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Zone euro : la croissance dépasse les attentes, mais l'avenir reste incertain

Au deuxième trimestre, la croissance économique dans la zone euro a fait nettement mieux que prévu, selon Eurostat. Mais une récession n'est pas exclue alors que l'inflation bat un nouveau record.

L'inflation a battu un nouveau record en juillet dans la zone euro.
L'inflation a battu un nouveau record en juillet dans la zone euro. (Bartolomiej Pietrzyk/Shutterstock)

Par Fabienne Schmitt

Publié le 29 juil. 2022 à 13:08Mis à jour le 31 juil. 2022 à 13:40

La croissance économique de la zone euro a battu toutes les estimations au deuxième trimestre, alors que l'inflation n'a jamais été aussi haute et que l'Europe se prépare à la menace d'une coupure totale du gaz russe qui pourrait la plonger dans une récession.

L'économie a progressé de 0,7 % par rapport au trimestre précédent, dopée par un retour massif des touristes en Europe. C'est plus de trois fois ce que les analystes attendaient.

Dans le même temps, reflet des difficultés, l'inflation a battu un nouveau record en juillet à 8,9 %, contre 8,6 % en juin, là aussi dépassant les prévisions, et avec des disparités assez frappantes entre les pays de la zone euro.

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La croissance est surtout tirée par les pays du Sud dont les saisons touristiques embellissent les chiffres, l'Espagne et l'Italie enregistrant les croissances les plus marquées au deuxième trimestre (respectivement + 1,1 % et +1 %). La France arrive juste après (+ 0,5 %) .

« La faiblesse de l'euro a rendu les services plus compétitifs. La dépréciation de 10 % depuis le début de l'année stimule la croissance de 0,4 point sur un an », pointe Ana Boata, directrice de recherche économique d'Alliance Trade. Le mauvais présage vient de l'Allemagne , poumon économique de l'Europe, qui stagne.

Cette reprise inattendue ne doit pas masquer une tout autre réalité : celle d'un avenir qui reste très incertain pour la zone euro déjà fortement perturbée par la crise énergétique. Le spectre d'une récession plane au-dessus des 19 pays partageant la monnaie unique.

Le spectre de la récession

« Beaucoup d'indicateurs montrent que l'Europe connaît actuellement un ralentissement qui va la mener à une récession à la fin de l'année », estime ainsi Samy Chaar, chef économiste de Lombard Odier, qui table néanmoins sur une récession « modérée, plutôt que sévère ».

La crise énergétique pourrait s'aggraver alors que l'inflation record pèse sur la demande. « Le choc d'inflation, initialement causé par la hausse des prix de l'énergie importée, se transforme graduellement en inflation endogène, au fur et à mesure qu'il se transmet dans les salaires et les prix de production », explique Pierre Jaillet, chercheur associé à l'Iris et à l'Institut Jacques Delors.

La production pourrait se contracter, la confiance des investisseurs étant en recul tout comme celle des ménages, au plus bas depuis 2013. Généralement, il s'écoule six mois entre une baisse de confiance et un recul de la consommation. Sans compter la faiblesse du PIB aux Etats-Unis qui effraie tout le monde.

Hausse des prix disparates

Comme la Banque centrale européenne l'a récemment affirmé , l'inflation va rester élevée pendant un certain temps. Les ménages européens sont surtout confrontés à l'envolée des prix alimentaires et ceux des services, en plus des prix de l'énergie même si ces derniers commencent à fléchir.

« La disparité s'accentue dans la zone euro au niveau de l'inflation, observe Pierre Jaillet. Cela reflète le degré de dépendance énergétique des pays, les réponses différentes des plans de soutien au pouvoir d'achat ; la France étant le pays où les mesures ont été les plus importantes. »

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Dans l'Hexagone, qui fait partie des pays de l'Union où l'inflation est plutôt modérée, les prix ont bondi de 6,8 % contre 6,5 % en juin, malgré le plan du gouvernement avec des plafonds de prix pour l'électricité et le gaz naturel.

En Allemagne, l'indice interne des prix à la consommation a légèrement diminué à 7,5 % en juillet mais celui permettant les comparaisons européennes (IPCH) a encore grimpé de 8,2 % à 8,5 %. Berlin entend néanmoins réduire les aides aux ménages dès septembre. « La France et l'Espagne sont plus exposés aux services qu'en Allemagne et le poids de l'alimentaire y pèse plus aussi », justifie Ana Boata.

Deux facteurs pourraient aider à réduire l'inflation d'après une étude d'Alliance Trade : « l'abaissement des barrières non tarifaires au commerce à moins de 50 % » qui réduirait les marges bénéficiaires des entreprises et, à son tour, réduirait l'inflation aux Etats-Unis et dans l'UE ; ainsi que l'atténuation des perturbations de la chaîne d'approvisionnement.

« Aux Etats-Unis, on note de premiers signes de ralentissement de l'inflation, cela va arriver en Europe aussi où on est en train d'atteindre un niveau plafond », projette Samy Chaar.

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Fabienne Schmitt (Correspondante à Bruxelles)

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