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TRIBUNE. "L'Europe, c'est d'abord la liberté et le respect du droit"

A six semaines des élections européennes, Denis Simonneau, président d'EuropaNova et Sébastien Maillard, directeur de l'Institut Jacques Delors, veulent que "la priorité soit donnée aux critères de Copenhague" et non à ceux de Maastricht.

Denis Simonneau et Sébastien Maillard , Mis à jour le
Le 26 mai prochain, se  dérouleront les élections européennes. A l'aune de ce scrutin, Denis Simonneau et Sébastien Maillard partagent leurs réflexions.
Le 26 mai prochain, se dérouleront les élections européennes. A l'aune de ce scrutin, Denis Simonneau et Sébastien Maillard partagent leurs réflexions. © Sipa

Voici la tribune pour le Journal du dimanche de Denis Simonneau, président d'EuropaNova et Sébastien Maillard, directeur de l'Institut Jacques Delors : "La perspective des prochaines élections européennes de la fin du mois de mai permet de s’interroger sur ce qui nous rassemble. La question des valeurs, souvent négligée, mérite d’être rappelée et conduit à se demander : comment a-t-on pu oublier les critères de Copenhague? Que disent les chefs d’État et de gouvernement réunis dans la capitale danoise en 1993?

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Pour entrer dans l’Union Européenne, il convient de respecter trois critères :

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  • Un critère économique (l’existence d’une économie de marché viable et la capacité à faire face aux forces du marché et à la pression concurrentielle à l’intérieur de l’Union) ;
  • Une reprise de l’acquis communautaire (c’est-à-dire des quelques 300 directives qui constituent le socle de la réglementation communautaire, essentiellement le marché unique à l’époque)
  • Un critère politique. Ce dernier – et non des moindres – exige la présence d’institutions stables garantissant la démocratie, l’État de droit, les droits de l’Homme, le respect des minorités et leur protection.
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La crise financière de 2008 a conduit la zone euro au bord du gouffre, mettant en exergue les 'critères de Maastricht'

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La crise financière de 2008 - qui s’est transformée en crise économique puis sociale, avec d’importantes répercussions sur la dette souveraine - a conduit certains États membres, et la zone euro elle-même, au bord du gouffre. Elle a mis en exergue les - désormais fameux - 'critères de Maastricht' : stabilité des prix, déficit public inférieur à 3% du PIB, dette publique inférieure à 60% et taux d’intérêt à long terme maîtrisés.

Dans l’opinion publique, le rejet de l’Union Européenne est souvent associé à cette 'Europe maastrichtienne' qui sonne comme un coup de trique pour des citoyens européens assommés de prélèvements, privés d’augmentations salariales et sevrés d’aides sociales. En effet, alors que le Conseil Européen de Lisbonne, en 2000, leur promettait de 'faire de l’Union en 2010 l’économie la plus compétitive et la plus dynamique du monde', les Européens se sont retrouvés plus affaiblis que jamais avec un taux de chômage supérieur à 10% dans certains États membres et dépassant largement les 25% pour les jeunes de moins de 25 ans.

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Il serait temps de se réapproprier les critères de Copenhague

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Comment convaincre les électeurs des bénéfices de l’Union Européenne dans un tel contexte, quand l’accès à l’emploi, au logement ou au bien-être, est rendu si difficile? Comment envisager une Europe qui protège quand les perspectives d’avenir sont compromises, quand les services publics se contractent, quand les inégalités se creusent?

En corrigeant les dysfonctionnements de l’économie bien sûr, ce qui est loin d’être simple, mais aussi à travers une voie qui n’a pas été assez creusée ; en réhabilitant les critères - non pas de Maastricht mais - de Copenhague.

A l’heure où certains États membres bafouent l’État de droit, veulent mettre le système judiciaire sous contrôle ; alors que les jeunes générations sont attachées, légitimement, à leur liberté et à leurs acquis en la matière, il serait temps de se réapproprier les critères de Copenhague, et, singulièrement, le critère politique qui illustre nos valeurs communes.

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Comment convaincre les électeurs des bénéfices de l’Union Européenne dans un tel contexte?

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S’il ne constitue pas le seul héritage de l’Union, il en est un fondement et une claire marque distinctive, lorsque l’on voyage ou vit à l’étranger. Quel ensemble au monde peut en effet se targuer de défendre la liberté d’expression, celle de la presse, l’indépendance de la justice, la tenue d’élections libres, le respect des minorités, le rejet de la peine de mort, si ce n’est l’Union Européenne? Sa Charte des Droits fondamentaux constitue le texte le plus abouti en la matière et sa Cour de Justice veille à son respect.

Il ne faudrait pas, à la faveur d’une arrivée en nombre de députés europhobes, que les quelques gouvernements qui remettent en cause ces acquis précieux puissent imaginer gouverner en toute impunité et sans perspective d’exclusion. Il est donc urgent, à l’occasion de la campagne pour les élections européennes, de redonner la priorité aux critères de Copenhague!"

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