Guerre en Ukraine : après le retrait des troupes russes, Kherson savoure sa libération
La ville maintenant reprise aux Russes, Kiev entend poursuivre la guerre malgré des appels à des négociations de paix.
Une joie, pure et simple. Samedi, les scènes de liesse à Kherson, libéré depuis vendredi des forces russes qui se sont repliées de l’autre côté du fleuve Dniepr, ont continué d’abreuver les réseaux sociaux. Après huit mois passés sous domination russe, les habitants de la ville du Sud ukrainien ont fêté à sa juste mesure cette libération, saluée comme « un jour historique » par leur président Volodymyr Zelensky.
Ce nouveau retrait – le troisième après celui des régions de Kiev en mars et de Kharkiv à la fin de l’été – constitue surtout une défaite cuisante pour Vladimir Poutine. Kherson était la seule ville d’importance conquise par les Russes depuis le 24 février. Elle est aussi la capitale de l’un des quatre oblasts annexés en octobre après l’organisation de pseudo-référendums.
L'armée ukrainienne en position de force
Sur le plan stratégique, Moscou perd aussi une tête de pont importante, qui était censée lui ouvrir la voie vers les régions de Mykolaïv et d’Odessa. C’est désormais Kiev qui est en position de force. On imagine mal, cependant, l’armée ukrainienne poursuivre la contre-offensive vers le sud et la Crimée. Une avancée terrestre nécessiterait de très risquées opérations amphibies, puisque la majorité des ponts enjambant le Dniepr ont été détruits par les Russes. Une poussée à l’est vers l’oblast voisin de Zaporijjia serait plus envisageable.
"Les deux belligérants sont usés – comme deux boxeurs sur un ring avant de s’effondrer
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Mais Kiev, comme Moscou, doit d’abord reconstituer et réorganiser ses forces, épuisées par des mois de combat. « Le niveau de consommation de matériel et de munitions dans cette guerre de haute intensité est inédit depuis 1945, confirme une source militaire européenne de haut rang. Les deux belligérants sont usés – comme deux boxeurs sur un ring avant de s’effondrer –, ce qui pourrait geler le front. » Dans une note récente, le think tank britannique Royal United Services Institute affirme que l’hiver pourrait annoncer une pause dans la guerre.
D’aucuns y voient une occasion d’ouvrir des pourparlers de paix. Vendredi à Paris, plusieurs dirigeants de pays du Sud ont plaidé devant Emmanuel Macron pour cette solution négociée. Ils ne sont pas les seuls à en parler. Depuis plusieurs semaines, cette petite musique est entretenue dans certaines capitales occidentales, à commencer par Paris.
"L’Occident arrivera à un moment à la limite de l’aide militaire pour l’Ukraine, y compris aux États-Unis
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Elle a aussi gagné Washington. En début de semaine, plusieurs fuites dans la presse américaine allaient dans ce sens. Et mercredi, le chef d’état-major des armées, le général Milley, estimait qu’il existait « une fenêtre d’opportunité pour la négociation ». « L’Occident arrivera à un moment à la limite de l’aide militaire pour l’Ukraine, y compris aux États-Unis », justifie notre source militaire européenne.
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Ces derniers jours, le Kremlin a semblé ouvrir la porte au dialogue. Mais selon Cyrille Bret, chercheur à l’Institut Jacques-Delors, ce ne serait qu’un leurre. « La Russie n’a en rien rempli son objectif, qui reste d’affaiblir durablement l’Ukraine. Tant qu’il n’est pas atteint, tout pourparler serait factice.
Quant à Volodymyr Zelensky, il répète que des négociations de paix ne pourront se tenir que lorsque le dernier soldat russe aura quitté le territoire ukrainien. « Tout autre discours serait inaudible à Kiev », poursuit Cyrille Bret. Hier, se félicitant de la reprise de Kherson, le ministre des Affaires étrangères, Dmytro Kuleba, a d’ailleurs été on ne peut plus clair : « La guerre continue. »
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