Tribune. Dans la guerre commerciale engagée par Donald Trump, les Européens ont une marge de manœuvre étroite. Depuis deux ans, ils avancent sur une ligne de crête entre Washington et Pékin. Le président américain fait de la réduction de son déficit commercial une affaire de sécurité nationale et se désengage des règles multilatérales. De son côté, la Chine, que Bruxelles qualifie désormais de « rival systémique », pratique des distorsions de concurrence en utilisant les trous de la raquette de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) pour subventionner, massivement s’il le faut, ses entreprises d’Etat. Pour l’Union européenne, il s’agit de contenir les assauts protectionnistes de Washington, mais plus encore d’empêcher un retour au Far West du commerce international.
L’Europe, première puissance commerciale mondiale, peut encore peser pour préserver la charpente des règles du commerce international et défendre une mondialisation à l’européenne avec davantage de régulation, au moment où l’on a le plus besoin de ce multilatéralisme pour gérer les nouveaux grands défis mondiaux (changement climatique, encadrement du numérique).
La Commission européenne a été ferme et rapide dans sa riposte aux offensives tarifaires américaines, évitant une surenchère protectionniste. Si, après l’acier et l’aluminium, Washington s’en prend aux importations de voitures, les Européens ont déjà préparé une nouvelle contre-mesure portant sur 35 milliards d’euros d’importations de biens américains et qui reste conforme aux règles de l’OMC. Ils sont prêts à engager une négociation bilatérale sur le secteur industriel, sans céder sur l’ouverture du marché agricole, que réclame Washington. Mais ces initiatives risquent de ne pas suffire pour éviter une crise ouverte du multilatéralisme.
Un affrontement durable
La réponse de Pékin à la surenchère de Washington confirme sa capacité de résilience et annonce un affrontement durable. Le pas qui vient d’être franchi dans l’escalade américaine est un seuil. Jusqu’ici, les taxes sur les importations chinoises concernaient essentiellement les produits intermédiaires ou les pièces détachées. Le surcoût pouvait être absorbé par les entreprises sans être reporté sur le consommateur. Mais désormais, c’est l’ensemble des importations chinoises aux Etats-Unis qui est frappé à hauteur de près de 25 %, contre 3 % il y a deux ans. Avec un impact direct sur la consommation (vêtements, jouets…).
« Le ton vient d’être donné par la nouvelle présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen : il faut doter l’UE d’un arsenal d’instruments plus offensifs »
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