Européennes : face à l’extrême droite donnée favorite, le camp Macron plaide pour un « sursaut » pro-UE et pour l’Ukraine

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La majorité présidentielle a lancé samedi à Lille (nord) sa campagne autour de sa candidate, trentenaire inconnue du grand public, l'eurodéputée Valérie Hayer, 37 ans, présidente du groupe Renew (Renaissance) au Parlement européen. [EPA/RONALD WITTEK]

À trois mois d’élections européennes cruciales pour la majorité présidentielle en France, le camp d’Emmanuel Macron entre dans l’arène pour tenter de contrer une extrême droite donnée favorite, en mettant en avant l’européanisme volontariste du président français et fustigeant le positionnement de l’extrême droite dans le conflit en Ukraine.

Ce scrutin est capital pour la liste du camp du président français et de ses trois partis Renaissance, Horizons et MoDem, actuellement largement distancée dans les intentions de vote par celle du président du Rassemblement national (RN, extrême droite) Jordan Bardella, 28 ans.

« Les élections européennes sont doublement importantes: ce seront les élections de mi-mandat avant la présidentielle de 2027 et les sondages anticipent un écart très important entre Renaissance et le RN », relève auprès de l’AFP Thierry Chopin, conseiller spécial du think tank européen Institut Jacques Delors.

Selon un sondage Elabe pour BFMTV et La Tribune dimanche (10 mars), Jordan Bardella (29,5%) fait la course en tête avec 12,5 points d’avance sur sa concurrente macroniste Valérie Hayer (17%) qui reste stable, devant trois listes de gauche : écologiste (9.5%), Parti socialiste (8.5%) et LFI (gauche radicale) (7.5%), au coude-à-coude avec la droite LR (7%).

« Si l’écart annoncé devait se vérifier, cela serait une véritable défaite pour le camp présidentiel, d’autant plus après sept ans de pouvoir où la question européenne a été placée au cœur de l’ADN politique du mouvement Renaissance et de l’agenda même du président de la République », juge M. Chopin.

La majorité présidentielle a lancé samedi à Lille (nord) sa campagne autour de sa candidate, trentenaire inconnue du grand public, l’eurodéputée Valérie Hayer, 37 ans, présidente du groupe Renew (Renaissance) au Parlement européen.

« L’engagement européen est au cœur de notre projet. Depuis 2017, notre bilan parle pour nous, aucun autre mouvement n’avait fait autant en si peu de temps », a-t-elle affirmé dans un récent entretien au Figaro.

À l’approche des élections, M. Macron a aussi confirmé vendredi sa volonté d’inscrire la « liberté de recourir » à l’avortement dans la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne. La France est devenue lundi le premier pays à inscrire explicitement dans sa Constitution l’interruption volontaire de grossesse (IVG).

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« Difficilement audible »

Le politologue Bruno Cautrès, chercheur au CNRS, voit « beaucoup de continuité, dans la colonne vertébrale fondamentale d’Emmanuel Macron, qui a toujours eu cette vision européenne […], que la démocratie était menacée par ce qu’il a appelé des nationalistes belliqueux, qui a toujours voulu conduire les Français à une prise de conscience supérieure du fait que notre destin était européen ».

Côté RN, Jordan Bardella a axé son discours sur l’immigration pour attaquer Emmanuel Macron. « Ce que nos dirigeants et l’Union européenne ont provoqué main dans la main, c’est le grand effacement de la France », a-t-il fustigé début mars en lançant sa campagne.

La Macronie semble de son côté vouloir faire du RN son adversaire quasi-exclusif lors de sa campagne et tire à boulets rouges contre le parti d’extrême droite, régulièrement accusé de complaisance vis-à-vis de la Russie.

M. Macron a musclé son discours ces dernières semaines face à Moscou, et affirmé qu’il ne fallait poser « aucune limite » dans le soutien de la France à l’Ukraine, après avoir évoqué l’hypothèse d’un envoi de soldats dans ce pays.

« Nous avons besoin d’un sursaut » pour les élections européennes, a lancé samedi Mme Hayer. « Il y aura d’un côté ceux qui croient en l’Europe et de l’autre ceux qui n’y croient pas […] Dans trois mois, nous aurons le choix : agir ou subir, renforcer notre Europe ou abdiquer face à ceux qui veulent l’abattre, lutter ou renoncer face à ceux qui veulent nous intimider ».

Thierry Chopin regrette pour sa part « l’absence de message politique clair qui ne soit pas uniquement en réaction avec le RN » au sein du camp présidentiel. « Le message politique qui impose les termes du débat électoral au niveau européen et aussi en France est celui porté par les droites conservatrices, radicales et extrêmes […] autour de trois éléments clefs: immigration, contestation des politiques climatiques sur fond de crise agricole, et dimension identitaire ».

Or, « à force de commenter par anticipation la victoire des droites conservatrices et radicales et extrêmes à l’issue du scrutin, et à force d’être en réaction vis-à-vis de ce discours, cela a pour effet autoréalisateur de concentrer la campagne sur leurs thèmes de prédilection », estime-t-il.

Pour cet expert, « il y a un moyen de bâtir un narratif et un projet politique qui me semblent plus positifs […] : soit les Européens trouvent des solutions communes vis-à-vis des transformations mondiales actuelles et à venir — politique agressive de la Russie, constitution de blocs autour de la Chine et les États-Unis, changement climatique —, soit les Européens restent passifs et cette inaction les met en danger, ce qui ne paraît pas acceptable pour les citoyens ».

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