent d'un bilan positif malgré les bouleversements provoqués par la guerre en Ukraine.

L'agenda s'avérait dès le début ambitieux. Un mois avant de commencer la présidence française de l'Union européenne (PFUE), en décembre 2021, Emmanuel Macron avait, lors d'une conférence de presse étendue, énuméré les différents objectifs de la France à la tête du Conseil de l'Union européen. 

Organisé autour de trois axes - renforcer la souveraineté européenne, définir un nouveau modèle de croissance européen et construire une Europe plus humaine - l'agenda était déjà chargé pour six mois de mandat. D'autant plus que certains pointaient le risque qu'il soit ralenti par la campagne électorale française qui survenait en plein milieu. Finalement, ce n'est pas celle-ci qui aura perturbé la bonne poursuite des objectifs français, mais bien l'invasion de l'Ukraine par la Russie et le retour de la guerre sur le sol européen.

"Beaucoup de résultats" en six mois

Malgré ce bouleversement qui a logiquement modifié les priorités des états-membres, le bilan de la présidence française reste positif d'après certains observateurs. "Il y a eu beaucoup de résultats sur une très grande partie des priorités législatives qui avaient été fixés", souligne auprès de TF1info Thierry Chopin, professeur de sciences politique à l'Université catholique de Lille et conseiller spécial à l'Institut Jacques Delors.

Ainsi, dans le domaine économique et climatique, Emmanuel Macron avait, dès son discours en amont de l'ouverture de la PFUE en décembre 2021, expliqué vouloir établir une "taxe carbone" aux frontières européennes et une réciprocité dans les échanges économiques via des clauses miroirs. Sur ces sujets, des accords entre le Conseil et le Parlement ont été obtenus, comme dans le domaine numérique, avec deux textes permettant d'établir un marché et des services numériques (DMA et DSA). 

Sur la question sociale, la France a aussi fait progresser les discussions sur l'équilibre entre les hommes et les femmes en conseil d'administration ou encore sur la mise en place de salaires minimaux dans toute l'Union européenne, avec deux accords sur ces sujets. Par ailleurs, un accord sur de premières mesures du pacte sur l'immigration et l'asile européens a aussi été conclu. "C'est symbolique parce qu'on sait, sur ce terrain, la résistance de certains état-membres", observe auprès de TF1info Pascale Joannin, politologue et directrice générale de la Fondation Robert Schumann.

La guerre en Ukraine marque fortement la PFUE

Si toutes les négociations n'ont cependant pas pu être menées, certains objectifs ont été renforcés, du fait de la guerre en Ukraine. Selon Thierry Chopin, celle-ci aurait "confirmé la pertinence de l'agenda français avant la présidence". Alors qu'avant le début du conflit, la France était un des seuls états-membres à vouloir développer une Europe de la défense et à souligner les enjeux de souveraineté énergétique du continent, la guerre en Ukraine a mis en avant l'importance de ces points. 

Le conflit a donc accéléré les discussions. D'un point de vue militaire, un accord sur une Boussole stratégique commune a été conclu, complété en parallèle par le sommet de Versailles, le 10 et 11 mars, et la décision par les dirigeants européens de relancer les investissements dans l’industrie de défense. 

Sur le volet de l'énergie, à quelques jours de la fin de la présidence, les Vingt-Sept se sont accordés pour réduire leur consommation d'énergie et accélérer le développement des renouvelables. Le Conseil a aussi adopté définitivement le règlement visant à s’assurer que, malgré les perturbations observées sur le marché du gaz, les capacités de stockage de gaz dans l'UE soient remplies avant la saison hivernale. 

Au-delà de l'agenda français, la guerre en Ukraine a par ailleurs obligé les pays de l'Union à réagir en commun avec la mise en place d'un soutien militaire, financier et humanitaire à l'Ukraine et l'instauration de paquets de sanctions contre la Russie. "La France, en tant que présidente en exercice du Conseil de l'Union européenne, a eu un rôle à jouer dans la coordination et les initiatives qui ont été prises pour répondre le plus rapidement possible et de manière unie face à l’invasion russe en Ukraine", remarque Thierry Chopin. 

Autre conséquence directe de la guerre, la PFUE est finalement marquée par un élargissement à l'est avec la reconnaissance officielle des candidatures à l'Union européenne de la Moldavie et de l'Ukraine. Un "moment historique", selon le président du Conseil européen Charles Michel, en pleine offensive russe.


Aurélie LOEK

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