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ENTRETIEN. Européennes : « Il faut impliquer les Verts dans la future coalition », selon Enrico Letta

Pour Enrico Letta, ancien chef du gouvernement italien et président de l’Institut Jacques-Delors, les résultats aux élections européennes de dimanche oblige « à élargir la coalition au niveau européen ».

Pour Enrico Letta, ancien chef du gouvernement italien, les résultats aux élections européennes de dimanche oblige « à élargir la coalition au niveau européen».
Pour Enrico Letta, ancien chef du gouvernement italien, les résultats aux élections européennes de dimanche oblige « à élargir la coalition au niveau européen». | AFP PHOTO/FREDERICK FLORIN
  • Pour Enrico Letta, ancien chef du gouvernement italien, les résultats aux élections européennes de dimanche oblige « à élargir la coalition au niveau européen».
    Pour Enrico Letta, ancien chef du gouvernement italien, les résultats aux élections européennes de dimanche oblige « à élargir la coalition au niveau européen». | AFP PHOTO/FREDERICK FLORIN

Enrico Letta, ancien chef du gouvernement italien et président de l’Institut Jacques-Delors, que la participation en hausses aux élections européennes « relégitime le parlement européen et montre que l’Europe gagne en importance dans l’esprit des citoyens ».

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L’institut Jacques-Delors est l’institut de recherche européen fondé en 1996 par Jacques Delors, ex-président de la Commission européenne pendant dix ans. Entretien.Quelles leçons tirez-vous du vote européen ?

Le premier enseignement, c’est la poussée de la participation. Ce qui relégitime le parlement européen et montre que l’Europe gagne en importance dans l’esprit des citoyens. Passer de 42 % à 50 % est un saut significatif, la participation ne cessait de régresser. C’est un grand résultat. Ensuite, nous sommes face à un résultat qui oblige à élargir la coalition au niveau européen, et c’est pour moi une chose également positive. Et j’espère que cet élargissement impliquera aussi les Verts.

Impliquer les Verts, comment ?

Je crois que c’est le groupe des sociaux-démocrates qui doit poser comme condition de son entrée dans une majorité la présence des Verts. J’espère que Timmermans fera ce choix. C’est une manière de consolider la future majorité.

Autres enseignements ?

Troisièmement, la performance des écologistes est très importante. C’est un signal sur le cap que doit prendre l’Europe. Une approche plus moderne, projetée vers l’avenir, plus proche des jeunes. Enfin, les populistes ont été bloqués à l’échelle européenne. Sauf dans deux pays, l’Italie de Salvini et la France de Le Pen. Et puis, bien sûr, il y a Orban qui fait un gros score. Mais ailleurs, hormis en Flandre, la vague n’a pas eu lieu.

Un front anti-populistes ?

Surtout une majorité ample, plus innovante face aux défis qui nous sont posés. Sur le climat, le social, l’humanisme et la technologie. Sur tous ces thèmes, on a besoin de forces innovantes.

Le choix d’Orban, avec 13 députés, sera déterminant pour le sort Parti populaire européen ?

Sincèrement, je ne pense pas. Personnellement, je considère que c’est la Pologne le véritable acteur déterminant. Je pense qu’Orban s’est marginalisé. S’il sort du PPE, il se retrouve dans un coin du Parlement avec Salvini et Le Pen. 13 députés, c’est le poids des Verts français.

Le match se déplace au Conseil à présent, avec les choix décisifs des futurs présidents de la Commission, du Conseil, de la BCE, du Parlement. Vous avez participé au Conseil en tant que Premier ministre italien. À quoi vous attendez-vous ?

Je crois qu’il va falloir adopter une méthode permettant d’exprimer une vision sur l’avenir de l’Europe. Avec la logique des Spitzenkandidaten, je pense qu’on ne va nulle part. L’idée que Weber puisse être président de la Commission a été enterrée par le vote. On a besoin de choix pondérés, identifiant les personnes justes au bon poste. Sans recherche de recettes bruxelloises. Il faut trouver les bonnes personnes. J’en vois au moins trois. Angela Merkel, Michel Barnier et Margrethe Verstager.

Merkel pourrait-elle accepter ?

Avoir quelqu’un en mesure de parler au même niveau que Trump ou Poutine est fondamental dans un monde tel qu’il est aujourd’hui. Je pense qu’ils doivent l’obliger un peu.

C’est une nouvelle Europe qui sort des urnes. L’édifice n’a pas été abattu par une vague souverainiste. C’est un match ouvert ?

Oui, c’est ce qui est intéressant. Une fenêtre d’opportunité est ouverte et il ne faut pas la gâcher. Au fond, c’est déjà ce que nous avons eu avec l’élection de Macron en 2017. Une fenêtre s’était ouverte, et elle n’a pas été utilisée parce que les Allemands ont passé sept mois à constituer un gouvernement. Les Italiens ont viré à droite vers les populistes. Cette fois, il ne faut pas dormir sur le fait que le raz-de-marée populiste n’a pas eu lieu.

L’Italie est dans les mains d’un Salvini très à droite ? Du jamais vu…

Oui, c’est une Italie beaucoup plus à droite incontestablement. Mais les élections européennes sont souvent en Italie l’occasion de flambée, comme Renzi avec ses 40 % en 2014, qui ne durent pas nécessairement. Beaucoup d’Italiens n’ont pas voté, dans un pays où la participation est généralement assez élevée. Il y a donc un potentiel pour évoluer. Surtout que le Parti démocrate a fait un rebond significatif.

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