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Monde

Sur les migrants et la pêche, le torchon brule entre Londres et Paris

Migrants, pêche... ça cogne dure entre le premier ministre Boris Johnson et le président Emmanuel Macron. L’effroi suscité par le décès de 27 migrants lors d’un naufrage survenu au large de Calais jeudi 24 novembre, aura été de courte durée.

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LE BILAN DU NAUFRAGE DE MIGRANTS DANS LA MANCHE EST RAMENÉ À 27 MORTS

27 migrants sont morts noyés dans le naufrage de leur embarcation dans la Manche mercredi alors qu'ils voulaient rejoindre la Grande-Bretagne.

GONZALO FUENTES

L’émoi fut de courte durée. Après l’effroi suscité par le décès de 27 migrants lors d’un naufrage survenu au large de Calais jeudi 24 novembre, Britanniques et Français ont repris le bras de fer musclé  qui les oppose sur ce dossier et sur celui des licences de pêche en zone britannique, dans le cadre du Brexit. Sur l’un comme sur l’autre sujet, ça cogne dur. Ou, pour le dire plus diplomatiquement, l’ambiance est à la mésentente…totale. Remonté à bloc contre l’incapacité de Paris à contrôler la frontière commune, le Premier ministre britannique Boris Johnson exige le "retour de tous les migrants illégaux" en France dans une lettre, qu'il a rendu publique, au Président Emmanuel Macron. En réaction, le ministre de l'intérieur Gérald Darmanin a décidé d'annuler une réunion de crise prévue dimanche 28 novembre avec son homologue Britannique, Priti Patel. Tandis qu' Emmanuel Macron, en déplacement à Rome, n'a pas manqué de tacler ces méthodes "pas sérieuses" de "Bojo". "On ne communique pas d'un dirigeant à l'autre sur ces questions-là par tweets et par lettres qu'on rend publiques. Nous ne sommes pas des lanceurs d'alerte", a-t-il déclaré devant la presse.

Depuis le début de l’année, 23 000 personnes ont ainsi rejoint la Grande-Bretagne, soit trois fois plus qu’en 2020. De son côté, le ministre de l’intérieur Gérald Darmanin, demande à Londres de verser les 63 millions d’euros promis pour financer le renforcement des contrôles sur les côtes. Une aide financière qui découle des accords du Touquet signés en 2003, par un certain Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’intérieur. Ceux-ci actaient grosso modo le déplacement de frontière de la Grande-Bretagne vers la France. Du coup, de Jean-Luc Mélanchon à Valérie Pécresse en passant par Xavier Bertrand, les candidat à la présidentielle s'emparent du sujet, en annonçant leur intentions de dénoncer cet accord.  

Mais Emmanuel Macron entend aussi ne rien lâcher sur le dossier des licences à accorder aux chalutiers français, l'autre dossier qui empoisonne les relations franco-britanniques. Tandis que les pêcheurs français ont entamé des opérations coup de poing dans plusieurs ports français, afin de barrer la route aux marchandises britanniques, Paris accuse Londres de ne pas respecter l'accord sur le Brexit en restreignant sciemment le nombre d’autorisation de pêche pour permettant aux navires français de continuer à poser leur filets dans les eaux britanniques.

Sur la pêche, chacun campe sur ses positions      

Pour le moment, chacun reste sur ses positions. D’un côté les britanniques affirment que 98% des licences ont été accordées aux États Membre de l’Union. De l’autre, Annick Girardin, ministre de la pêche, estime que le compte n’y est pas. Avec 961 licences accordées aux bateaux français, seulement 80% des dossiers ont été réglés, précise t-elle tout en appelant à "continuer le combat" pour arracher 150 à 200 licences de plus. Le litige se concentre désormais sur l’octroi de permis aux petits chalutiers pour qu’ils puissent poser leurs filets dans les 6 à 12 milles nautiques des côtes britanniques et des îles anglo-normandes (Jersey, Guernesey). Mais comme ces bateaux ne sont pas équipés de traceurs GPS, les britanniques ont beau jeu de leur refuser le précieux sésame. "Leur mauvaise foi est totale", tempête François Xavier Bellamy, rapporteur au sein de la commission pêche du parlement Européen. "Ils refusent même les factures de ventes sur lesquelles sont mentionnées le lieu de pêche du poisson, comme argument de preuve". 

Dans cette guerre du poisson, tous les coups de Trafalgar sont permis. Tandis que Paris a brandi la menace de sanctions économiques, Londres a misé sur la division du camp adverse. "Ce n’est pas un hasard si les pêcheurs normands ont reçu plus de licences que les bretons et plus encore ceux des Hauts de France", s’agace un proche du dossier. De même qu’à l’échelon européen les Britanniques ont été plus généreux en licences avec les autres pays membres concernés afin, espéraient-ils, de les désolidariser de Paris. "Mais la manœuvre a échoué", constate Elvire Fabry, chercheur senior à l'Institut Jacques Delors. Bruxelles demande, en effet, à Londres de régler le contentieux pour le 10 décembre. 

Un enjeu de politique intérieure   

 Pas sûr que Boris Johnson prenne cet ultimatum au sérieux. Céder du terrain dans cette affaire, comme sur celle des migrants, reviendrait à renier sa promesse de "reprise du contrôle des frontières", pilier de sa campagne du Brexit. Du coup, renvoyer la France dans ses buts constituerait une victoire totémique, pour le Premier ministre britannique. Alors que l’opinion publique reste pour le moins sceptique quant aux bienfaits du divorce avec l’Union. Mais le Président Emmanuel Macron doit -lui aussi- se montrer inflexible  face à "Bojo", afin de ne pas risquer d’écorner sa popularité, à quelques moins de la présidentielle. Autant dire que le retour à  l’"Entente cordiale" n’est pas pour demain.   

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