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"Stop, assez pleuré" en Europe, plaide Enrico Letta

Pour l'ancien président du conseil italien et président de l'institut Jacques Delors, l'Union doit au plus vite tourner la page britannique et repartir de l'avant en investissant massivement.

"Stop, assez pleuré!", tonne sur BFM Business Enrico Letta, ancien président du conseil italien à propos de la sortie des Britanniques de l'Union européenne. Il est même temps selon lui de profiter de ce départ en levant tous les blocages imposés par la Grande-Bretagne lorsqu'elle était membre de l'UE.

"Il faut tirer profit des veto britanniques. Ils ont bloqué l'Europe sur beaucoup de sujets. Prenez la taxation, ils ont mis un veto sur toute harmonisation fiscale donc en Europe, on a la même monnaie et on a à l'intérieur de la zone des paradis fiscaux: le Luxembourg, l'Irlande. (...) Maintenant, il faut surmonter ces veto", insiste le président de l'institut Jacques Delors qui salue le durcissement de ton opéré par les européens dans leurs négociations actuelles avec les britanniques.

"Il n'y a qu'une solution possible: il faut mettre plus d'argent"

Petit problème néanmoins, le départ des britanniques entraîne un trou dans le budget européen (12 milliards d'euros rien qu'en 2021), le pays étant un contributeur net alors que les défis pour l'Union sont énormes.

Pour Enrico Letta, la solution se résume en un mot: investir. "Je pense que le débat sur le budget va être le premier moment où on va comprendre si cette relance va être sérieuse ou pas, parce que les britanniques qui sortent c'est de l'argent en moins et des politiques en plus. Il n'y a qu'une solution possible: il faut mettre plus d'argent parce qu'on sait tous que le budget européen, c'est 1% de la richesse européenne donc c'est un budget très très mince. Il faut que ça passe au moins à 1,3-1,4%. Si on reste à 1%, ça veut dire que ça va être une année de faillite ou de retour en arrière. On ne peut pas rester avec 1%, on ne va pas être capable de tenir le cap de toutes ces nouvelles missions, ces nouvelles ambitions".

Et de plaider pour des changements importants des règles du jeu. "Il faut une relance budgétaire avec de nouvelles règles, il faut pousser l'investissement en Europe qui a été le grand malade des dernières années" sans plomber la dette ou le déficit. Comment? "Tout investissement par exemple sur le green deal doit être hors des règles budgétaires européennes. Il faut faire des choix forts sur ce sujet sinon ça ne va jamais aller dans la bonne direction (...) bref, il faut trouver de l'argent pour rendre le budget européen plus fort", souligne Enrico Letta. En mettant en place de nouvelles taxes, notamment celles touchant les GAFA, à condition d'être "très ambitieux" et faire en sorte que l'Europe tienne les revenus de cette taxation.

Olivier Chicheportiche