Crise de la souveraineté : la mondialisation de la guerre en Ukraine. Avec Sylvie Brunel et Pascal Lamy

Un supermarché dans la capitale tunisienne Tunis, le 13 mars 2022. ©AFP - ANIS MILI
Un supermarché dans la capitale tunisienne Tunis, le 13 mars 2022. ©AFP - ANIS MILI
Un supermarché dans la capitale tunisienne Tunis, le 13 mars 2022. ©AFP - ANIS MILI
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Flambée du prix du baril de brut, envolée des cours du maïs et du blé…la guerre en Ukraine et les conséquences de la dépendance des économies nous invitent à repenser notre souveraineté.

Avec
  • Sylvie Brunel Géographe, professeure à l'université Paris IV (Paris-Sorbonne)
  • Pascal Lamy Ancien directeur de l’OMC et président du Forum de Paris pour la Paix

Alors que la farine et le pain manquent déjà dans les rayons de supermarchés de plusieurs pays du Maghreb, la guerre en Ukraine fait grandir les préoccupations sur la souveraineté économique. Cela tombe bien, car depuis la crise du Covid-19, les décideurs politiques français et européens emploient le terme à tout bout de champ. 

Dans quelle mesure la guerre en Ukraine nous invite-t-elle à questionner le fonctionnement du système alimentaire mondial ? Faut-il repenser la souveraineté européenne en matière agricole et énergétique ? Une autonomie commerciale et stratégique de l'Union européenne est-elle possible ?

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Guillaume Erner reçoit la géographe Sylvie Brunel et Pascal Lamy, président du Forum de Paris pour la Paix.

Des sanctions de pénibilité croissante 

Les sanctions ne sont pas à sens unique rappelle Pascal Lamy. Il explicites les mesures prises contre la Russie suivant une échelle de sanctions de pénibilité croissante à quatre niveaux. "Les sanctions financières fonctionnent et ne nous coûtent pas cher. Viennent ensuite les sanctions commerciales sur les exportations russes - l’acier, l’aluminum, la pâte à papier - et en retour l’embargo russe sur leur propres exportations en matière alimentaire. Il faut aussi compter les sanctions digitales et enfin les mesures sur les hydrocarbures". Pour le président du Forum de Paris pour la Paix, ces dernières sanctions sont incontournables. "La guerre coûte à peu près un milliard de dollars par jours à la Russie et nous finançons les deux tiers de ce milliard quotidien en achetant à la Russie du pétrole, du gaz et du charbon".

La crise alimentaire 

Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a mis en garde lundi 14 mars contre les répercussions de la guerre livrée par la Russie en Ukraine, qui risquent de se traduire par "un ouragan de famines_"_ dans de nombreux pays. Sylvie Brunel rappelle le contexte précédent la crise ukrainienne. "On vient de connaître deux ans de pandémie avec des confinements et une explosion du nombre des pauvres dans le monde entier. En novembre 2020, le programme alimentaire mondial qui est la plus grande organisation onusienne d’aide alimentaire au monde a reçu le prix Nobel de la paix. Cent millions de personnes sont venues s’ajouter aux huit-cent millions de personnes qui souffraient de la faim. En France, un million de personnes ont basculé dans l’insécurité alimentaire"

Aujourd’hui, l’invasion de l’Ukraine compromet le tiers du commerce mondial de céréales. "On produit 2,7 milliards de tonnes de céréales dans le monde et 487 millions de tonnes sont échangées ce qui représente environs 15% de la production. Ces échanges conditionnent le prix de la nourriture partout dans le monde". Pour la géographe, l’arme alimentaire est revenue au premier plan des relations internationales. 

Nos invités :

  • Sylvie Brunel : géographe, professeure à l'université Paris IV (Paris-Sorbonne).
  • Pascal Lamy : président du Forum de Paris pour la Paix, ancien directeur de l’OMC.

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