Face à la Chine, l'UE cherche comment parler d'une seule voix

Compliquée mais indispensable, la relation de l'Union européenne avec la Chine est au coeur de la réunion vendredi à Stockholm des ministres des Affaires étrangères des 27 qui tenteront de trouver une approche commune face au géant asiatique.

La Chine a peu apprécié le nouveau paquet de sanctions soumis par la Commission européenne contre la Russie.
Compliquée mais indispensable, la relation de l'Union européenne avec la Chine est au coeur de la réunion vendredi à Stockholm des ministres des Affaires étrangères des 27 qui tenteront de trouver une approche commune face au géant asiatique. ©Copyright (c) 2022 Andy.LIU/Shutterstock. No use without permission.

Mardi, devant le Parlement européen, le chancelier allemand Olaf Scholz a souligné combien la relation avec Pékin s'était durcie, avec "plus de rivalité et plus de concurrence de la part de la Chine".

Le rendez-vous dans la capitale suédoise doit permettre de "mettre un terme à la cacophonie" et d'exprimer la position de l'UE vis-à-vis de Pékin à la manière d'un "choeur", soutient le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell.

Les Européens peuvent-ils se fâcher avec Pékin? "Non et ils ne sont pas sur cette voie", soutient Elvire Fabry, spécialiste de la Chine pour l'Institut Jacques Delors. "Il y a une volonté d'éviter la confrontation avec la Chine, même si les contentieux se multiplient", explique-t-elle à l'AFP.

Le plus vif est celui lié à l'ambiguïté de la position chinoise sur l'invasion de l'Ukraine par la Russie. Pékin n'a pas condamné Moscou et certaines de ses entreprises aident la Russie en contournant les sanctions européennes.

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L'UE a décidé de sévir. La Commissions européenne a proposé aux 27 de restreindre les possibilités d'exportations pour huit sociétés chinoises accusées de réexporter vers la Russie des biens avec des composants électroniques et des technologies sensibles comme des semi-conducteurs et des circuits intégrés.

Pékin "répliquera" si ces mesures sont adoptées, a averti à Berlin le ministre chinois des Affaires étrangères Qin Gang, en visite en Europe.

Ses entretiens ont été difficiles avec son homologue Annalena Baerbock, qui a critiqué la neutralité revendiquée de Pékin. "Elle revient à se mettre du côté de l'agresseur", a-t-elle soutenu.

La France a cherché a apaiser la tension. Catherine Colonna, qui a accueilli mercredi soir son homologue chinois, a insisté sur "l'importance du rôle que la Chine peut jouer pour la paix et la stabilité mondiales".

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Cesser la cacophonie européenne

Il y a "urgence", rappelle Elvire Fabry. "La publication de la stratégie de sécurité économique annoncée par la Commission européenne pour le 21 juin, juste avant le sommet européen, permettra de passer au volet économique du débat sur la Chine", explique-t-elle.

"Elle doit permettre de regarder les dépendances excessives des Etats membres vis-à-vis de la Chine, de mettre en oeuvre les instruments de défense commerciale, notamment le contrôle des investissements étrangers", précise-t-elle.

Le marché chinois se restreint pour les automobiles allemandes et les fabricants chinois ont pris une longueur d'avance sur les véhicules électriques à l'export, souligne-t-elle.

La relation avec les pays de la zone Asie-Pacifique et les nouveaux partenariats en négociation s'inscrivent dans cette logique.

La réunion samedi entre les ministres de l'UE et leurs homologues de la région portera sur le volet sécuritaire, avec les tensions dans le détroit de Taïwan, "mais elle va surtout permettre de discuter de la manière de construire des partenariats", a expliqué un haut responsable européen.

"Il n'est pas question de chercher un alignement entre les participants face à la Russie au cours de cette réunion et il faut maintenir le statu quo entre la Chine et Taïwan pour éviter une escalade", a-t-il précisé.

"Il n'y aura pas de négociations, pas de conclusions, pas de déclaration commune", a-t-il ajouté.

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