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People attend a demonstration called by unions to protest against the Porto Social Summit hosted by the Portuguese presidency of the Council of the European Union, in Porto on May 8, 2021. (Photo by MIGUEL RIOPA / AFP)
MIGUEL RIOPA / AFP

Une « Europe sociale forte » est-elle possible ?

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Publié le 06 juin 2021 à 17h00, modifié le 07 juin 2021 à 07h00

Temps de Lecture 8 min.

« L’Europe, elle te dépouille ou elle te sauve, ça dépend des années », juge Filipe Costa, du haut de ses 19 ans. L’histoire de ce jeune Portugais et de sa famille résume à elle seule les errements des politiques européennes depuis quinze ans. Au début de la crise des dettes souveraines de 2010, sa mère, chef de cuisine, a perdu son emploi. Le Portugal s’enfonçait alors dans une douloureuse récession, aggravée par les mesures d’austérité imposées au pays par la troïka (Fonds monétaire international, Commission et Banque centrale européenne). « Il n’y avait plus de boulot, plus d’espoir, tout le monde partait. Alors, comme beaucoup d’autres, on a émigré au Brésil », raconte Filipe, qui avait 9 ans à l’époque.

En 2016, sa mère et lui sont revenus à Lisbonne, au moment où l’économie portugaise redécollait, grâce au tourisme. En 2019, le jeune homme a quitté le lycée pour travailler dans l’un des restaurants de la capitale. « C’était l’euphorie, mais tout s’est effondré avec le Covid : je me suis retrouvé sur le carreau. » Jusqu’à ce qu’il intègre une formation de mécanicien fin 2020 grâce à « Garantia Jovem », la « garantie jeunes » : un dispositif qui aide les jeunes sans formation à se réinsérer, avec des financements européens. « Voilà : l’Europe nous a chassés et, maintenant, elle m’aide à relever la tête, conclut-il. Mais qui sait si ça va durer ? »

Soutenir les jeunes, aider ceux qui ont perdu leur emploi durant la pandémie, ne pas commettre les mêmes erreurs qu’en 2010 : telles sont les promesses que les dirigeants européens mettent aujourd’hui sur la table pour le monde d’après. « Pendant la crise, le modèle social européen a été bien plus protecteur que celui des Etats-Unis », souligne Clément Beaune, le secrétaire d’Etat chargé des affaires européennes. Cela, avec le chômage partiel financé en partie par des emprunts européens (le programme SURE), les aides déployées pour les ménages et les entreprises ou, encore, le plan de relance de 750 milliards d’euros, égrène-t-il.

Parce qu’il en faudra bien plus pour effacer les séquelles que la pandémie laissera sur nos économies, les pays membres ont pris trois engagements supplémentaires lors du sommet social de Porto, les 7 et 8 mai : réduire de 15 millions le nombre de personnes menacées par la précarité en Europe, porter à 78 % la part des 20-64 ans en emploi et assurer qu’au moins 60 % des adultes suivent une formation tous les ans – le tout, d’ici à 2030. Une sacrée gageure lorsque l’on sait que le taux d’emploi ne dépasse guère les 60 % en Italie ou en Grèce et que le taux de pauvreté culmine à plus de 20 % en Bulgarie, en Lettonie ou en Estonie. « Nous allons construire une Europe sociale forte », assure régulièrement la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen.

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