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Européen de la semaine

Ursula von der Leyen en route pour un nouveau mandat?

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Ursula von der Leyen sera-t-elle candidate pour un second mandat à la tête de la Commission européenne ? À neuf mois des élections européennes, l’ancienne ministre d’Angela Merkel n’a donné aucun indice sur ses intentions. Mais, lors du discours sur l’état de l’Union européenne prononcé mercredi 13 septembre à Strasbourg devant les eurodéputés, elle a vigoureusement défendu son bilan et donné des gages à la droite européenne.

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, prononce le discours sur l'état de l'Union européenne devant le Parlement européen, à Strasbourg, le 13 septembre 2023.
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, prononce le discours sur l'état de l'Union européenne devant le Parlement européen, à Strasbourg, le 13 septembre 2023. © YVES HERMAN / REUTERS
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Tailleur, brushing impeccable, ton grave et diction parfaite. Ursula von der Leyen prononce ce qui sera son dernier discours sur l’état de l’Union avant les élections européennes et en profite pour dresser le bilan, forcément élogieux, de son premier mandat. « Lorsque je me suis présentée à vous en 2019, avec mon programme pour une Europe verte, numérique et géopolitique, certains avaient des doutes. Mais regardez où en est l’Europe aujourd’hui ! Nous avons vu naître une Union géopolitique qui soutient l’Ukraine, et qui s’oppose à l’agression russe. Et, nous avons un Pacte vert pour l’Europe dont l’ambition est sans pareil. » 

Même ses adversaires en conviennent : le parcours d’Ursula von der Leyen depuis 2019 est impressionnant. Il faut dire qu’avec le Covid et la guerre en Ukraine, elle aura traversé deux crises majeures en quatre ans. « Elle s’est réalisée et peut être accomplie à travers les crises, note Sébastien Maillard, conseiller spécial à l’Institut Jacques Delors. Au tout début de son mandat, elle était plutôt inexistante, en tout cas, elle prenait assez peu d'initiatives. Mais lorsque est survenue la crise du Covid, puis la guerre en Ukraine, on a vu une présidente de la Commission qui se mettait très en avant pour résoudre ces crises. Bien sûr, elle n’a pas agi seule, elle a agi avec les chefs d'État et de gouvernement, et avec le Parlement européen. Mais elle a montré que la Commission européenne usait et savait user de son droit d'initiative. »

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Isolement et centralisme

Il y a le bilan, mais il y a aussi le style, avec un goût marqué pour la communication et une tendance, souvent pointée par ses critiques, à tout centraliser. « Elle a un mode de fonctionnement très centré sur son cabinet, avec une garde rapprochée allemande, relève Eric Maurice, de la Fondation Robert Schumann. Elle s'est fait installer un studio au 13e étage de Berlaymont, le bâtiment de la Commission, ce qui est considéré à Bruxelles comme le symbole d'une sorte d'isolement et de centralisme. Et en même temps, elle joue beaucoup de la communication, elle a beaucoup communiqué par les réseaux sociaux, par les vidéos. Elle est devenue une incarnation de l'Union, avec un sens de la communication très travaillé qui permet de compenser peut-être la froideur que beaucoup de gens lui attribuent. »

Ursula von der Leyen sera-t-elle candidate pour un nouveau mandat ? Il lui faudra pour cela franchir plusieurs étapes. D’abord, juste après les élections européennes en juin prochain, ce sont les chefs d'État et de gouvernement au sein du Conseil européen qui vont devoir la choisir. À charge pour elle de les convaincre de son bilan et de sa capacité à poursuivre son action. Pour Sébastien Maillard, elle part sur ce chapitre avec un sacré avantage : le soutien, a priori, de la France et de l’Allemagne.

« Elle a reçu indirectement l’appui d’Olaf Scholz, le chancelier allemand, même si elle n'est pas de sa famille politique. Mais c'est sa compatriote et on voit mal l'Allemagne ne pas la soutenir. Par ailleurs, elle a bien sûr le soutien d’Emmanuel Macron, qui l’avait proposée comme candidate en 2019. Et elle a donné des gages à la France, elle a montré qu'elle savait entendre les préoccupations françaises, comme l’illustre ce mercredi l’ouverture d’une enquête antidumping vis-à-vis de la Chine sur les subventions aux véhicules électriques. »

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Barre à droite ?

Pour être reconduite à son poste, Ursula von der Leyen devra obtenir également le feu vert du Parlement. Ce sera une rude épreuve, car l’ancienne ministre d’Angela Merkel n’est même pas assurée du soutien de son propre parti. « Paradoxalement, la force politique qui lui a été le plus hostile ces derniers temps, c'est le Parti populaire européen (PPE), souligne Eric Maurice, de la Fondation Robert Schuman. C’est lui, le PPE, qui a remis en cause certaines parties du Pacte vert, qui est la grande œuvre mise en avant dans son bilan. C'est pour cela qu'elle a beaucoup parlé de politique industrielle et de compétitivité dans son discours, parce qu'elle a besoin aujourd'hui de convaincre son propre parti qu’elle pourrait être la meilleure candidate pour briguer à nouveau la présidence de la Commission. » 

C’est d’ailleurs la grande crainte des partisans du Pacte Vert et de la transition énergétique européenne : voir la Commission se détourner de ces objectifs environnementaux afin de conserver le soutien d’un Parlement européen qui risque de pencher encore plus à droite, à l’issue des prochaines élections.

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