De l'eau dans le gaz sur le marché de l'énergie

Pénurie d'essence en Angleterre en septembre 2021. L'instabilité des prix et sur le marché de l'énergie vont devenir plus fréquente à l'avenir. ©Getty - Geography Photos/Universal Images
Pénurie d'essence en Angleterre en septembre 2021. L'instabilité des prix et sur le marché de l'énergie vont devenir plus fréquente à l'avenir. ©Getty - Geography Photos/Universal Images
Pénurie d'essence en Angleterre en septembre 2021. L'instabilité des prix et sur le marché de l'énergie vont devenir plus fréquente à l'avenir. ©Getty - Geography Photos/Universal Images
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A partir d'aujourd'hui, 1er octobre, le prix du gaz va augmenter de 12,6% en France, plus forte augmentation jamais enregistrée. Alors que l'économie mondiale repart, la volatilité sur le marché de l'énergie fait craindre des pénuries et des conséquences majeures pour le pouvoir d'achat des ménages.

La hausse du prix de l'énergie, particulièrement importante en France, constitue un phénomène mondial principalement lié au redémarrage rapide des échanges mondiaux dans un contexte de reprise économique forte. Alors que le prix de l'électricité a été multiplié par trois depuis octobre 2020, par quatre pour celui du charbon et par six pour celui du gaz, il s'agit de de comprendre les raisons profondes de cette volatilité qui impacte nécessairement la consommation et donc la croissance. 

Dans un premier temps, nous assistons à un effet de rattrapage dans la demande d'énergies fossiles, après plusieurs mois d'arrêts de l'activité économique suite à l'épidémie de Covid-19. La reprise économique forte, notamment dans les secteurs industriels asiatiques, mettent sous pression des stocks d'énergie encore largement insuffisants pour compenser cette hausse rapide de la production. L'augmentation des prix semble ainsi liée à la conjoncture économique mondiale récente. 

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Cependant, cette situation semble aussi être liée à des raisons plus structurelles. Alors que la volonté de "décarboner" les économies se multiplient dans de nombreux pays, comme la Chine, la mise en place de régulations, voire de restrictions de consommation de ces énergies fossiles conduit à une baisse de l'activité et de la production dans certaines centrales; d'autant qu'en Europe, l'augmentation progressive du "prix du carbone" poussent nécessairement à la hausse les prix du charbon ou du gaz, de par la hausse des risques de pénuries.
Par ailleurs, de nombreuses entreprises, comme le géant russe Gazprom, cinquième plus importante industrie gazière du monde, jouent sur cette augmentation du prix du pour limiter leurs exportations et ainsi proposer des services d'extraction et de transport de gaz naturel aux couts toujours plus élevés. 

En France, bien que le gaz et le charbon ne représentent que 5% du mix énergétique, cette spectaculaire envolée des prix a mis au centre de l'actualité le marché unique européen de l'électricité. Celui-ci, qui permet généralement à la France de se protéger des risques de pénuries, est aussi au centre des critiques étant donné qu'il induit un lien tarifaire entre gaz et électricité. Ainsi, bien que le pays soit indépendant d'un point de vue énergétique au travers de ses centrales nucléaires, les foyers français voient donc leurs factures augmenter. 

La question des conséquences économiques et sociales de cette hausse des prix de l'énergie est particulièrement sensible en France, d'autant que le mouvement des "Gilets jaunes" prend ses racines contre l'augmentation du prix de l'essence. Le Premier Ministre Jean Castex, en annonçant, le 30 septembre, la mise en place d'un "bouclier tarifaire" pour protéger les consommateurs, se place dans la logique de certains pays européens, comme l'Espagne et l'Italie, qui ont décidé de limiter les taxes sur l'énergie. 

Dans tout les cas, cette situation peut conduire l'Europe à entamer une réelle réflexion sur sa dépendance énergétique et aux fluctuations des marchés mondiaux, d'autant que l'énergie constitue un enjeu géopolitique majeur, à l'image de la Russie régulièrement accusée de jouer sur les prix du gaz pour faire pression politiquement sur elle et que les 2/3 des énergies consommées en Europe sont fossiles et importées. 

Pour répondre à ces questions électriques, nous avons le plaisir de recevoir Marc Baudry, Professeur des universités et directeur du département d’économie de l’Université Paris Nanterre, Anna Creti, Professeur d’économie à l’université Paris Dauphine, Directrice scientifique de la Chaire Économie du Climat et Thomas Pellerin-Carlin, Directeur du Centre Énergie de l’Institut Jacques Delors. 

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