En un week-end, l'Union européenne (UE) a changé comme jamais, brisant ses tabous les uns après les autres. Ensemble, les Européens vont financer la livraison d'armes à l'Ukraine. Ensemble, ils ont gelé les avoirs de Vladimir Poutine et de Sergueï Lavrov, limité le champ d'action de la Banque centrale russe, bloqué partiellement la messagerie interbancaire Swift.
Il faut saluer les choix courageux faits à Berlin, où la nouvelle coalition a renoncé, en quelques heures, à plusieurs fondamentaux : après avoir débranché le gazoduc Nord Stream 2, l'Allemagne va exporter de l'armement létal dans une zone de conflit et faire exploser son budget de défense.
Certes, le Covid est passé par là, qui a permis aux Vingt-Sept de développer de nouveaux réflexes communs. Mais l'Europe s'est surtout montrée créative quand son précieux marché intérieur se trouvait en danger, comme le pointe l'historienne Nicole Gnesotto, spécialiste des questions internationales, dans L'Europe : changer ou périr (Tallandier, 2022). Cette fois, l'UE entame une véritable mue géopolitique et militaire.
Deux interrogations pour la suite. L'unité des Vingt-Sept tiendra-t-elle face à une menace russe toujours plus forte et des livraisons de gaz compromises ? Et, à plus long terme, que deviendra la construction européenne ? "La crise va nous changer collectivement sur le continent, l'Europe doit s'organiser autrement", estime déjà un diplomate, au coeur du réacteur.
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