Par SudOuest.fr avec AFP
  • Écouter
  • Réagir
  • Voir sur la carte
  • Partager
Face à plusieurs pays qui souhaitaient reporter le Brexit à début 2020, le président français a défendu la ligne d'un report "le plus court possible". Le compromis a finalement été trouvé sur la date du 31 octobre

Le président français Emmanuel Macron a bataillé contre de nombreux partenaires européens pour limiter au maximum le long report du Brexit envisagé par certains, quitte à risquer de paraître isolé .

Les Vingt-Sept se sont finalement mis d'accord dans la nuit de mercredi à jeudi sur la date butoir du 31 octobre , là où certains plaidaient pour un report jusqu'au début 2020, comme la chancelière Angela Merkel, voire d'un an comme le président du Conseil européen Donald Tusk.

Good cop, bad cop

Selon plusieurs sources diplomatiques, la France a défendu une position "dure" pendant le sommet, souhaitant un report le plus court possible et insistant pour que des conditions les plus strictes possibles soient imposées à Londres.

Reconnaissant des "sensibilités différentes", le camp français affirme que Belgique, Luxembourg, Espagne et Malte étaient sur une position similaire à la sienne, alors que la presse britannique, comme The Guardian , affirmait que le président français était "isolé" et "exaspérait" les dirigeants européens.

Dans le camp français, on assure qu'il n'existe pas de différend de fond entre Angela Merkel et Emmanuel Macron, souvent présentés comme les "good cop" (bon flic) et "bad cop" (méchant flic) vis-à-vis de Londres, mais de méthode et de tactique.

Pression forte

"On n'imaginait pas franchement qu'il aille jusqu'à une position de veto sur une extension longue, mais c'est un message de rappel sur les priorités des Européens , de regarder les enjeux (...) plutôt que de le faire à travers un rétroviseur, en regardant le Brexit et en devant gérer le Brexit", estime Elvire Fabry, chercheuse senior à l'Institut Jacques Delors.

Le président français estime qu'il faut exercer une pression forte pour que les députés britanniques prennent rapidement une décision, quelle qu'elle soit, et affiche sa volonté de respecter le référendum britannique de 2016 sur le Brexit. La chancelière pense au contraire qu'une extension longue fera peur aux partisans du Brexit, qui vont, par crainte de ne jamais obtenir gain de cause, s'entendre avec la Première ministre Theresa May pour une sortie avant les européennes de fin mai.

D'autres pays croient qu'une extension encore plus longue, qui pourrait être suivie par d'autres, est au final le meilleur moyen d'éviter le Brexit. D'autres encore redoutent qu'un report perturbe la marche des institutions européennes.

"Nous ne voulons pas d'obstruction"

La France estime avoir limité les dégâts avec l'échéance du 31 octobre, soulignant que la future Commission ne sera formée qu'en novembre et qu'aucun Conseil européen ne se tiendra entre juin et octobre.

"Nous ne voulions pas qu'il y ait une quelconque forme d'obstruction", relève la secrétaire d'Etat française aux Affaires européennes, Amélie de Montchalin. Il faut que le "projet européen puisse avancer" sur d'autres sujets.

A lire aussi
Guerre en Ukraine : avec 13 avions abattus en 10 jours, Kiev annonce une hécatombe d’avions russes
« On avait du mal à la localiser, elle voyageait énormément » : en cavale depuis plusieurs jours, la dernière vache a été capturée

Le président français a présenté d'ambitieuses propositions de réforme de l'UE qui tardent à se concrétiser devant le peu d'empressement du reste de l'UE. Emmanuel Macron s'inquiète aussi de l'impact que pourrait avoir un report indéfini du Brexit sur les élections européennes, où une poussée du vote populiste europhobe est déjà attendue.