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Ça fait débat avec Wathi

Démographie dans le monde: les faits et les grandes tendances

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Plusieurs tribunes ont été publiées sur le site de Wathi sur les tendances démographiques et ses implications en Afrique et dans le monde. Vous avez aussi organisé une table ronde sur le sujet en début d’année avec des regards croisés africains et européens sur la démographie dans les deux continents. Vous souhaitez commencer aujourd’hui par nous parler des faits et des tendances sur tous les continents.

Gilles Yabi, responsable du Think tank Wathi
Gilles Yabi, responsable du Think tank Wathi © Samuelle Banga
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Je vais devoir donner plus de chiffres que d’habitude. Selon le dernier rapport du Fonds des Nations unies pour la population (FNUAP), le cap de huit milliards d’humains a été franchi en novembre 2022. C’est un record pour la population mondiale. Évidemment, on sait qu’il y a une marge d’erreur dans un tel décompte, mais les données n’ont jamais été aussi fiables qu’aujourd’hui.

Dans une tribune publiée sur le site de Wathi l’année dernière intitulée « Baisse de la fécondité dans le monde : quelles conséquences pour l’Afrique ? », l’universitaire nigérien, Gado Alzouma, professeur en socio-anthropologie, résumait fort bien les tendances les plus marquantes de la démographie mondiale et relevait notamment la baisse de la fécondité partout dans le monde avec pour conséquence le ralentissement du rythme de la croissance de la population mondiale. Il faut donc bien comprendre que la population continue à augmenter mais qu’elle augmente de moins en moins vite.

La croissance de la population mondiale d'ici à 2050 sera due en majorité à la dynamique de la croissance passée. La fécondité est passée d’une moyenne mondiale de cinq enfants par femme en 1950 à 2,3 en 2021. Elle devrait atteindre 2,1 naissances par femme en 2050, selon les prévisions des Nations unies. 2,1 enfants par femme en âge de procréer, c’est précisément le seuil du renouvellement des générations.

Deux tiers des habitants de la planète vivent aujourd’hui dans des pays ou des territoires où le taux de fécondité est inférieur au seuil de renouvellement et un certain nombre de pays à revenu élevé connaissent déjà une baisse de leur population.

Derrière les évolutions moyennes au niveau de chaque continent, les situations nationales sont contrastées. La seule région du monde qui devrait connaître un déclin démographique entre aujourd’hui et 2050, est l’Europe, où la population devrait diminuer de 7%. Comme le soulignait Gado Alzouma dans sa tribune, tous les pays européens sans exception ont une fécondité en dessous du seuil de remplacement des générations. L’Europe de l’Est est particulièrement concernée, avec l’effet combiné de la faible natalité et d’une émigration assez massive vers d’autres pays européens.

En Europe occidentale, un pays comme l’Italie voit sa population baisser depuis quelques années malgré les apports migratoires, passant de 60 millions en 2017 à un peu moins de 59 millions en 2023, avec une prévision à 52 millions en 2050. La prévision est d’environ 79 millions en 2050 pour l’Allemagne, contre 83 millions d’habitants aujourd’hui. Quant à la population de la France métropolitaine, elle passerait de plus de 64 millions d’âmes cette année à près de 66 millions en 2050, avant de passer en dessous de 64 millions en 2070. L’indice de fécondité en France est actuellement de 1,79 enfant par femme.

Grand bouleversement cette année en Asie, la Chine a perdu sa place de pays le plus peuplé au monde, au profit de l’Inde, avec ses 1,428 milliard d’habitants.

La Chine a vu sa population baisser pour la première fois entre 2022 et 2023, ce qui suscite beaucoup d’inquiétudes pour sa croissance économique à partir de maintenant. Sa population active avait déjà commencé à diminuer. Le taux de fécondité en Chine est actuellement de 1,19 enfant par femme, contre 2 en Inde, et les mesures de relance de la natalité ces dernières années, aux antipodes de l’ancienne fameuse politique de l’enfant unique, ne donnent pas de résultat.

En 2050, derrière les deux géants asiatiques, l’Inde et la Chine, on devrait retrouver le Nigeria en troisième position avec plus de 377 millions d’habitants, juste devant les États-Unis. Deux autres pays africains, la République démocratique du Congo et l’Éthiopie, dans cet ordre, feront aussi partie des dix puissances démographiques de la planète en 2050 au huitième et neuvième rang, derrière le Brésil et devant le Bangladesh.

Pour aller plus loin :

Regards croisés sur les perspectives démographiques en Afrique et en Europe, Table ronde virtuelle, Wathi et Institut Jacques Delors

Fonds des Nations unies pour la population (FNUAP), État de la population mondiale 2023

Site internet de l’Institut national d’études démographiques, avec des données, des cartes interactives, des projections pour tous les pays dans le monde

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