Les candidats à la présidentielle française devront prendre en compte deux aspects importants pour renforcer l'économie et la cohésion sociale de l'Europe. Le premier concerne le plan de relance européen. Grâce aux ressources financières mises en place, le PIB de plusieurs pays (y compris la France) est déjà proche du niveau d'avant-Covid. Toutefois, aboutir à une Europe plus prospère et à une transition verte et numérique inclusive demande un effort supplémentaire.
Des plans de relance nationaux sans liens entre eux
Le plan de relance doit être renouvelé dans une "version 2.0" plus forte et réellement européenne. Aujourd'hui, nous nous retrouvons avec 27 petits plans nationaux, qui n'ont pas de liens entre eux. Cette approche nous a permis d'affronter très rapidement la période d'urgence, mais il est temps d'articuler une dimension transfrontalière à l'échelle européenne, afin de lancer un plan d'investissement commun, capable d'unir les 27 Etats membres autour d'objectifs et de projets partagés. Après avoir obtenu une dette commune et un plan de relance, il faut maintenant un plan commun pour le développement durable et social.
En finir avec les règles du passé
La seconde mesure à prendre concerne les règles permettant d'encourager ces investissements. Depuis le début de la pandémie, l'Europe a suspendu le pacte de stabilité - c'est-à-dire l'ensemble des règles imposant que le déficit public d'un Etat ne dépasse pas les 3 % du PIB, tandis que sa dette doit rester en deçà du seuil de 60 % du PIB. Cette décision a permis aux pays et aux entreprises d'investir davantage, mais sur ce sujet-là aussi, l'Europe doit faire un pas en avant. Car la pandémie a changé le scénario économique : un retour aux règles du passé, pour ce qui concerne la dette, étoufferait l'Europe et ses Etats membres, qui n'auraient alors plus d'outils pour défendre leurs citoyens et leurs entreprises.
Le pacte de stabilité doit donc être réformé et transformé dans un pacte de soutenabilité, qui autorise tout investissement public nécessaire à protéger l'économie, l'environnement et les droits sociaux (y compris le droit à l'instruction et à la formation professionnelle). Car, comme le rappelle l'ancien président de la Commission européenne Jacques Delors : "Si l'élaboration des politiques européennes compromet la cohésion et sacrifie des normes sociales, le projet européen n'a aucune chance de recueillir le soutien des citoyens européens."
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