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Le Brexit au point mort, après l'échec du dernier sommet

Le divorce «officiel» devrait être annoncé en mars 2019. [© Daniel LEAL-OLIVAS / AFP]

Les dirigeants de l’UE ont poursuivi, ce jeudi 18 octobre, leur sommet à Bruxelles sans la Première ministre britannique Theresa May, qui leur avait fait, la veille, ses dernières propositions sur le Brexit.

Alors que les négociations s’enlisent, le divorce de mars prochain pourrait être bien plus complexe que prévu. Les réunions s’enchaînent, mais les discussions patinent.  Rien d’assez convaincant pour fixer une prochaine rencontre en novembre, comme l’éventualité en avait été évoquée.

Si bien qu’à cinq mois de la date annoncée du divorce, fin mars 2019, les modalités ne sont pas encore déterminées. Et le risque d’un Brexit sans accord, aux contours totalement flous, se fait de plus en plus tangible.

L’impasse nord-irlandaise

Deux ans après le vote des Britanniques en faveur de la sortie de l’UE, Bruxelles et Londres sont parvenus à des compromis de principe sur le règlement financier du Brexit et sur les droits des citoyens expatriés. Mais ces avancées pourraient rester lettre morte, sans résolution du troisième point qui doit composer l’accord de sortie, celui des frontières, empoisonné par la question irlandaise.

Depuis des mois, les négociations achoppent sur ce sujet, qui pourrait sembler accessoire. La perspective de rétablir une frontière entre l’Irlande et l’Irlande du Nord soulève la crainte de raviver les tensions héritées de trois décennies de guerre civile. Mais sans frontière, un territoire britannique, l’Irlande du Nord, resterait dans l’union douanière. Or, l’idée de contrôles entre l’Irlande du Nord et le reste de la Grande-Bretagne est inadmissible pour Londres, cela revenant à couper le pays en deux.

Les parties n’ont donc plus que quelques mois pour résoudre cette équation, faute de quoi le Royaume-Uni sortira de l’UE sans accord. «La Commission publie des notes pour préparer les entreprises à cette éventualité depuis plus d’un an», indique Elvire Fabry, chercheuse à l’Institut Jacques Delors. Mais cette option «serait une catastrophe», avertit Olivier de France, directeur de recherche à l’Iris, évoquant pêle-mêle le transport aérien, le commerce de médicaments ou l’échange de données.

Un grand nombre de secteurs se trouveraient concernés, et devraient gérer au cas par cas leur sortie. En outre, «même si un accord est trouvé, il risquerait encore ne pas être validé par la Chambre des Communes», prévient Elvire Fabry, qui rappelle les divisions persistantes au sein de la classe politique britannique. Ainsi, dans le meilleur des cas, il faut s’attendre à une séparation incomplète.

Gagner du temps ou s’éterniser ?

Face à cette situation, «la question de l’Irlande pourrait être renvoyée à la période de transition», envisage Catherine Mathieu, économiste spécialiste du Royaume-Uni à l’OFCE. Le calendrier initial prévoyait que l’accord porte sur les droits des citoyens, le règlement financier et les frontières, et que la relation future soit négociée pendant la période de transition prévue jusqu’à fin 2020. Or, Theresa May a évoqué ce jeudi la possibilité d’allonger cette période.

De son côté, le négociateur de l’UE, Michel Barnier, a indiqué avoir «besoin de temps». Face à cette attente qui s’éternise, certaines voix réclament même un nouveau référendum. Même sans aller jusque-là, trop prolonger les négociations représente un risque, selon Olivier de France, qui rappelle qu’à Bruxelles comme à Londres, «on se lasse de voir le Brexit phagocyter tous les autres dossiers».

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