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Accord sur l'Irlande du Nord : Londres et Bruxelles veulent tourner la page du Brexit

Après des mois de négociations dans la douleur, le Royaume-Uni et l'Union européenne ont trouvé un accord sur le protocole nord-irlandais qui empoisonnait leur relation depuis le Brexit.

Rishi Sunak, Premier ministre britannique, et Ursula von der Leyen, Présidente de la Commission européennes, le 27 février à Windsor.
Rishi Sunak, Premier ministre britannique, et Ursula von der Leyen, Présidente de la Commission européennes, le 27 février à Windsor. (Dan Kitwood/Pool via REUTERS)

Par Ingrid Feuerstein, Karl De Meyer

Publié le 27 févr. 2023 à 15:53Mis à jour le 28 févr. 2023 à 08:47

Pour Rishi Sunak, c'est « un nouveau chapitre ». Pour Ursula von der Leyen, la relation entre le Royaume-Uni et l'Union européenne sera désormais « plus forte ». C'est avec une tonalité inhabituellement conciliante, du moins depuis le Brexit, que les deux leaders européens ont tenu leur conférence de presse lundi après-midi pour annoncer un accord sur le protocole nord-irlandais.

Après avoir frôlé la guerre commerciale au printemps dernier, le Royaume-Uni et l'Union européenne se sont finalement entendus sur un aménagement du cadre douanier et réglementaire pour l'Irlande du Nord. Ce nouvel « accord de Windsor », du nom de la ville à l'Ouest de Londres où il a été annoncé, pourrait tourner la page des tensions diplomatiques depuis le Brexit. « Je salue cette décision importante, qui préservera l'accord du Vendredi saint et protégera notre marché intérieur européen », a réagi le président français Emmanuel Macron sur Twitter lundi soir.

« Nous sommes des alliés »

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C'est en tout cas l'intention affichée par le locataire de Downing Street : « Le Royaume-Uni et l'Union européenne ont eu leurs différends par le passé, mais nous sommes des alliés, des partenaires commerciaux, et des amis », a déclaré Rishi Sunak, à dix jours d'un sommet diplomatique hautement symbolique à Paris. Le Premier ministre britannique a tenu en fin de journée une allocution à la Chambre des communes, dans laquelle il s'est targué d'avoir «retiré toute frontière en mer d'Irlande».

Quant à la présidente de la Commission européenne, elle a rencontré le roi Charles, dans une incursion peu conventionnelle de la monarchie dans les affaires politiques du pays qui en dit long sur la charge symbolique de cet accord.

Depuis le Brexit, la question des contrôles douaniers en mer d'Irlande empoisonne les relations entre le Royaume-Uni et l'UE. Les Britanniques n'ont jamais appliqué le cadre douanier et réglementaire signé par Boris Johnson en 2019. Ce protocole, déterminant pour protéger le marché commun européen, vise à éviter une frontière terrestre entre l'Irlande et l'Irlande du Nord qui risquerait de fragiliser la paix conclue en 1998. En instaurant des contrôles douaniers en mer d'Irlande, ce texte pose toutefois des problèmes pratiques aux entreprises nord-irlandaises qui importent depuis la Grande-Bretagne.

Nouvelle page

Négocié pendant des mois dans la douleur , l' « accord de Windsor » doit répondre à ces difficultés en allégeant les contrôles douaniers sur les biens transitant en mer d'Irlande et destinés uniquement au marché nord-irlandais, et en simplifiant les procédures pour les colis, les importations de médicaments, de plantes ou d'animaux vivants. Le rôle de la Cour de justice de l'UE en Irlande du Nord, une ligne rouge pour la Commission européenne, est maintenu, mais le texte instaure un droit de véto de la part du parlement nord-irlandais sur certaines lois européennes.

A cette occasion, le Royaume-Uni a officiellement abandonné son projet de loi visant à démanteler le protocole nord-irlandais, tandis que la Commission européenne a mis de côté ses menaces de procédures d'infraction.

S'il fonctionne dans la pratique, cet accord pourrait ouvrir une nouvelle ère dans la relation entre le Royaume-Uni et l'Union européenne. Comme l'explique Elvire Fabry, experte de l'Institut Jacques Delors, « cela enlève enfin une énorme épine du pied aux deux parties. Côté britannique et irlandais, ce dossier était un foyer de tensions qui pouvait dégénérer, avec une vraie préoccupation de sécurité publique. Pour l'UE, tout ce qui touche à la sécurité, à l'intégrité du marché intérieur est devenu fondamental. Il n'était vraiment pas bon d'avoir cette porte arrière d'accès au marché commun, qu'on veut au contraire renforcer ».

Convaincre au Royaume-Uni

En attendant l'application de cet accord, Rishi Sunak devra encore convaincre dans son pays, notamment dans le camp des eurosceptiques et celui des unionistes nord-irlandais, farouchement opposés aux contrôles douaniers en mer d'Irlande. Les premières réactions chez les Tories laissent penser qu'une rébellion peut être évitée, contrairement à l'opposition à laquelle s'était heurtée Theresa May en 2019. Les principaux groupes d'opposition au parlement (Labour, SNP) ont annoncé leur intention de voter cet accord. «Le protocole ne sera jamais parfait, c'est un compromis», a déclaré le leader travailliste, Keir Starmer.

L'attitude du DUP, le principal parti unioniste nord-irlandais, reste encore une inconnue. Un an après l'effondrement du gouvernement à Belfast, le DUP refuse toujours de former un gouvernement avec les Républicains du Sinn Fein, tant que le protocole nord-irlandais n'est pas supprimé.

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Les aménagements concédés par l'UE seront-ils suffisants pour convaincre les Unionistes ? Leur leader, Jeffrey Donaldson, a reconnu qu'il y avait « des progrès substantiels » mais considère qu'il y a encore « des zones d'inquiétude ». Si Rishi Sunak parvient à passer ces écueils, il pourra se targuer d'avoir « réalisé le Brexit », comme le voulait le slogan « Get Brexit done » de son prédécesseur.

Karl de Meyer

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