Publicité

UE: feu vert sous conditions de la Commission pour l'adhésion de l'Ukraine et de la Moldavie

Cette proposition sera étudiée les 23 et 24 juin, lors du sommet du sommet européen.

Correspondante à Bruxelles

Une Europe à 30 ou à 35 à l'horizon 2040 ? C'est le scénario qui se profile désormais alors que l'Union doit répondre au changement radical de paradigme imposé par la Russie sur le continent. Ursula von der Leyen a dévoilé vendredi les avis de la Commission sur les candidatures d'adhésion à l'UE que l'Ukraine, la Moldavie et la Géorgie avaient déposées quelques jours après le début de l'invasion russe.

Bruxelles recommande aux Vingt-Sept d'offrir à l'Ukraine et à la Moldavie une perspective d'adhésion à l'UE mais aussi de leur accorder dès maintenant le statut de pays candidat. Quant à la Géorgie, la Commission ne va pas au-delà de la seule perspective d'entrée un jour dans l'UE. La promesse est donc, à ce stade, plus hypothétique, au mieux lointaine.

« Nous savons tous que les Ukrainiens sont prêts à mourir pour défendre leurs aspirations européennes. Nous voulons qu'ils vivent avec nous, pour le rêve européen », a justifié « VDL », soulignant que ce pays « a clairement démontré l'aspiration du pays et sa détermination à respecter les valeurs et les normes européennes ». Le président Zelensky a salué la décision de la Commission. « C'est la première étape sur la voie de l'adhésion à l'UE, qui nous rapprochera certainement de notre victoire. Je suis reconnaissant à Ursula von der Leyen et à chaque membre de la Commission pour cette décision historique. J'attends le résultat positif du Conseil européen la semaine prochaine », a-t-il réagi sur Twitter.

Bien évidemment, les positions défendues la veille à Kiev par les dirigeants des trois pays les plus importants de l'UE - l'Allemand Olaf Scholz, l'Italien Mario Draghi et Emmanuel Macron au titre de la présidence française de l'UE -, et selon lesquelles le statut de candidat devait être donné à l'Ukraine, ont pesé sur les avis rendus par l'exécutif européen.

À VOIR AUSSI - Ukraine: la Commission européenne favorable à un statut de candidat à l'UE

Ursula von der Leyen s'est employée à motiver les décisions de la Commission alors que l'Ukraine et la Moldavie ont bénéficié d'une analyse exprès de leur candidature. Elle a vanté « une démocratie présidentielle et parlementaire très solide », « une administration publique qui fonctionne très bien et qui a permis de faire fonctionner le pays pendant cette guerre » et qui continue à se moderniser, le « succès » de la réforme de la décentralisation, « une économie de marché pleinement opérationnelle », etc. « VDL » a aussi souligné que, grâce à l'accord d'association qui lie l'Ukraine à l'UE depuis 2016, ce pays a d'ores et déjà « mis en œuvre environ 70 % de l'acquis de l'Union - c'est-à-dire les règles, les standards et les normes ».

L'UE face à des bouleversements majeurs

À entendre Sébastien Maillard, le directeur de l'Institut Jacques Delors, cela ne veut pas dire grand-chose. « Ce n'est pas parce que 70% du droit européen a été intégré dans le droit ukrainien qu'il est forcément appliqué. Une adhésion n'est pas un exercice de copier-coller. »

À l'inverse, la présidente de la Commission n'a pas caché que de nombreux progrès étaient aussi attendus de la part de Kiev. Si les organes anticorruption sont en place, ils doivent maintenant devenir « pleinement opérationnels ». Même chose pour la loi contre les oligarques qui a été votée mais doit être mise en œuvre. « Beaucoup a été accompli, mais, bien sûr, il reste un travail important », a-t-elle résumé.

Le message s'adresse tout autant aux autorités ukrainiennes qu'aux États membres les plus vigilants sur les perspectives données à l'Ukraine et à la Moldavie, notamment les Pays-Bas, le Danemark ou encore l'Autriche et la Belgique. Pour les rassurer, la Commission a décidé d'imposer à l'Ukraine et à la Moldavie des objectifs à remplir avant que les négociations d'adhésion - dont il faudra aussi définir les paramètres - puissent être lancées. « VDL » a également répété à plusieurs reprises que le processus d'adhésion est « réversible ». Traduction : sans volonté tangible du pays concerné de progresser il peut s'interrompre. Bruxelles veut prendre des précautions alors que beaucoup ont en tête les adhésions trop rapides de la Bulgarie et de la Roumanie, deux pays également minés par la corruption.

L'éventualité de plus en plus probable de voir l'Ukraine rejoindre à terme l'UE est un défi pour les Européens, au regard de la population et de la superficie de ce pays, mais aussi des fonds structurels dont il bénéficiera. La pression va aussi monter pour accélérer l'intégration d'une partie des cinq autres pays des Balkans occidentaux ayant d'ores et déjà le statut de candidat. L'UE est face à des bouleversements majeurs, qui ne sont pas sans rappeler les décisions prises dans les années 1990 pour accueillir les ex-pays communistes d'Europe de l'Est. Des changements de gouvernance s'imposeraient aussi. « On ne peut pas fonctionner à 35 comme on fonctionne à 15 ou à 27 », estime un diplomate européen.


À VOIR AUSSI - L'Ukraine «prête à travailler» pour devenir «membre de plein droit» de l'UE

UE: feu vert sous conditions de la Commission pour l'adhésion de l'Ukraine et de la Moldavie

S'ABONNER
Partager

Partager via :

Plus d'options

S'abonner
155 commentaires
  • Anarcap05

    le

    Donner un statut de candidats à une démocratie en construction, cecom donner une carte d’identité à un fœtus en gestation.

  • Jepino

    le

    Nous avons bien fait d'élire Ursula von der Leyen...

  • vladimir

    le

    l'europe à 30 ou 35 c'est son éclatement.

À lire aussi