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Energie, budget, industrie : la France veut bâtir un front commun avec l'Espagne

Emmanuel Macron est en Espagne ce vendredi, au sommet qui réunit neuf Etats de l'Union européenne bordés par la Méditerranée. Paris espère consolider des positions communes avec Madrid et l'Europe du Sud sur l'énergie, l'évolution des règles budgétaires européennes ou encore la réponse au protectionnisme industriel des Etats-Unis.

Les relations entre Pedro Sanchez et Emmanuel Macron se sont réchauffés depuis l'abandon d'un projet de gazoduc qui devait passer par les Pyrénées, auquel Paris s'opposait.
Les relations entre Pedro Sanchez et Emmanuel Macron se sont réchauffés depuis l'abandon d'un projet de gazoduc qui devait passer par les Pyrénées, auquel Paris s'opposait. (Christophe Ena/POOL/AFP)

Par Vincent Collen, Cécile Thibaud

Publié le 9 déc. 2022 à 07:15Mis à jour le 9 déc. 2022 à 11:20

Renforcer les « convergences », consolider des « positions communes » avec les pays du sud de l'Europe. C'est l'objectif de l'Elysée ce vendredi. Emmanuel Macron est attendu à Alicante, en Espagne, pour un sommet des pays de l'Union bordés par la Méditerranée : Portugal, Espagne, France, Italie, Slovénie, Croatie, Grèce, Chypre et Malte.

Paris est en crise ouverte avec l'Italie de Giorgia Meloni sur les questions migratoires , depuis le débarquement du navire « Ocean Viking » à Toulon. Mais avec Madrid et Lisbonne, les relations se sont réchauffées. Les positions sont proches sur plusieurs dossiers clés en négociation à Bruxelles, qui reviendront sur la table du sommet des chefs d'Etat et de gouvernement les 15 et 16 décembre prochains.

Le gazoduc de la réconciliation

C'est le cas singulièrement de l'énergie. Emmanuel Macron, le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez et son homologue portugais, Antonio Costa, doivent lancer officiellement à Alicante leur projet de gazoduc sous-marin entre Barcelone et Marseille.

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Ce projet franco-ibérique, malgré le flou qui l'entoure encore, a permis de réconcilier Paris et Madrid. Les deux capitales étaient fâchées depuis des mois au sujet d'un projet précédent passant par les Pyrénées. La France y était hostile.

Posé au fond de la Méditerranée, le pipeline transportera de l'hydrogène , et non du gaz comme le prévoyait le projet abandonné . Ce qui ouvre la voie à des financements européens, explique-t-on à l'Elysée. « C'est un enjeu européen et la présence à Alicante de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, en est la démonstration », dit-on à Madrid.

Front commun sur les règles budgétaires

Ce rapprochement est d'autant plus intéressant pour Emmanuel Macron que Paris et Madrid défendent des positions proches pour les questions énergétiques, sur lesquelles les Vingt-Sept se déchirent à Bruxelles depuis la fin de l'été. « La France et l'Espagne sont alignées par exemple pour demander un plafond plus strict sur le prix du gaz, contrairement à l'Allemagne », observe Eulalia Rubio, de l'Institut Jacques Delors. « Les neuf pays autour de la table à Alicante convergent sur l'idée que la proposition de plafond présentée par la Commission est insuffisante », estime-t-on dans l'entourage de Pedro Sanchez.

Convaincre l'Allemagne

Paris espère aussi bâtir un large front des pays du Sud sur un projet de réforme controversé, l'assouplissement des règles budgétaires européennes . « Une position forte » de ce groupe d'Etats est possible, espère-t-on à l'Elysée. A Madrid, on juge aussi que la proposition présentée par la Commission est « une bonne base de débat ». « La plupart des pays du Sud sont d'accord sur ce point, et Madrid a même signé un document commun avec les Pays-Bas, ce qui élargit le cercle. Mais le plus dur reste à faire : convaincre l'Allemagne », reprend Eulalia Rubio.

Le dernier sujet sur lequel Paris tente de trouver des alliés sur les rives de la Méditerranée, c'est la réponse à l'« Inflation Reduction Act » de Joe Biden . Cette loi autorisera des subventions massives à l'industrie américaine, au risque de pénaliser l'Europe. La France défend un « Buy European Act » pour favoriser l'industrie du Vieux Continent, mais peine à convaincre les autres Etats membres. Elle veut aussi revoir les règles des aides d'Etat, et que les procédures soient accélérées pour les subventions des « projets importants d'intérêt européen commun ». L'Elysée espère que les Vingt-Sept pourront passer « un message assez fort, en Européens » lors du conseil de la semaine prochaine à Bruxelles.

Vincent Collen (Correspondante à Madrid)

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