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Royaume-Uni Brexit

Royaume-Uni: à 100 jours du Brexit, le spectre du «No deal» se rapproche

Alors que le Royaume-Uni doit quitter l’Union européenne le 29 mars 2019, le pays est plus que jamais plongé dans l’incertitude. Aussi bien le gouvernement que les Européens se préparent à une sortie sans accord. La ministre britannique du Travail, Amber Rudd, a même déclaré ce vendredi 20 décembre qu'un nouveau référendum pourrait être la solution, contredisant ainsi la Première ministre Theresa May.

Des manifestants brandissent les drapeaux de l’Union européenne et du Royaume-Uni, en face du Parlement à Londres, lors d’une manifestation contre le Brexit le 17 décembre 2018.
Des manifestants brandissent les drapeaux de l’Union européenne et du Royaume-Uni, en face du Parlement à Londres, lors d’une manifestation contre le Brexit le 17 décembre 2018. REUTERS/Toby Melville
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Le Royaume-Uni doit quitter l’Union européenne le 29 mars 2019, à minuit heure française. Mais au fur et à mesure que la date se rapproche, l’incertitude grandit. Le 25 novembre dernier, un accord de sortie a été signé avec les 27 autres Etats membres, après 17 mois de difficiles négociations. Mais devant l’opposition des députés, la Première ministre Theresa May a reporté le vote du Parlement sur cet accord, initialement prévu le 11 décembre.

Si celui-ci est prévu dans la semaine du 14 janvier à Westminster, aussi bien le gouvernement que les Européens se préparent à unesortie sans accord.

Deux milliards pour préparer une sortie sans accord

Alors que le spectre d’un « No deal » se rapproche, le gouvernement britannique a annoncé le 18 décembre allouer deux milliards de livres (2,2 milliards d'euros) à 26 ministères et départements pour les préparatifs en vue d'un potentiel Brexit sans accord. Le ministre britannique de la Défense Gavin Williamson a précisé que 3 500 militaires se tiendraient « prêts » à intervenir pour soutenir les services gouvernementaux qui en exprimeraient le besoin.

Depuis plusieurs mois, le gouvernement a aussi diffusé des notes techniques évoquant, en cas de « No deal », une hausse des frais téléphoniques et bancaires, d'éventuelles pénuries de médicaments ou des perturbations dans les transports. La Banque d'Angleterre a de son côté mis en garde contre un effondrement de la livre et une montée en flèche du chômage.

L'Union européenne a également dévoilé le 19 décembre ses propres préparatifs. La Commission a adopté 14 mesures pour limiter les conséquences d’une rupture brutale, notamment dans les secteurs des services financiers, des transports aériens et des douanes.

« Theresa May n’est pas encore totalement dans l’impasse »

« C’est un moyen pour le gouvernement britannique et les Européens de faire pression sur les parlementaires britanniques qui sont encore réfractaires à l’accord qui a été conclu mi-novembre », analyse Aurélien Antoine, directeur de l'Observatoire du Brexit et professeur de droit à l'Université Jean-Monnet, à propos de ces préparatifs en cas de « No deal ».

Pour l'heure, les divisions règnent au sein de la classe politique britannique : l’opposition juge l'accord sur le Brexit trop dur; une centaine de frondeurs au Parti conservateur estime au contraire que le texte ne va pas assez loin ; enfin, plusieurs députés du parti unioniste irlandais ont annoncé qu’ils rejetteront cet accord.

« L’horloge tourne de plus en plus rapidement, mais Theresa May n’est pas totalement dans l'impasse », estime néanmoins Aurélien Antoine . Sa stratégie pourrait alors être : soit l’accord est voté, soit le pays est plongé dans le chaos. « Paradoxalement, ce qui est le plus petit dénominateur commun, c’est l’accord de May. Et c’est ce qu’elle va essayer de démontrer en janvier, à mon avis. »

L’hypothèse d’un nouveau référendum

Ce vendredi 20 décembre, la ministre britannique du Travail, Amber Rudd, a déclaré sur la chaine ITV qu’un nouveau référendum sur le Brexit pourrait constituer la solution pour débloquer la situation, contredisant ainsi Theresa May. « Je ne veux pas d'un vote populaire ou d'un référendum en général mais si le Parlement échoue totalement à atteindre un consensus, ce serait un argument plausible », a dit Amber Rudd.

Cette solution est notamment défendue par l’ancien Premier ministre britannique Tony Blair, et selon le Sunday Times, les propres alliés de Theresa May se prépareraient à la possibilité d’un nouveau vote des citoyens.

Une « zone grise »

En cas de « No deal », un nouveau référendum n’est donc pas à exclure selon Elvire Fabry, chercheur à l'institut Jacques Delors et spécialiste de l’Europe. Selon elle, il s’agit toutefois d’une « zone grise, à la fois juridique et politique ».

« L’enjeu serait alors de savoir quelle serait la question posée ? Est-ce que c’est "No deal ou remain" ? Auquel cas, l’on pourrait dégager une majorité claire. Ou c’est "No deal, remain ou withdrawal agreement [l'accord de retrait]", ce qui ne permettrait pas de dégager de majorité évidente. »

Si les négociations ne sont pas prolongées au-delà du 29 mars 2019, un éventuel nouveau référendum est cependant une chimère, selon Aurélien Antoine : « Au Royaume-Uni, le Parlement doit voter une loi qui va organiser le référendum. Un second référendum prendrait beaucoup de temps à organiser, entre 4 à 6 mois. » Jusqu'à présent, Theresa May a toujours refusé l'hypothèse d'un report du Brexit.

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