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Pour sauver l’Europe, il faut « valoriser l’attractivité de nos valeurs »

Pour Enrico Letta, ancien premier ministre italien, dans une tribune au « Monde », les raisons de construire l’Europe ne sont plus seulement celles du passé – la paix, la croissance –, mais liées à l’avenir : la souveraineté dans un monde de plus en plus concurrentiel.

Publié le 03 octobre 2017 à 12h22, modifié le 03 octobre 2017 à 12h22 Temps de Lecture 4 min.

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«  Si on constituait un G7 dans vingt ans, il ne compterait plus aucun pays européen ! » (Photo: Enrico Letta en 2014).

Tribune. Lorsque l’intégration européenne a commencé, le monde était peuplé de trois milliards d’habitants, dont un sur six était européen. Dans les deux prochaines décennies, le monde sera peuplé d’environ dix milliards de personnes, dont seulement un sur vingt sera européen. Sur les sept milliards d’humains supplémentaires, il n’y aura aucun Européen : ils seront asiatiques, africains et américains.

L’Union européenne est née dans et pour un monde « eurocentrique ». La nécessité de se redresser après 1945 et la guerre froide, dont le continent était le principal champ d’affrontement, plaçaient l’Europe au cœur des préoccupations mondiales. A la fin des années 1980, la chute du mur de Berlin a encore mis notre partie du monde au centre de la sphère géopolitique.

L’eurocentrisme s’étendait aussi à l’économie. Lors de sa création à l’initiative de Valéry Giscard d’Estaing, en 1975, le G7 (groupe des sept pays les plus riches du monde) était à majorité européenne : il comprenait les quatre grands pays du Vieux Continent. L’Europe représentait un tiers de l’économie mondiale.

Aujourd’hui, le cadre a complètement changé, surtout en raison d’une relation inédite entre modernité et géographie, rendue possible par la diffusion des nouvelles technologies : le pouvoir économique est de plus en plus déterminé par la force démographique. Ce lien n’était pas aussi étroit dans les périodes que je viens de décrire. Un pays pouvait compter un milliard d’habitants et rester en marge de la marche du monde, comme la Chine avant son ouverture commerciale. Grâce à l’accès plus facile à la technologie, la force démographique est devenue un atout, et non plus un poids.

Le centre de gravité du monde s’est déplacé vers l’Asie

Même les plus grands pays européens, avec « seulement » 40, 60 ou 80 millions d’habitants, n’auront aucune chance de soutenir la concurrence croissante du reste du monde. Je ne pense pas seulement aux grands émergents, surnommés les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud), mais aussi à la Turquie, au Mexique, à l’Indonésie, au Vietnam ou encore à la Corée du Sud et au Nigeria. Si on constituait un G7 dans vingt ans, il ne compterait plus aucun pays européen !

Le centre de gravité du monde, on le sait, s’est déplacé vers l’Asie. On résume cette tendance en disant qu’on est en train de « passer de l’Atlantique au Pacifique ». Barack Obama, lorsqu’il était président des Etats‑Unis, a beaucoup travaillé sur sa relation avec les pays de l’Asie‑Pacifique.

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