Guerre en Ukraine : les limites du "en même temps"

Le président français Emmanuel Macron participe à une visioconférence élargie avec le groupe Quint sur la guerre en Ukraine, le 19 avril 2022 ©AFP - Ludovic MARIN
Le président français Emmanuel Macron participe à une visioconférence élargie avec le groupe Quint sur la guerre en Ukraine, le 19 avril 2022 ©AFP - Ludovic MARIN
Le président français Emmanuel Macron participe à une visioconférence élargie avec le groupe Quint sur la guerre en Ukraine, le 19 avril 2022 ©AFP - Ludovic MARIN
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Après une première partie en Colombie où Gustavo Petro, candidat de gauche à l'élection présidentielle, a créé la surprise en se qualifiant au second tour, direction Kiev où les appels d'Emmanuel Macron à ne pas humilier la Russie ont suscité l'ire du pouvoir ukrainien.

Avec
  • Nicole Gnesotto Vice-présidente de l’Institut Jacques Delors, professeur émérite au Conservatoire national des arts et métiers
  • Laurence Badel Professeur d'histoire des relations internationales à l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, spécialiste de l'histoire des pratiques diplomatiques contemporaines et des diplomaties économiques.

Première partie : retour de Colombie

Le candidat Gustavo Petro à Bogota le 29 mai 2022
Le candidat Gustavo Petro à Bogota le 29 mai 2022
© AFP - YURI CORTEZ

Le 29 mai 2022, le représentant de la gauche Gustavo Petro, ex-maire de Bogota et ancien guérillero du M-19 remportait le premier tour de l'élection présidentielle colombienne avec 40% des voix. Une surprise pour le pays gouverné par la droite dans l’héritage d’Alvaro Uribe depuis 2002. Il fera face au second tour, se tenant le 19 juin, à Rodolfo Hernandez de la « ligue des gouvernants anti-corruption », appuyé par le candidat du pouvoir sortant, Federico Gutiérez. Sans réserve électorale, Gustavo Petro peut-il remporter l’élection présidentielle ? Peut-on parler de renouveau de la gauche colombienne ? Quelle place pour les accords de paix dans le programme de l’ex-guérillero ? Quid de l’influence croissante de la Chine dans le pays et du fiasco du Sommet des Amériques organisé par les Etats-Unis d’Amérique du 6 au 10 juin ?

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Avec Gilles Biassette, journaliste à La Croix en charge du continent américain.

"Pour la première fois, la gauche est favorite d’un scrutin en Colombie. Cela suscite de l’inquiétude à droite mais aussi à gauche où beaucoup redoute de la violence. Il faut savoir que Gustavo Petro est protégé, à chacun de ses discours, par des boucliers. On vit une élection historique mais sur laquelle pèse un climat d’inquiétude" explique Gilles Biasette.

Table ronde d'actualité internationale

Le président français l’a répété à plusieurs reprises au cours du mois de juin : « il ne faut pas humilier la Russie ». Des propos qui n’ont pas plu aux autorités ukrainiennes. « Les appels à éviter d’humilier la Russie ne peuvent qu’humilier la France […] Nous ferions tous mieux de nous concentrer sur la façon de remettre la Russie à sa place » a immédiatement répliqué le chef de la diplomatie ukrainienne Dmytro Koulebe. Mais des propos qui ont également choqué les partenaires européens, notamment en Europe centrale et dans les pays baltes. Si Emmanuel Macron a rappelé que la France soutenait Kiev, il n’a toujours pas souhaité faire de déplacement sur place, ménageant son homologue russe avec qui il cherche à maintenir le contact afin de permettre à la France de se placer, en temps voulu, en puissance médiatrice.

Mais cette position est-elle tenable ? Peut-on soutenir l’Ukraine tout en voulant éviter la défaite de la Russie ? Peut-on gagner une guerre sans humilier le perdant ?

Florian Delorme reçoit Nicole Gnesotto, vice-présidente de l'Institut Jacques Delors et Laurence Badel, professeur des relations internationales à l’Université Paris 1 Panthéon Sorbonne.

"Il n’a jamais été question de ménager Poutine. Emmanuel Macron ne joue pas la simultanéité de deux stratégies entre un soutien à Kiev, et à la Russie, mais il est dans la séquence : on est dans la guerre, mais il faut ménager l'avenir et ne fermer aucune porte à la négociation. Il est le seul dirigeant européen à jouer la realpolitik et non pas l’émotionnel" observe Nicole Gnesotto.

"Je me méfie des analogies historiques établies de manière hâtive. La situation que nous vivons aujourd’hui n’est pas comparable à celle de la fin de la Première Guerre mondiale : la Russie n’est pas défaite, la guerre est toujours en cours et dès lors il faut mesurer le choix des mots que l’on emploie" analyse Laurence Badel.

Pour aller plus loin :

- Nicole Gnesotto, Europe, changer ou périr ?, 2022, éd. Tallandier

- Laurence Badel, Diplomaties européennes. XIXe - XXIe siècle, Paris, Les Presses de Sciences Po, 2021.

Le dessin de la semaine

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Références musicales & sonores

  • « Anhelos » (souhaits, aspirations) du groupe colombien Acid Coco (Autoproduit)
  • Emmanuel Macron lors d’une conférence de presse au Parlement européen le 9 mai dernier affirmait qu’il ne fallait pas « humilier » la Russie (Euronews, 09 mai 2022)

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