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"Si Emmanuel Macron n'avait pas été élu, l'Europe aurait pu disparaître"

Enrico Letta. [Anadolu Agency/AFP - Tolga Akmen]
L'invité de la rédaction - Enrico Letta, ancien président du conseil italien / L'invité de la rédaction / 20 min. / le 16 juin 2017
Si les Français n'avaient pas élu Emmanuel Macron, l'Union européenne aurait pu disparaître, a estimé vendredi sur la RTS l'ex-Premier ministre italien Enrico Letta. Donald Trump et le Brexit ont été décisifs, selon lui.

L'élection de Marine Le Pen à la présidence française aurait mené l'intégration européenne à sa fin, a répété Enrico Letta dans le Journal du matin.

Selon celui qui est désormais doyen à Sciences Po Paris, l'Union européenne a toujours besoin de menaces extérieures pour faire comprendre à quelle point elle est importante. L'élection de Donald Trump aux Etats-Unis en novembre dernier et le oui au Brexit en juin 2016 au Royaume-Uni ont ainsi forcé les Français à se demander: peut-on se permettre aujourd'hui d'être divisés?

Pour l'ancien président du Conseil italien, le débat du second tour de la présidentielle française a joué un rôle fondamental pour faire barrage à la vague populiste en Europe. Les propositions du Front national consistaient à "casser ce qui existe déjà", mais sans projet alternatif. Le passage d'un slogan de 20 secondes à une discussion de 2 heures a ainsi été fatal à Marine Le Pen, analyse Enrico Letta.

Vers un Erasmus pour ados obligatoire?

La situation politique actuelle constitue une grande opportunité pour l'UE, juge l'ex-Premier ministre italien. La France et l'Allemagne peuvent désormais parier sur une relance de l'Europe. "La prédominance allemande ne faisait pas du bien à l'Europe", ajoute-t-il. "Une union de minorités comme l'UE ne peut pas accepter qu'il y ait un Etat qui commande pour les autres."

L'élection d'Emmanuel Macron représente "une bonne nouvelle pour l'Europe", mais les problèmes sont toujours là, précise Enrico Letta. Au-delà du besoin de croissance et d'intégration en matière de sécurité et de défense, il est nécessaire selon lui que l'UE fasse "quelque chose pour le citoyen".

Par exemple, les institutions européennes pourraient financer et mettre en place un Erasmus obligatoire pour les jeunes de 15-16 ans à travers l'Union. L'UE ne serait alors plus un "instrument froid pour privilégiés" aux yeux des citoyens, avance-t-il, mais une opportunité unique de découvrir une autre langue et une nouvelle culture.

tmun

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