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Décryptage

Elections européennes : la question migratoire ne domine pas partout

L'immigration préoccupe de plus en plus les Européens à l'approche du scrutin du 9 juin. Mais le sujet n'est pas en tête des inquiétudes des électeurs partout dans les vingt-sept pays de l'UE.

Congrès de l'AfD du Brandebourg, en Allemagne, le 6 avril. Le thème de l'immigration figure en tête des préoccupations des électeurs allemands.
Congrès de l'AfD du Brandebourg, en Allemagne, le 6 avril. Le thème de l'immigration figure en tête des préoccupations des électeurs allemands. (Monika Skolimowska/DPA/AFP)

Par Vincent Collen

Publié le 10 avr. 2024 à 16:09Mis à jour le 10 avr. 2024 à 16:17

A moins de deux mois des élections européennes, tous les sondages président une poussée des droites extrêmes et radicales dans le futur Parlement de Strasbourg. C'est le signe de l'importance prise par le thème de l'immigration dans la campagne électorale à travers l'Union européenne, même si l'immigration n'est pas le seul thème porté par le Rassemblement national en France, l'AfD en Allemagne, Vox en Espagne ou encore les Fratelli d'Italia de Giorgia Meloni.

Le dernier Eurobaromètre de la Commission, publié en fin d'année dernière, le confirme : « Près de trois personnes interrogées sur dix (28 %) considèrent que l'immigration est l'un des deux problèmes les plus importants auxquels doit faire face l'UE actuellement », au même niveau que la guerre en Ukraine. Cette proportion a augmenté de quatre points en six mois. D'autres thèmes comme le changement climatique, l'économie, le chômage ou la santé reculent au contraire dans les principales préoccupations de la population des Vingt-Sept.

Un sujet polarisant

Le tableau est loin d'être uniforme cependant. L'immigration ressort comme une préoccupation dominante en Allemagne et aux Pays-Bas, où plus de 40 % de la population la cite en priorité. Elle est au contraire très basse (moins de 15 %) dans l'esprit des électeurs en Suède, en Finlande ou en Roumanie. La France est dans une position intermédiaire : 29 % des personnes interrogées citent l'immigration comme l'un des deux « problèmes les plus importants auxquels doit faire face l'Union européenne actuellement ».

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« L'immigration est un sujet polarisant qui bénéficie aux partis de droite radicale dans de nombreux pays de l'UE », décrypte Alberto-Horst Neidhardt, du European Policy Centre à Bruxelles. Il a aussi été mis en avant par des partis de la droite classique : c'est particulièrement visible dans le programme présenté le mois dernier par le Parti populaire européen , qui regroupe des formations comme la CDU allemande ou les LR français .

« Mais l'importance des questions migratoires varie fortement d'un pays à l'autre, et aussi, au sein d'un même Etat, d'un groupe de population à un autre, poursuit l'expert. Le paysage politique européen est fragmenté à l'extrême et d'autres thèmes sont également au centre des débats pendant cette campagne. »

Même parmi les électeurs des droites radicales, la situation varie d'un Etat à l'autre, montre une étude récente du European Council on Foreign Relations (ECFR). Une forte majorité des sympathisants du RN en France, de l'AfD en Allemagne, du PVV aux Pays-Bas ou du PiS polonais placent l'immigration en tête de leurs inquiétudes. Mais ce n'est pas le cas pour les électeurs de Fratelli d'Italia, ni de Vox en Espagne ou de Chega au Portugal .

« L'immigration ne définira pas l'élection »

« Le sujet de l'immigration ne définira pas l'élection », estiment Ivan Krastev et Mark Leonard, les auteurs de l'étude. Leur rapport montre que l'économie, le Covid, le changement climatique et la guerre en Ukraine sont également au centre des préoccupations.

L'un des déterminants est la réalité des flux migratoires dans chaque pays. Ainsi l'Allemagne subit le contrecoup d'une politique d'accueil controversée lors de la crise syrienne de 2015. En Italie, les arrivées de migrants par la Méditerranée donnent régulièrement des coups de projecteur sur le sujet. « Pour d'autres comme la France ou les Pays-Bas, la question de l'immigration se confond avec une crise identitaire, certains partis faisant l'amalgame avec la place de l'islam », observe Thierry Chopin, de l'institut Jacques-Delors.

Enfin l'Europe centrale et orientale, peu concernée par les flux migratoires, constitue un cas à part. La question est constamment mise en avant par des partis comme le PiS polonais ou le Fidesz du hongrois Viktor Orban . « Pour ces formations, c'est une façon d'alimenter l'europhobie, elles accusent l'Union européenne de vouloir les forcer à accepter des migrants », reprend Thierry Chopin.

Les électeurs de ces pays sont en réalité tout aussi inquiets de l'émigration qui les touche depuis de nombreuses années, et qui fait baisser leur population. En Roumanie, en Hongrie, en Grèce , en Espagne et en Italie, les personnes interrogées pour l'étude de l'ECFR placent le problème de l'émigration devant l'immigration dans leurs préoccupations, ou à égalité.

Vincent Collen

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