Union européenne : les demandes d'asile au plus haut depuis sept ans

Les demandes d'asile auprès des pays de l'Union européenne ont continué à progresser en 2023, pour la troisième année consécutive. L'Agence de l'UE pour l'asile a enregistré 1,14 million de candidatures, selon un bilan publié ce mercredi, soit 18 % de plus qu'en 2022.

On reste en dessous, toutefois, du pic de 1,3 million atteint en 2015, au plus fort de la crise syrienne. Les 4,4 millions de réfugiés ukrainiens , qui bénéficient d'un statut à part, ne sont pas comptabilisés dans ces chiffres.

« Il ne s'agit plus d'un rebond consécutif à la crise sanitaire, la progression est forte et continue, commente Jérôme Vignon, expert des migrations à l'institut Jacques-Delors. C'est le résultat d'une poussée des insécurités politiques et d'une persistance de conflits dans de nombreux pays. Les raisons sont avant tout géopolitiques ».

Treize ans après le début de la guerre en Syrie, ce pays arabe demeure la première source de demandes d'asile auprès de l'Union européenne. Quelque 181.000 Syriens ont demandé l'asile en Europe l'an dernier, une hausse de 38 % par rapport à 2022. Les Afghans fuyant le régime des talibans sont toujours en deuxième position, mais le nombre de demandeurs recule (-11 % sur un an).

Première destination : l'Allemagne

Les demandes turques (101.000) sont en nette augmentation, majoritairement pour l'Allemagne. Elles sont suivies par les Vénézuéliens et Colombiens (60.000 chacun), pour l'Espagne essentiellement. Enfin, l'agence a constaté une forte hausse des demandes de la part de Palestiniens en fin d'année, conséquence directe de la guerre à Gaza . Les chiffres pour les Palestiniens, à un niveau record, restent cependant modestes (11.600 demandes).

L'Allemagne est le pays recevant le plus de dossiers : 334.000 l'an dernier, soit près d'un tiers du total. C'est plus que la France (167.000) et l'Espagne (162.000) additionnées. L'Italie est en quatrième position (136.000 demandeurs). Rapporté au poids de sa population, c'est Chypre qui arrive en tête, suivi de l'Autriche et de la Grèce. La pression, rapportée à la population, est également importante en Belgique ou en Estonie, note l'agence.

Demandes en souffrance

Conséquence de ces flux renforcés, les pays d'accueil peinent à traiter toutes les demandes. Plus de 880.000 dossiers étaient en attente d'une première décision fin 2023 (+39 %), au plus haut depuis 2016. L'Agence européenne pour l'asile a dû prêter main-forte à treize Etats membres.

En 2023, 43 % des demandes d'asile ont été acceptées et le statut de réfugié accordé. C'est le taux le plus élevé depuis 2016. Les taux d'acceptation varient fortement d'une nationalité à l'autre, reflet de la situation dans le pays d'origine. Pour les Syriens, il est supérieur à 80 %, pour les Afghans 61 %. Il est au contraire très faible dans les pays qui ne sont pas en guerre : seuls 5 % des Bangladeshis, 11 % des Pakistanais ou 25 % des Turcs qui en font la demande se voient attribuer le droit d'asile par un pays de l'Union européenne.