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Salvini soupçonné d'avoir perçu des financements illégaux du Kremlin

Un enregistrement prouve des contacts tissés par des proches du ministre de l'Intérieur pour bénéficier de largesses russes en vue des élections européennes. La justice italienne a ouvert une enquête sur un financement présumé de 65 millions de dollars. Matteo Salvini nie en bloc et refuse pour l'instant de se présenter devant le Parlement pour s'expliquer.

En Italie, la polémique sur le financement par la Russie de la campagne de la Ligue de Matteo Salvini pour les élections européennes ne cesse d'enfler.
En Italie, la polémique sur le financement par la Russie de la campagne de la Ligue de Matteo Salvini pour les élections européennes ne cesse d'enfler. (Andreas SOLARO/AFP)

Par Olivier Tosseri

Publié le 19 juil. 2019 à 07:00Mis à jour le 19 juil. 2019 à 11:23

« Moscopoli » : c'est la version italienne du Russiagate. Le parquet de Milan a ouvert la semaine dernière une enquête pour corruption internationale et convoqué Gianluca Savoini, l'homme de confiance de Matteo Salvini, pour l'interroger sur ses rapports avec la Russie. Il est au coeur du scandale qu'a fait éclater « BuzzFeed », le site d'information américain qui a publié l'enregistrement d'une conversation qui s'est tenue à l'Hôtel Metropol à Moscou le 18 octobre dernier.

Trois Russes et trois Italiens, dont Gianluca Savoini , y vantaient les affinités entre leurs dirigeants politiques mais souhaitaient surtout approfondir les liens financiers. Un système d'intermédiation concernant des livraisons de pétrole au géant énergétique ENI devant permettre de dégager environ 65 millions de dollars. De quoi financer la campagne pour les élections européennes de la Ligue qui promet de changer l'Europe et de faire lever les sanctions économiques adoptées par Bruxelles contre Moscou suite à son conflit avec l'Ukraine.

La polémique en Italie ne cesse d'enfler

On ne sait pas si la transaction a abouti, mais la polémique en Italie ne cesse d'enfler. Matteo Salvini après avoir assuré ne pas connaître Gianluca Savoini, n'a pu nier l'évidence. Il a rencontré en 1992 cet ancien journaliste aux sympathies néofascistes qui lui sert d'intermédiaire via son association culturelle Lombardie-Russie. Ses photos s'étalent dans les pages des journaux italiens : celles sur la Place Rouge de Moscou avec Matteo Salvini, à la table des négociations avec Poutine en octobre dernier, ou encore au début du mois à la réception donnée à Rome au cours de la visite du président russe.

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 Pour l'Europe, il est préférable de dialoguer avec Moscou que d'être entre les mains de la Chine. 

L'opposition demande au ministre de l'Intérieur, également vice-président du Conseil, de s'expliquer. « Je n'ai jamais pris un euro, un rouble, un dollar ou un litre de vodka de financement », a-t-il raillé avant de préciser que l'enquête n'aboutira à rien si ce n'est à l'évidence que « les rapports avec la Russie sont fondamentaux », que « Poutine est un grand homme d'Etat » et que « pour l'Europe, il est préférable de dialoguer avec Moscou que d'être entre les mains de la Chine. Je suis juste coupable d'avoir de bons rapports avec la Russie. »

Vieille tradition italo-russe

Il ne fait que suivre une vieille tradition. L'Italie, fidèle vassale de Washington, avait également le parti communiste le plus puissant d'Europe occidentale . Des liens qui n'ont fait que se renforcer après la disparition de l'URSS. Avant l'adoption des sanctions contre Moscou, Rome était son quatrième partenaire commercial et le troisième parmi les pays de l'UE, avec des échanges s'élevant à 37 milliards d'euros par an.

Des échanges facilités par la solide amitié entre Silvio Berlusconi et Vladimir Poutine . Un président russe pour lequel Matteo Salvini affiche ostensiblement son estime. De la reconnaissance également pour des financements illégaux ? C'est la question que souhaitent lui poser les parlementaires italiens devant lesquels il refuse pour l'instant de se présenter, dénonçant des « ragots fantaisistes ».

« Cinquième colonne russe contre l'Europe »

Ce n'est pas l'avis du président du conseil Giuseppe Conte, qui évoquera l'affaire devant le Sénat le 24 juillet prochain. Ni, surtout, du directeur des services de renseignements italiens. Au cours d'une audition parlementaire, cette semaine, il a affirmé que « les opérations d'influence russes dans la Péninsule remontent à longtemps, n'ont jamais cessé et représentent une menace pour la sécurité nationale. » Pour l'ancien président du Conseil, Enrico Letta, le ministre de l'Intérieur devrait démissionner : « Il est devenu encore plus clair que Matteo Salvini se propose d'être la cinquième colonne russe contre l'Europe. »

Olivier Tosseri  (Correspondant à Rome)

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