Von der Leyen à l’heure d’un bilan, neuf mois avant les élections européennes

Ursula von der Leyen va prononcer, ce mercredi, son discours sur l’état de l’Union, le dernier de son mandat de présidente de la Commission européenne et l’occasion d’un bilan au moment où tout Bruxelles spécule sur sa volonté d’être candidate à sa succession.

Depuis 2019, Ursula von der Leyen a dû affronter deux crises majeures : la pandémie d’abord, puis la guerre en Ukraine.
Depuis 2019, Ursula von der Leyen a dû affronter deux crises majeures : la pandémie d’abord, puis la guerre en Ukraine. (Olivier Hoslet/EPA)

À neuf mois des élections européennes, qui donneront le coup d’envoi d’un grand chamboulement à la tête des institutions de l’UE, les manœuvres politiques ont commencé et les rumeurs vont bon train. Ursula von der Leyen va-t-elle rempiler pour cinq ans ? L’hypothèse est jugée probable par beaucoup, mais l’intéressée reste muette sur ses projets. « Elle a la ferme intention de travailler jusqu’au dernier jour avec le maximum d’impact », indique simplement Éric Mamer, porte-parole de la Commission européenne. Mais le nom de l’ex-ministre allemande de la Défense a aussi été évoqué pour prendre la suite de Jens Stoltenberg à la tête de l’Otan en octobre 2024.

Deux crises majeures coup sur coup

Von der Leyen à l’heure d’un bilan, neuf mois avant les élections européennes
(Stepan Franko/EPA)

Arrivée à la tête de l’Exécutif de l’UE en 2019, la responsable chrétienne-démocrate a dû affronter deux crises majeures coup sur coup : la pandémie d’abord, puis la guerre en Ukraine. Elle a piloté la mise en place d’un gigantesque plan de relance, l’achat en commun de vaccins, le soutien à Kiev, une stratégie pour sortir de la dépendance énergétique vis-à-vis de la Russie…

Son bilan est loin d’être mauvais

Elle peut aussi se targuer d’avoir fait aboutir une grande partie du Pacte vert, ambitieux plan visant à sabrer les émissions carbone de l’UE dont elle avait fait une priorité. Même s’il est encore inachevé, certains textes faisant l’objet d’une farouche opposition de la part de sa propre famille politique, le PPE, à droite. Elle a, par ailleurs, fait passer deux règlements clés pour encadrer les dérives des géants du numérique.

Parmi les dossiers restant à boucler, l’épineuse réforme de la politique migratoire suscite toujours de difficiles discussions, alors que la hausse des demandes d’asile en Europe met les capacités d’accueil des pays sous pression.

« Son bilan est loin d’être mauvais », souligne Thierry Chopin, conseiller spécial à l’Institut Jacques Delors. « Cette Commission est devenue beaucoup plus géopolitique, et c’était une promesse de sa présidente », ajoute-t-il.

« Message d’encouragement » ?

L’eurodéputé allemand Andreas Schwab, membre comme Ursula von der Leyen de la CDU, s’attend à la voir, ce mercredi, adresser un « message d’encouragement » aux Européens en insistant sur la façon dont l’UE a surmonté les crises. « En même temps, elle va prendre acte du sentiment actuel chez les citoyens qu’il y a trop de bureaucratie européenne, un rythme trop rapide de règlements », avance l’élu. Des préoccupations exprimées par plusieurs dirigeants européens, qui ont appelé à une pause réglementaire en matière environnementale, sur fond de montée de l’extrême droite en Europe. Le 5 septembre, sa prise de position en faveur d’une révision du statut d’espèce protégée accordé au loup a d’ailleurs été interprétée par certains comme une annonce en direction du monde rural et de son propre parti.

À neuf voix près

En 2019, Ursula von der Leyen s’était retrouvée propulsée à la tête de la Commission à l’issue de difficiles tractations entre dirigeants européens. Le nom de cette proche d’Angela Merkel avait été proposé par Emmanuel Macron. Le chef de l’État s’opposait alors à la nomination de l’Allemand Manfred Weber, qui prétendait au poste en tant que candidat désigné du PPE. Elle n’avait toutefois obtenu la confiance du Parlement européen qu’à une courte majorité de neuf voix.

« Rester neutre »

Cette fois, sera-t-elle la candidate du PPE ? Le parti prévoit d’organiser son congrès début 2024, à Bucarest, pour définir son programme et nommer sa tête de liste. Pour Andreas Schwab, Ursula von der Leyen, qui est à la tête d’une équipe où sont représentées différentes familles politiques, ne peut pas se déclarer trop tôt. « Elle va être obligée de rester neutre jusqu’à peut-être fin avril, parce que jusque-là, il faut qu’elle puisse exercer ses responsabilités. À partir de ce moment-là, elle pourra faire campagne », juge-t-il.

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La reconduction d’Ursula von der Leyen dépendrait aussi des rapports de force politiques au sein du prochain Parlement européen, ainsi que des élections à venir en Slovaquie, en Pologne et aux Pays-Bas, qui vont influer sur l’équilibre au Conseil européen regroupant les 27 dirigeants.

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