Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

Enrico Letta sur l’économie de l’Europe : « C’est le décrochage du décrochage, on ne peut plus attendre »

Dans son rapport sur le marché intérieur européen, présenté jeudi, l’ex-premier ministre italien propose d’utiliser l’épargne européenne pour financer les transitions verte et numérique, ou de mutualiser 10 % des aides d’Etat. Il détaille ses idées dans un entretien au « Monde ».

Propos recueillis par  (Bruxelles, bureau européen)

Publié le 18 avril 2024 à 06h56, modifié le 18 avril 2024 à 08h32

Temps de Lecture 5 min.

Read in English

Article réservé aux abonnés

L’ancien premier ministre italien Enrico Letta, à Bruxelles, le 17 avril 2024.

L’ancien premier ministre italien Enrico Letta doit présenter, jeudi 18 avril au matin, son rapport sur le marché intérieur aux Vingt-Sept, réunis à Bruxelles. Pendant huit mois, il a sillonné l’Union européenne (UE), rencontré tous les chefs d’Etat et de gouvernement européens ainsi que des représentants des entreprises, de la société civile ou des intellectuels.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés L’économie de la zone euro décroche face aux Etats-Unis

Le « marché intérieur » de Jacques Delors, à qui vous dédiez ce rapport, est-il à la hauteur des attentes ?

Une minorité d’entreprises et de citoyens en Europe – la plus cosmopolite, la plus éduquée – bénéficie des avantages du marché intérieur, alors qu’aux Etats-Unis ou en Chine les acteurs économiques investissent l’intégralité de leur marché. Prenez nos PME : seules 17 % d’entre elles en profitent. Et on ne compte que 3 millions d’Européens qui travaillent, au sein de l’Union, dans un autre pays que le leur. Cette faiblesse a des répercussions sur la croissance et explique une partie du décrochage de l’UE face aux Etats-Unis et à la Chine.

Les Européens n’investissent donc pas assez ce grand marché ?

Ils ne profitent que très peu des effets d’échelle que leur offre le marché intérieur. Dans trois secteurs en particulier (l’énergie, les télécoms et les marchés financiers), le marché intérieur n’existe pas. Quand Jacques Delors a créé celui-ci, il y a bientôt quarante ans, les Etats membres ont souhaité qu’ils en soient exclus. Aujourd’hui, on rate le train dans ces domaines à cause de la fragmentation du marché.

C’est-à-dire ?

Je vais vous donner un exemple. Un opérateur télécom chinois aujourd’hui a, en moyenne, 467 millions de clients, un américain en compte 107 millions et un européen…, 5 millions ! On dénombre en Europe plus de 100 opérateurs télécom, on a divisé le marché en vingt-sept, c’est un désastre industriel.

Comment remédier à cet état de fait ?

Le marché intérieur est très XXsiècle. Quand il a été conçu, les grands pays européens étaient les grands pays du monde. Pour continuer sur l’exemple des télécoms, dans les années 1980 et 1990, les Européens étaient à la pointe de l’innovation. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas. C’est pour cela, je pense, qu’il nous faut créer une cinquième liberté pour la recherche, l’innovation et les compétences, aux côtés des quatre libertés de circulation des biens, des services, des capitaux et des personnes du marché intérieur.

Qui plus est, les règles en matière de concurrence dans ces secteurs stratégiques que sont les télécoms, l’énergie et les marchés financiers doivent évoluer : l’antitrust européen ne doit plus se prononcer en fonction de l’état de la concurrence dans un seul pays de l’UE, mais à l’échelle du continent.

Il vous reste 67.64% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.