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Décryptage

Le Brexit peut-il perturber les élections européennes ?

A quatre mois du scrutin, de nombreuses inconnues entourent les modalités de sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne.

Les sièges d'eurodéputés britanniques au Parlement de Strasbourg ont déjà été supprimés ou répartis entre les autres Etats membres.
Les sièges d'eurodéputés britanniques au Parlement de Strasbourg ont déjà été supprimés ou répartis entre les autres Etats membres. (Shutterstock)

Par Alexandre Rousset

Publié le 22 janv. 2019 à 13:07

C'est un scénario que l'Union européenne cherche à tout prix à éviter mais qui pourrait bien se produire. Face à l'incertitude qui entoure l'issue des négociations sur le Brexit , le calendrier de la sortie officielle du Royaume-Uni risque d'entrer en collision avec les élections européennes , prévues le 26 mai.

En vertu de l'article 50 du traité sur l'Union européenne, qui encadre la procédure du Brexit, les instances communautaires avaient pourtant pris les devants en fixant comme limite le 29 mars pour la sortie définitive du Royaume-Uni. L'objectif était alors clair : boucler le dossier du Brexit avant le scrutin du mois de mai.

Logistique complexe

Mais devant une situation de plus en plus complexe, l'idée de repousser cette date butoir est désormais évoquée à Bruxelles. « Une prolongation après le 29 mars est possible mais pas au-delà du 30 juin car le nouveau Parlement européen sera constitué », a récemment indiqué un diplomate européen.

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Repousser les élections est tout simplement inimaginable

Que faire si les négociations traînent toutefois au-delà du 30 juin ? Face à ce cas de figure inédit, la réponse est peu évidente. Hors de question en tout cas de repousser la date des élections européennes. « C'est une élection à la logistique complexe, qui s'organise simultanément dans 27 pays. La repousser est tout simplement inimaginable », prévient Thierry Chopin, professeur de science politique à l'Université catholique de Lille et conseiller spécial à l'Institut Jacques Delors.

Les sièges redistribués

Autre souci, les 73 sièges de députés européens réservés au Royaume-Uni ont été supprimés ou répartis entre les autres Etats membres en vue du scrutin de 2019. La plupart des pays ont ainsi gagné des sièges supplémentaires. La France, par exemple, en a récupéré 5 et en compte maintenant 79. Difficile d'imaginer ces pays renoncer à cette influence supplémentaire dans l'hémicycle. De plus, les partis nationaux ont pour la plupart déjà dressé leurs listes de candidats en fonction des sièges potentiellement gagnables.

Si le Royaume-Uni devait prolonger sa présence dans l'Union européenne, une autre piste est à l'étude pour permettre aux citoyens britanniques d'êtres représentés au Parlement européen jusqu'à la sortie définitive du Royaume-Uni : « Une des solutions pourrait être d'envoyer comme parlementaires britanniques des députés désignés directement par Westminster de manière intérimaire après avoir vérifié toutefois la validité juridique d'un tel dispositif. », détaille Thierry Chopin. Ce serait la solution la plus raisonnable ».

Le Brexit soude les Européens

Avant d'arriver à une telle éventualité, un autre risque subsiste : que le prolongement de l'imbroglio sur le Brexit ne perturbe, voire n'éclipse la campagne électorale des Européennes.

Sur ce point, Thierry Chopin note que le Brexit pourrait accroître l'intérêt des électeurs pour ce scrutin : « Le référendum britannique et les négociations sur le Brexit ont eu un impact positif sur les citoyens vis-à-vis de leur participation à l'Union européenne. Les enquêtes montrent que les opinions publiques sont devenues plus favorables à l'UE et que, dans aucun Etat membre on ne trouve de majorité europhobe en faveur de la sortie de l'Union, même dans les pays où l'euroscepticisme est fort ».

Selon le politologue, les négociations laborieuses entre Londres et Bruxelles et les craintes pesant sur l'économie britannique ont fait prendre conscience aux citoyens européens que quitter l'Union européenne n'était ni simple, ni forcément bénéfique.

Il note toutefois que l'hypothèse d'un nouveau référendum proposé aux Britanniques pourrait servir d'argument aux eurosceptiques. « Cela pourrait alimenter le discours de certains partis populistes qui accusent l'Europe de ne pas être démocratique, en disant par exemple : « on nous fait voter et revoter jusqu'à ce que le résultat leur convienne » », prévient-il. Reste à savoir si les Britanniques en viendront effectivement à organiser ce nouveau référendum. Une inconnue parmi tant d'autres, dans cet inextricable feuilleton du Brexit.

Alexandre Rousset

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